Disaster Report 4 : Summer Memories - Réalité virtuelle mais vraie catastrophe ?
Disaster Report 4 : Summer Memories est la suite d'une série sortie initialement au Japon en 2001 sous le nom de Zettai Zetsumei Toshi sur playstation 2. Après un 3ème opus paru sur PSP en 2009, voilà qu'un nouvel épisode débarque près de 10 ans plus tard. Bien que peu connue en dehors de l'archipel Nippon, la saga avait néanmoins trouvé son public. Alors, le sous-titré "Summer Memories" sera-t-il digne des fans ?
Je te survivrai !
Le titre nous met dans la peau d'un.e survivant.e d'un terrible séisme survenu dans une grande ville japonaise et nous allons devoir quitter la ville pour nous mettre à l'abri. Chemin faisant nous allons rencontrer d'autres habitants et tenter de venir en aide (ou pas) à la population. Le titre propose une aventure avec des petits éléments de gestion de survie à travers des environnements défigurés par des tremblements de terre.
Ne tournons pas autour du pot, pour résumer, il s'agit d'un mélange entre un visual novel à choix multiples et un jeu d'exploration linéaire bourré de fausses promesses d'action. Résultat on se retrouve devant un ersatz de point'n'click dirigiste avec peu d’interactions possibles.
Il convient de rappeler que l'avis exprimé par votre serviteur tient compte du fait qu'il ne s'agit pas d'un triple A et qu'il s'agit également d'un jeu destiné à un public bien précis. Mais hélas, même en tenant compte de ce contexte, il est difficile d'en occulter les défauts.
De nombreux défauts
Soyez prudents, lectrices et lecteurs, les prochains paragraphes ont été mesurés en moyenne 8 sur l'échelle capillaire. Cette fameuse échelle d'arrachage de cheveux potentiel lorsqu'on se trouve face à un jeu frustrant. A plusieurs niveaux, tant sur le plan du gameplay que de la jouabilité, le soft risque de vous faire trembler. Le traumatisme n'est pas sans conséquences, mais nous nous devons d'attirer votre attention sur ceux-ci. Car face aux risques sismiques, la meilleure défense reste la prévention.
La jouabilité est digne des premiers jeux 3D : lente, poussive, et des problèmes de caméra qui datent d'un autre siècle surviennent. La structure du jeu est rouillée, dirigiste, on va d'un script à un autre, mais sans même comprendre notre objectif ni ce que le jeu attend de nous. Le soucis de clarté se fait ressentir très rapidement et on se sent enfermé dans le pattern du jeu.
L'exploration se limite à un concours d'objets cachés et de recherche d'un PNJ précis (souvent en mode random) dissimulé dans une foule d'autres PNJ. Cela donne lieu parfois à de véritables migraines, à force de vous faire tourner dans le même couloir immense pendant des heures sans comprendre quoi faire. Le titre brise ainsi immédiatement le 4ème mur, mais involontairement. On sait immédiatement que l'on est dans un jeu vidéo tant les fils sont visibles. Au lieu de remplir un objectif clair, on finit par jouer à "quel élément sans intérêt va déclencher le prochain script ?". L'immersion d'être au milieu d'une ville en proie aux catastrophes sismiques est donc complètement effacée au profit d'un ennui de plus en plus profond.
Les éléments de survie comme la faim ou la soif sont trop peu exploités si bien qu'on finit par ne plus vraiment en tenir compte. Les décisions à choix multiples sont trop nombreuses et semblent très dirigées également : soit vous agissez bien, soit vous êtes un horrible individu. Mais quoi que vous décidiez, le résultat immédiat sera quasiment identique. Les choix apparaissent très vite illusoires et donc terriblement frustrants.
Ajoutons à cela que le titre est disponible uniquement en japonais pour l'audio et ne dispose que de sous-titres en anglais, que le nombre de textes lors des choix multiples est beaucoup trop important pour un jeu qui se décrit comme un jeu d'action. Tourner une page d'un livre lorsque vous lisez, est-ce une action pour vous ? Eh bien, attendez-vous à du Micheal Bay si c'est le cas !
