Altero - Altero - Interview du Créateur du jeu – Sergio Schiavo

Nous interviewons aujourd’hui Sergio Schiavo, créateur du jeu Altero, que nous vous recommandons fortement dans cet article. Sergio est le créateur du studio Electronic Motion Games basé dans la métropole de Lille. Il est venu de Belo Horizonte, Brésil et développe des jeux depuis 2012. Il a commencé par développer des jeux pour mobile, mais a vite bifurqué pour du développement de jeux vidéo pour PC et Consoles.

Bonjour Sergio, pourrai-tu nous dire quelles ont été tes influences pour la création d’Altero?

Bonjour ! Le concept du jeu est surtout basé sur sa mécanique principale à savoir la nécessité de faire mourir son personnage et résoudre les puzzles grâce à son fantôme du passé. Ceci est une sorte de métaphore. Il convient d'utiliser le passé pour comprendre le présent. Et, à partir de là, nous avons désigné tous les domaines du jeu : la narration, l’art, la musique, etc. Pour moi, créer tout le contenu en ayant ce fil rouge fait d’Altero une œuvre artistique qui suscite beaucoup d’émotion chez les joueurs. Ce qui est mon but et le but du studio.

Altero raconte une histoire plutôt sombre, d’où vient l’inspiration pour cela ?

Toujours dans le but de susciter des émotions, j’ai voulu créer un jeu poétique. Le thème de la mort découlant naturellement de la mécanique, j’ai voulu apporter une interprétation originale. Souvent on a peur de la mort, mais il y a aussi de belles choses dans la morbidité. Et, selon la culture Voodoo (dans laquelle est basé le personnage principal – une poupée Voodoo), la mort est juste un passage. Alors la narration du jeu suit justement ce passage d’une âme tourmentée.

Et, l’ambiance, plutôt triste et solitaire, sert donc à renforcer la narration ?

Exactement, comme je disais, cela est possible de trouver de beaux aspects dans la mort. C’est pourquoi j’ai voulu que le jeu soit « dessiné » de manière plutôt traditionnelle. Les artistes s’inspirent, par exemple, des œuvres du studio Ghibli (Voyage de Chihiro, Princesse Mononoké). Encore une fois cela renforce le côté poétique d’Altero, tout en suivant le thème central pour susciter de fortes émotions. Je me souviens d’une streameuse qui jouait à Altero et qui avait dû arrêter parce que l’histoire la touchait vraiment et l’a rendue trop émue pour continuer. Ce genre de réaction est notre but ultime.

Altero est beau, mais a aussi des puzzles très exigeants ! D’où cela vient-il ?

J’adore les puzzles ! Et, plus ils sont difficiles, mieux c’est ! Ce que, j’avoue, peut être un problème. En fait, dès les premiers tests du jeu, je me suis aperçu que la plupart des joueurs restaient bloqués bien trop tôt dans le jeu. Mais, en même temps, je ne voulais pas faire que des puzzles faciles. La solution a été de ne pas rendre tous les puzzles obligatoires. On peut finir le jeu sans résoudre tous les puzzles, ce qui permet au joueur de « choisir » son propre niveau de difficulté. Sans compter le fait de pouvoir revenir à la fin sur les puzzles non résolus, pour essayer de finir le jeu à 100%. Il ne faut pas oublier que le jeu est très accessible, donc l’exécution est aisée. Ce qui peut s’avérer difficile, c’est la logique pour résoudre les puzzles.

Altero est votre premier jeu sur PC/Consoles, comment s’est passé l’aventure du développement et de la création d’un studio indé ?

J’ai commencé le développement du jeu tout seul sur Unity. Mais, je faisais attention à produire du contenu qui serait simple à utiliser en équipe. Quand le projet a commencé à prendre forme, j’ai commencé à collaborer avec un ami illustrateur, Reinaldo Rocha, et ensuite un deuxième illustrateur, Fabio Lino, les deux en freelance.

Pour la musique, j’ai collaboré avec Thiago Adamo, créateur de l’école Game Audio Academy. Nous avons fait un concours et les meilleurs étudiants ont été sélectionnés pour créer la bande originale. Ceci a été aussi une manière de les aider à initier leurs carrières et entamer un portfolio. Aider la communauté des indés (indépendants) est une valeur forte pour moi.

La création du studio a été une autre histoire. Je suis téméraire et j’ai foncé sur le développement. À un moment, tout est devenu « plus sérieux ». Et, j’ai dû faire toute les autres parties moins fun : administrative, contractuelle, marketing, financier. Il faut savoir que cela occupe beaucoup de temps et que cela n’a rien à avoir avec la passion que j’ai pour la création des jeux. Il faut justement faire très attention que ces aspects ne prennent pas le dessus sur l’envie de créer. Surtout que le marché actuel est très concurrentiel et les publishers (éditeurs) de plus en plus exigeants.

Quels sont vos projets, Sergio Schiavo, pour le futur ?

Je suis actuellement dans le défi du portage d’Altero vers les consoles (Xbox, Playstation et Switch). Ils sont de plus en plus ouverts aux indés, mais cela reste difficile de tout faire tout seul pour être accepté. Mais, j’aime ce challenge, surtout pour réaliser le rêve de voir mon jeu sur console !

Et, pour ce qui est du futur, cela dépend forcément du succès d’Altero. Dans l’idéal, j’aimerais ajouter du contenu grâce à une DLC (download content ou contenu téléchargeable) et essayer de créer une communauté d’entraide pour les développeurs indé. Je travaille aussi sur deux nouveaux prototypes. Le but est d’avancer sur le développement jusqu’à, ce qu’un des deux, soit un choix naturel. Et là, on rembobine et on recommence sans commettre les mêmes erreurs, comme sur Altero !

Un grand merci à Sergio Schiavo d’avoir répondu à nos différentes questions. Nous te souhaitons beaucoup de succès avec Altero et dans tes futurs projets.