Bokida - Test : un voyage au centre du minimalisme
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Un mélange de nostalgie et de désir
Imaginez deux personnes, autrefois fortement liées et inséparables. Aujourd’hui séparées, il ne reste plus que quelques vestiges de leurs liens, la nostalgie des instants passés et le désir d’une réunion. Dans Bokida, vous incarnez un messager ayant pour mission de retrouver les liens de deux planètes ou étoiles, aujourd’hui séparées. Dans l’introduction, nous suivons le point de vue d’une des planètes, nostalgique des jours passés. Elle évoque les liens et la proximité d’antan. Les mots choisi apportent un sentiment de désir et de nostalgie qui nous suivrons durant tout le jeu. Une phrase en particulier m’a apporté ce rapprochement avec des relations humaines : « Si tu te voyais comme je te vois aujourd’hui ». La planète observe l’autre de loin. Mais elle ne peut rien faire à cause de la distance, espérant qu’un jour un messager pourra l’aider. Elle vous trouve donc et décide de vous réveiller pour vous donner cette mission : les réunir toutes les deux, comme dans le passé. Le fait qu’il n’y ait aucune forme de vie, bien qu’il y ait des voix, est très appréciable. De même, nous ne savons pas réellement ce que nous incarnons. En effet, le jeu se joue à la première personne et la caméra glisse sur le sol. Un humain, une âme, voire même un souvenir ou un lien. Tout est laissé à l’interprétation du joueur, ce qui nous amène à voyager durant tout le jeu. Un voyage visuel, mais aussi émotionnel. Comme évoqué plus tôt, j’ai ressenti beaucoup de nostalgie en jouant. Non pas car le jeu me rappelait des jeux de mon enfance, mais parce que je me mettais à la place de la planète. Et ceci est dû à l’histoire, la façon dont elle est contée, mais aussi à l’ambiance sonore. Tout au long du jeu, la voix nous guidant est celle d’une femme, très calme, et s’exprimant en coréen. L’ambiance asiatique est d’ailleurs présente tout au long du jeu, notamment avec les bambous, les écritures, ou encore les vestiges de temples. Ces éléments réunis amènent une certaine sérénité pendant les sessions de jeu, et nous amènent encore plus à s’évader.Un univers épuré…
Dans un jeu, à l’instar d’une série ou d’un film, le son est très important. Il permet une immersion totale, encore plus quand nous sommes en présence d’un univers aussi épuré. Et Bokida réussit aussi à nous faire plonger dedans par ses musiques. Ces dernières ne sont pas sans rappeler celles de productions dans le même style, comme par exemple Monument Valley, un jeu de réflexion sur mobile en perspective isométrique. Les musiques sont aussi épurées mais agréables. Elles fonctionnent parfaitement avec l’univers serein et le voyage que le jeu propose. Alors que nous nous trouvons en pleine course au réalisme dans les productions AA, Bokida mise sur la simplicité et le minimalisme, ce qui n’est pas pour déplaire. A la manière d’un Journey ou d’un Flowers, le jeu réussit à nous faire voyager via des formes simples et des touches de couleurs, astucieusement placées. Le style graphique peut en rebuter certain. En lançant le jeu, j’en avais même un peu peur car, bien qu’aimant ce style de graphismes, nous sommes en présence d’un minimalisme…très minimaliste ! L’univers presque entièrement blanc, avec des touches de pastel pour l’eau ou le ciel, ainsi que des structures noires, vestiges des liens avec l’autre étoile. Cette omniprésence du blanc peut d'ailleurs pousser à diminuer la luminosité de l’écran. Mais tout ceci combiné dégage une certaine pureté et une sérénité agréables. Cependant, cette épuration a aussi des inconvénients. Bien qu’il soit agréable, et surprenant, d'évoluer dans ces vastes étendues, il est aussi simple de se perdre dans un tel monde ouvert. Il faut dire que les jeux actuels guident de plus en plus le joueur dans son aventure. Sans cesse, on nous rappelle d’aller à tel point, parler à tel personnage… Je n’ai pas souvent eu l’occasion de jouer à ce genre de jeu, où l’on est projeté dans un univers immense et ou, au final, nous avons vraiment le choix de nos actions. Cela explique sûrement le sentiment d’être perdue dans cet univers.… façonné par le joueur
Mais un monde ouvert, pur et blanc appelle aussi à la création, de la même manière qu’une toile vierge appelle un peintre. Le joueur peut colorer son univers et l’habiller via des petits cubes. Il peut créer pour le plaisir, pour mener à bien des puzzles ou encore pour atteindre les endroits de son choix. La création sous forme de cubes n’est pas sans rappeler Minecraft, un des premiers jeux qui viennent à l’esprit quand on mélange cube et création. Mais la présence de plusieurs outils (construire, couper, pousser, nettoyer) se rapproche, en réalité, plus de la mécanique de Tiny and Big ou la résolution de puzzle du dernier Zelda, Breath of The Wild. Pour atteindre la tour cherchée ou compléter les vestiges des liens passés entre les deux planètes, il va falloir utiliser les quatre outils de manières différentes. Les énigmes se renouvellent et le joueur doit s’adapter, chercher de nouvelles combinaisons entre ces outils, pour terminer son puzzle.[metaslider id=11176]
Conclusion
Bokida est un très bon jeu, idéal pour se relaxer. J’y ai personnellement surtout joué durant des petites sessions avant d’aller dormir. Le jeu réussit à nous faire voyager tout en étant épuré, ce dont on ne se doute pas forcément en le lançant ! Attention, cependant, si comme moi, certains jeux vous rendent malade. La vue à la première personne, la vitesse et le glissement de la caméra pour le sol peuvent vous amener à réduire vos sessions de jeu. Ce problème est souvent décrit comme lié à l’oreille interne, et n'est donc pas de la faute des développeurs. Mais pas d’inquiétude, vous pouvez quand même jouer ! L’utilisation d’une manette à la place d’un clavier et d’une souris peuvent vous aider à gérer la vitesse et à limiter ces sensations désagréables. Le jeu et le studio méritent, selon moi, entièrement ses différentes nominations et récompenses, et Bokida n’aura aucun mal à séduire le public ![metaslider id=11178]