Une réalisation à faire trembler les murs
Le titre tente de cacher la misère de sa réalisation et de son manque d'immersion en intégrant une fonction VR, optionnelle dans la plupart des situations. Cependant, la maniabilité de notre personnage est si proche de celle d'un semi-remorque ayant échoué à son contrôle technique, que l'on ne peut clairement pas en faire un argument de vente. La VR se justifie uniquement dans certaines scènes précises, mais anecdotiques pour les non possesseurs de casques PSVR, qui sont remplacées par...un temps de chargement...avec un écran fixe. Pas de cinématique ou de résumé, on vous fait juste passer à la zone suivante, POINT.
Il n'est pas forcément pertinent de juger la réalisation technique pour noter un jeu, mais il faut tout de même en être conscient. Visuellement le jeu est vraiment très inégal et il ne fait pas honneur à l'Unreal Engine 4 qu'il affiche clairement avant son écran titre. Cela ne présage pas du fun que l'on peut éprouver manette en main, certes... Sauf dans le cas de Disaster Report 4 ou la quantité parfois trop importante d'élément du décor amène une chute de framerate à vous briser le col du fémur et gêne l'exploration.
Le jeu souffre d'un rythme très lent, et cela, malgré un rendu des épisodes sismiques assez réussi et bien mis en scène. C'est toutefois l'un des rares points positifs, que nous allons examiner de plus près.
Des qualités sauvées des décombres ?
Le jeu n'est vraiment pas à la hauteur, ni de ses promesses ni de son prix de vente à 60€. Cependant est-il totalement dénué d'intérêt ?
D'un point de vue visuel, malgré des faiblesses, il dispose de quelques fulgurances. En effet de nombreux éléments volumineux du décor, comme des immeubles ou des ponts, sont destructibles en temps réel. Ces passages sont assez impressionnants en particulier lors des premiers séismes qu'il faudra appréhender. Ce sont souvent des zones explorables qui s'affaissent et se transforment sous nos yeux et dans la panique générale. Il faut reconnaître lorsqu'un élément est réussi et c'est globalement le cas. Il est dommage de ne pas assister davantage à ces moments et qu'ils soient surtout utilisés pour meubler un gameplay vide ou casser un rythme de jeu terriblement lent. On finit par s'en lasser.
En revanche là où Disaster Report 4 présageait d'un jeu sympathique et profond, c'est la représentation qu'il apporte de la société Japonaise face aux risques sismiques. Cela surprend agréablement, mais le titre commence à dépeindre l'aspect humain de la vie après un terrible tremblement de terre, qu'en occident nous ne connaissons qu'à travers le prisme des informations. Plusieurs scènes nous montrent les préoccupations des différentes classes d'âges et classes sociales représentées au Japon face à ces situations, que la vie continue et que chacun y est sujet à sa propre manière. Le titre paraît peut-être à un moment où nous sommes amenés à réfléchir à ce genre de choses et c'est en cela qu'il est touchant au premier abord. Il tente d'appuyer sur l'empathie du joueur et confère une dimension sociologique à l'expérience qu'il propose.
Hélas, c'est un aspect totalement sous exploité du jeu. On en percevait le potentiel, mais malheureusement, il transpose son propos de façon plutôt maladroite et cette surprenante dimension retombe finalement comme un soufflé. De même, le jeu permet de sensibiliser aux gestes, aux réactions et réflexes à avoir en cas de séismes. Il apporte des conseils judicieux et nous encourage à aider son prochain plutôt que de céder à la panique. Voilà un propos intéressant, qui est encore une fois matraqué avec maladresse et qui perd de sa substance au fil des heures.
Le jeu se répète dans une succession interminable de couloirs ternes et le potentiel dont il pouvait faire preuve se meurt avant d'avoir éclos, dommage...
Un bilan désastreux...
Disaster Report 4 est raté. Il avait pourtant un potentiel perceptible et un propos intéressant au premier abord. La physique des structures qui se détruisent en temps réel est plutôt réussie malgré une réalisation technique inégale, mais est finalement très mal exploitée. Son gameplay poussif et sa structure "de script en script" date du siècle dernier et le résultat est sans appel : on ne s'y amuse pas vraiment. La seule manière de s'amuser avec Disaster Report 4 : Summer Memories c'est de le faire avec des amis, des pizzas et des boissons fraîches, comme devant un film nanardesque trop kitch pour être bon, mais suffisamment pour être drôle. Si c'est là votre meilleure façon de vous construire des "souvenirs d'étés", alors allez-y, mais sinon, passez votre chemin.