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Un nouvel enchantement sous des airs de déjà vu

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Vingt-six ans après sa sortie sur Game Boy, Link's Awakening fait son retour sur Nintendo Switch. Très attendu par les fans, ce remake à la direction artistique audacieuse tient-il toutes ses promesses?

Retour aux sources

La légende de Zelda traverse les âges et les générations. Après un Breath of the Wild qui a fait l'unanimité en faisant fi d'une partie de l'héritage de la licence, Nintendo revient aux sources avec ce remake d'un épisode Game Boy qui fait honneur à la formule consacrée par la saga. Pour les béotiens, Link's Awakening débute quand Link échoue sur une île mystérieuse. A son arrivée, notre héros apprend que s'il désire quitter l'île, il doit réveiller le poisson rêve. Pour arriver à ses fins, il devra collecter huit instruments de musique à travers les différents donjons de l'île.

Et Cocolint prit une nouvelle dimension

Le remake reprend exactement la construction de l'épisode original au détail près. Chaque buisson, chaque caillou retrouve sa juste place, tout comme les PNJ, les boss et les ennemis. Seule différence plus que notable: les pixels des années 90 laissent place à une direction artistique inspirée des diorama, ces petites maquettes en relief qui reconstituent en général des décors de la vie réelle. Ce choix atypique donne une toute nouvelle dimension à la légende de Zelda. Jamais un Zelda 2D n'aura paru aussi chatoyant et lumineux. La brume de la forêt enchantée vous entoure, les prairies s'animent au gré des rondes des monstres qui les peuplent et les cimes désertiques donnent le vertige aux imprudents aventuriers qui les arpentent. L'île de Cocolint jouit d'une seconde vie inédite et une vraie poésie s'émane de ses nouveaux paysages aussi naïfs qu'attachants. La réorchestration soignée des musiques originales, déjà de grande qualité, contribue à l'immersion dans cette île au charme qui ne devrait pas laisser les joueurs indifférents, nostalgiques comme néophytes.

Pour autant, le tableau n'est pas tout à fait parfait. Dans les donjons, dont le level design et l'apparence sont intrinsèquement liés aux contraintes techniques de la Game Boy, ce nouveau design ne fonctionne pas aussi bien. Hors donjons, votre exploration pourra aussi être perturbée par un flou quelque peu disgracieux dès lors que que vous vous éloignez d'une zone. Rien qui ne devrait gêner outre mesure votre aventure.

zelda brume le brouillard, les arbres et les personnages prennent un relief inédit

Un gameplay daté et peu de nouveautés

Côté gameplay, Nintendo a un peu tenté d'innover en adaptant les contrôles rudimentaires de la Game Boy à ceux de la Nintendo Switch. Grâce aux gâchettes, plus besoin d'équiper ou déséquiper son bouclier et certains pouvoirs spéciaux peuvent également être déclenchés sur simple pression d'un bouton. Malheureusement vous devrez toujours passer par le menu pour attribuer vos objets secondaires aux boutons X ou Y, une mécanique qui aurait pu être évitée grâce, par exemple, à des raccourcis accolés aux boutons de la croix directionnelle qui ne dispose d'aucune utilité dans le jeu.

Côté nouveauté, Big N a assuré là aussi une prise de risque minimum en ajoutant simplement un éditeur de donjons que vous pouvez utiliser grâce au personnage d'Igor, devenu récurrent dans la saga depuis Ocarina of Time. Une quête et une initiative sympathique mais qui ne dispose pas d'assets assez diversifiés pour proposer des donjons réellement inédits. On s'en tiendra donc au contenu original qui promet une dizaine d'heures de jeu si vous ne connaissez pas le jeu et que vous souhaitez débloquer tous les secrets de l'île. Le niveau de difficulté ayant été revu à la baisse, vous ne risquez pas de voir souvent l'écran de GAME OVER (délicieusement rétro) malgré la présence d'un mode "Héroïque" qui vient rajouter une (petite) dose de challenge.

zelda mini game Quelques mini jeux, comme la descente de rapides en radeaux, viennent ponctuer l'aventure

Un titre intemporel ?

Faire la critique de ce remake extrêmement fidèle à l'oeuvre originale revient donc au final, au-delà du nouvel aspect visuel, à déterminer si Link's Awakening est titre aussi apte à captiver les joueurs d'aujourd'hui que ceux qu'il y a 20 ans. Malgré une certaine répétitivité, la quête de Link recèle de suffisamment de surprise et d'humour pour plaire aux néophytes. Même en 2019, le level design des donjons fait toujours mouche et la progression est un cas d'école qu'il est bon de connaître pour tout ceux qui souhaiteraient comprendre les raisons du succès de ce titre, voire même de la licence. En revanche, le jeu affiche un peu maladroitement son âge sur certains tableaux de la carte un peu étriqués et des phases d'explorations qui cassent un peu le rythme de l'aventure. Un écueil qu'avait réussi à éviter le studio Brace Yourself il y a quelques mois dans Cadence of Hyrule, titre qui puisait grandement son inspiration dans la version DX de Link's Awakening.

zelda 2d Quelques passages en scrolling horizontal rappellent les péripéties d'un certain plombier moustachu

Réussite totale sur le plan visuel et musical, cette mouture Switch de Link's Awakening est une sublime invitation au voyage sur l'île de Cocolint, tant pour les nostalgiques que pour les nouveaux venus. Plus vivant, plus touchant, votre périple prend ici une toute autre ampleur. Si les nouveautés sont rares et le challenge peu présent, le jeu reste une petite perle d'aventure au level design ciselé à découvrir ou redécouvrir. Le jeu constitue à ce titre une entrée en matière idéale dans l'univers la saga pour les plus jeunes. Un titre de qualité qui aurait pu devenir incontournable avec un peu plus de nouveauté et de modernité du point de vue du gameplay.