Dead Cells - Une atypique aventure aviaire
Rangez les sabres, les armes à feu et troquez vos gants de box contre un gant... De fauconnerie. Dans Eagle Island, le premier jeu de Pixelnicks, vous allez devoir affronter les dangers d'une île mystérieuse à l'aide de vos redoutables chouettes de combat. Le tout dans des donjons générés aléatoirement pour une aventure avec des parfums de metroid. Un mélange prometteur mais Eagle Island prend-il réellement son envol?
Baptême de l'air
Quatre ans, c'est le temps qu'aura passé Nick "Pixelnicks" Gregory à bichonner Eagle Island, projet financé via la plateforme de financement participatif Kickstarter. Un travail de temps et de passion qui saute aux yeux dès les premières images du jeu. Dans une direction artistique tout en pixel art signé, l'attachant duo du jeune Quill et de sa chouette Koji séduit instantanément tout comme les décors chatoyants qui fourmillent de petits détails de vie. Chaque petit poisson, insecte ou élément de végétation s'anime et contribue à faire de l'île d'Eagle Island, un endroit habité par un esprit de la nature tout puissant. En arrivant sur les lieux, l'une de vos chouettes, Ichiro, est enlevée par un immense aigle du nom d'Armaura. A première vue, cette créature semble terroriser la faune locale, et il vous appartiendra de mettre fin à sa folie tout en récupérant votre fidèle ami à plumes. Pour avoir une chance contre le féroce volatile, Quill va devoir réveiller les pouvoirs endormis de sa chouette en affrontant les nombreux ennemis et multiples boss de l'île, magnifiés par le chara design de l'artiste Jackelyn Bautista.
Un plan de vol aléatoire
L'île de l'Aigle se découpe en de multiples donjons dont la géographie est générée aléatoirement. Si vous mourrez à l'intérieur, vous serez immédiatement téléporté au début de ce donjon, dont la carte sera à nouveau modifiée de manière procédurale. Vous perdrez également tous les objets ramassés en chemin. Une mésaventure assez fréquente car votre héros ne dispose que de trois points de vie et que les endroits traversés grouillent sous les monstres et se concluent en général par un affrontement avec un boss, souvent bien aussi beau que redoutable. Comme dans tout bon Rogue lite, il va falloir apprendre à gérer les échecs en série et la frustration qui en découle. Heureusement en chemin, Quill va pouvoir acquérir des pouvoirs temporaires pour augmenter sa barre de vie, doubler la puissance des attaques de Koji et ou juste se déplacer plus rapidement. D'autres habiletés, cette fois permanentes, sont aussi déblocables à l'issue de vos combats contre les boss, comme par exemple un tir enflammé ou l'incontournable double saut. Ces améliorations vous permettront d’accéder à des parties de l'île jusque là hors d'atteinte à la manière d'un metroidvania classique.
Envole moi...
Les donjons sont plutôt réussis et si l'on atteint pas la savante maîtrise d'un Spelunky en la matière, Eagle Island n'a rien à envier à d'autres hits du genre comme Rogue Legacy (une des inspirations assumées du titre) en terme de level design. Mention spéciale aux ennemis dont la hitbox et les déplacements s'articulent parfaitement avec l'environnement en proposant un vrai challenge sans verser dans l'overdose de difficulté. Chaque ennemi possède une vraie spécificité dans son attitude et le succès pour passer d'une pièce à l'autre réside bien souvent dans l'observation précise de chaque monstre présent. En revanche, si vous foncez dans le tas en balançant votre chouette à tout va, il y a de grandes chances que vous perdiez la vie assez rapidement. Réussir le tir de chouette parfait demande timing et précision et rater votre cible vous laisse complètement exposé durant quelques frames. A l'inverse, le jeu récompense votre dextérité en vous donnant des objets supplémentaires si vous enchaînez les tirs victorieux en un minimum de temps. Ces combos pourront se révéler quasi indispensables pour avancer et ne plus subir la loi des monstres.
...loin de cette fatalité qui colle à mes plumes
Eagle Island propose donc un challenge progressif avec des donjons de plus en plus longs et difficiles et des ennemis toujours plus agressifs. Le masochisme assumé de tout bon rogue like fait encore mouche mais l'aspect metroidvania du jeu ne convainc pas toujours. Si la fauconnerie est un bel outil de combat et que l'on se dote très vite d'un moyen d'enchanter notre chouette à l'aide d'un élément, les coups de Quill ne changent pas assez au fil du jeu et les améliorations débloquées n'alimentent aucun sentiment quelconque de montée en puissance. Les pouvoirs temporaires sont parfois utiles mais la difficulté du jeu nous oblige souvent à choisir un point de vie supplémentaire au détriment d'une attaque plus puissante. Coté plate-forme, le jeu fait aussi le strict minimum car vous ne pouvez pas tomber dans le vide et que tout obstacle (ou presque) est entièrement destructible. Pas de puzzle ni de casse-tête au programme non plus, hormis lors des combats de boss pour déterminer le pattern de chacun. L'histoire et le goût du défi pousse à compléter le donjon suivant mais une routine finit tout de même par s'installer, une fois 4 ou 5 premiers lieux traversés.
Eagle Island : une aventure très "chouette"
Le maître mot d'Eagle Island est avant tout l'exploration et si celle-ci est souvent périlleuse, la quête de Quill et ses chouettes dressées dans une nature qui souhaite retrouver son équilibre reste à la fois légère et touchante, à la manière d'un anime du studio Ghibli. Et puis, dégommer un imposant griffon à coup de chouette éclair reste tout même hautement satisfaisant.
Sans révolutionner le genre, Pixelnicks signe un joli premier jeu au gameplay innovant dont les défauts ne nuisent pas à l'aventure. Très à l'écoute de sa communauté, le développeur britannique a déjà planché sur toute une série de modifications pour améliorer l'expérience après les premiers retours et le jeu pourrait donc encore gagner en profondeur dans les mois à venir. Une aventure très"chouette" à embarquer dans votre Nintendo Switch pour les vacances, juste à coté de l'excellent The Messenger.