Legacy of Kain: Entre deux mondes, le nouveau livre de Third Editions
Développé tour à tour par Silicon Knights et Crystal Dynamics puis édité par Eidos et enfin Square Enix, la série Legacy of Kain a rapidement su se distinguer des jeux action-aventure de son temps. Proposant une trame totalement novatrice, ainsi que des fonctions de gameplay totalement impensables pour l’époque, cette saga devenue légendaire est encore maintenant un monument du jeu vidéo d’action-aventure au XXIe siècle. Fasciné par cet univers à la fois glauque et gore, Raphaël Lucas va disséquer cette saga qui l’a tant marqué étant enfant dans son livre « Legacy of Kain : Entre deux mondes ».
Amy Hennig, une légende vivante
Quand on pense à Legacy of Kain, il est impossible d’oublier la grande figure d’Amy Hennig. Douée de son travail qui l’a fait monter en grade, elle est passée d’assistante dans le développement de Blood Omen : Legacy of Kain à réalisatrice, productrice et autrice pour Silicon Knights pour les suites Legacy of Kain : Soul Reaver 1 et 2 et Legacy of Kain : Defiance. Ces différents postes dans cette saga furent très appréciés et l’amenèrent à devenir directrice créative pour Naughty Dog. Sa carrière fut un exemple pour les femmes dans ce milieu typiquement masculin. Tout comme l’ajouta RaHan dans la préface,
« Avec cette série, Amy a pondu à mes yeux l’un des récits les plus réussis du jeu vidéo, s’attaquant à des thèmes difficiles, comme la définition philosophique de libre arbitre dans un monde gnostique ».
Un premier chapitre pour la création du projet Legacy of Kain
En lançant son premier chapitre tel une balle de tennis dans un match, Raphaël Lucas nous plonge tête la première dans la création de cette saga mythique. Il prévient d’emblée dès les premières pages, lié au NDA (accord de non-divulgation), il fut impossible d’établir une quelconque interview avec un membre de l’équipe ayant participé au projet Legacy of Kain. De l’élaboration de l’équipe en 1993 jusqu’aux nombreuses inspirations ayant façonnées cet univers, rien ne passe à travers l’oeil aguerri de Raphaël Lucas.
Sillonnant les innombrables détails ayant façonné non seulement Legacy of Kain mais également la popularité de Silicon Knights et par ailleurs Crystal Dynamics, les bons moments sont également traversés par des mauvaises périodes comme les différents soucis judiciaires et procès ayant lieu entre ces deux éditeurs et qui ont mené au NDA. Au commencement de ce chapitre, long mais riche en informations croustillantes, se trouve un nom malheureusement oublié voire pour quelques amnésiques, enterré, Silicon Knights. Au fil des pages, nous en apprenons plus sur son fonctionnement interne assez tumultueux, notamment lié aux crises de colère de Denis Dyack. Ces crises de colère ayant été ressenties auprès des fidèles gamers dans les jeux Too Human ou X Men : Destiny. La création de Legacy of Kain s’est d’autant plus si mal déroulée qu’une équipe de Crystal Dynamics ( composée d’Amy Hennig) s’est déplacée pour permettre au jeu de sortir en temps et en heure.
Des suites plus ou moins réussies
Avançant peu à peu dans les différentes méthodes de la création des jeux Legacy of Kain, Raphaël Lucas observe les différents défauts de conception. Soul Reaver parvient à conquérir le cœur des gamers notamment grâce au character design de Raziel et à la beauté des décors malgré quelques soucis de scénario et obtient de gros scores de vente. A la suite du premier Legacy of Kain : Blood Omen qui subit une refonte en catastrophe, se trouve Legacy of Kain : Blood Omen 2. Considéré comme le moins bien fini, le vilain petit canard, le maillon faible. Présentant toujours les mêmes soucis techniques de ralentissement, de bugs, le scénario est lui aussi mis à mal. Précédant le jeu Blood Omen 2, et à la suite du jeu Soul Reaver, Legacy of Kain : Soul Reaver 2 partage toujours autant son public sur la conception du jeu. Comme le note Raphaël Lucas dans ce livre,
« Les notes culminent une nouvelle fois, mais la critique semble prête à lyncher le prochain Legacy of Kain s’il n’injecte pas de sang neuf dans une formule qui sent déjà la naphtaline et les suaires usés par le temps ».
C’est à la suite, que le malheureux Legacy of Kain : Defiance a finalement enterré cette longue saga amenant une nouvelle fois les mêmes soucis techniques, de conception, et épuisant une fois de plus les gamers.
Un second chapitre sur l’Univers de la saga et un dernier pour l’analyse
Le second chapitre est davantage consacré au scénario et aux fans de Legacy of Kain. Effectivement, ceux qui ont connu la licence auront de nombreuses pages à dévorer suivant toutes les aventures de Kain et Raziel à travers les différents opus Soul Reaver, Defiance, Blood Omen…
Le troisième et dernier chapitre est quant à lui un chapitre spécial pour notre auteur. En effet, cette partie lui permet d'analyser en profondeur l'Univers entourant cette saga et les nombreuses thématiques tel que le symbole du monstre... De plus, d’autres thématiques sont abordées, avec notamment l’absence de gameover dans Soul Reaver ou encore le concept du passage au plan astral qui cache un vrai propos.
Un manque d'illustration mais une réelle passion ressentie
Ce livre d'environ 200 pages et édité par Third Editions est une vraie oeuvre d'art vis-à-vis de Legacy of Kain et de tout son univers. C'est avec fascination et envoûtement que nous pouvons lire au fur et à mesure des pages les différentes anecdotes de cette saga très riche. Effectivement, arborant un style d'écriture similaire à la biographie, Raphaël Lucas parvient à nous plonger dans les moindres recoins de la conception de cette saga, malgré le fait que les membres de l'équipe soient réduits sous silence. Sa plume aiguisée nous transporte page après page, mot après mot dans ses pensées pas si lointaines. Petite subtilité, il n'y a aucune image, aucune illustration, sauf une page qui se décline de blanc en noir illustrant un certain personnage ! Si « Legacy of Kain : Entre deux mondes » vous intéresse, vous pouvez vous le procurer sur la boutique de Third Edition.C’est ainsi, dans une conclusion assez nostalgique que Raphaël Lucas nous dresse un bilan d’une franchise qui a marqué tant de jeunes adultes et adolescents au cours de sa fulgurante ascension. D’une franchise qui tel un vieux bâtiment, n’aura plus la beauté ni l’ambition d’antan mais restera une grande saga qui ne risque pas d’être oubliée de sitôt. Et enfin, le bilan d’un Univers, de personnages ayant œuvrés au développement de ce jeu et de développeurs ayant réussi à poser cette saga sur un piédestal.