The Gardens Between - Un voyage dans votre jardin secret
The Gardens Between, le jeu indépendant du studio The Voxel Agents avait fait parler de lui lors de plusieurs salons et notamment sur le Stand Nintendo lors de la Gamescom 2018. Le titre avait attiré notre attention avec son ambiance et sa direction artistique toute particulière. Le studio Australien qui nous avait habitué à de petits jeux mobiles sans prétention se lance désormais sur le marché consoles et PC. Disponible depuis le 20 septembre sur PC, PS4 et Nintendo Switch, The Gardens Between vous propose une aventure douce et poignante, teintée de poésie. Nous vous invitons à la découvrir sans plus attendre.
Un Souvenir qui reste gravé...
Vous vous souvenez de votre enfance ? Du parfum des feuilles en automne ? De ce chocolat chaud préparé par votre Maman pour vous réchauffer en Hiver ? De ces vacances à la mer avec vos frères et sœurs ? Ces souvenirs des précieux moments passés avec vos proches, des instants privilégiés avec vos enfants : des instants chaleureux qui ne vous quitteront jamais et qui vous rassurent lorsque votre ciel s'assombrit ? The Gardens Between est un subtil hommage à tout cela.
A travers le périple de deux enfants, Arina, une fillette intrépide et Frendt, un garçon malin et courageux, nous allons nous plonger dans leurs souvenirs communs, de petits instants de vie qu'ils chérissent précieusement, et qui sont ni plus ni moins le reflet de nos propres expériences.
Le titre est un jeu de réflexion plus que d'action. Les deux enfants évolueront dans une succession de petites îles qu'ils devront escalader jusqu'au sommet et ainsi "fixer" un souvenir pour toujours. Chaque îlot correspond à un moment précis, vécu par les deux protagonistes et qui a profondément marqué leur amitié. Nous voyagerons en leur compagnie et découvriront leurs jeux, leurs bêtises, les instants de joies mais aussi de peine.
Le propos du jeu est clairement marqué : c'est une ode à l'amitié, un sentiment sincère et inébranlable, entre deux êtres. Dès les premières secondes du jeu on comprend très vite la signification de son titre. Leurs maisons, voisines l'une de l'autre, se rejoignent par leurs jardins, qui devinrent le point de départ de leur touchante relation, leur point de ralliement. Mais c'est également, et surtout une métaphore de leurs souvenirs communs. On détecte rapidement dans le premier niveau qu'une séparation se prépare : Des cartons de déménagements jonchent le sol au point de gêner la progression des deux amis et un immense camion attend au loin.
Chaque niveau aura ainsi une grande valeur symbolique et émotionnelle, transcendée par une musique magnifiquement composée, à la fois douce et profonde. Le décor sera parsemé d'objets, de lieux ou de sons caractéristiques de ces moments partagés: une promenade en forêt, la construction d'une forteresse dans le salon, une chasse aux fossiles, etc...
Par certains aspects, The Gardens Between rappellera beaucoup Unravel et son personnage qui fait office de "fil", tissant et reliant les souvenirs tout au long de nos vie. Une comparaison élogieuse qui néanmoins s'arrêtera au choix du sujet, qui sera traité de manière plus personnelle par le studio australien.
Un gameplay (in)temporel :
Contrairement à un jeu d'action/casse-tête classique, The Gardens Between propose un fil conducteur narratif avec un message fort sur nos relations et le temps qui passe. Pour donner corps à ce message, les développeurs ont choisi de vous faire incarner... Le temps lui même. En effet, vous ne contrôlez pas directement le duo d'aventuriers en herbe, en réalité vous guiderez leurs pas en faisant s'écouler le temps, dans un sens ou dans l'autre.
Ce choix s'avère pertinent de bien des façons. D'une part, cela offre au joueur un regard différent vis à vis de l'histoire. En effet, en ayant un point de vue omniscient et extérieur, on finit par nourrir une certaine empathie envers les personnages, à l'image d'un père portant un regard protecteur et vigilant sur ses enfants. D'autre part, le titre est ainsi axé autour d'une mécanique de gameplay à la fois atypique et rafraîchissante.
Si sur le papier cela paraît un peu flou, dans les faits, les énigmes sont particulièrement bien pensées. Le concept de manipulation du temps, plutôt simple au premier coup d’œil, dissimule de véritables pépites en matière de puzzle. Le gamedesign et la conception des énigmes arrive à nous surprendre à chaque niveau. A chaque fois que le joueur pense cerner toutes les possibilités offertes par le gameplay, une nouvelle énigme nous met en déroute.
Le but du jeu est d'accéder au sommet de l'île et d'y apporter une lanterne contenant un orbe de lumière. C'est Arina qui remplit la fonction de porteuse de lumière. Frendt, quant à lui, a la capacité d'activer des leviers et autres mécanismes. Les deux personnages évolueront de manière autonome dans le niveau, le joueur aura simplement la tâche de les guider. Le principe est très facile à comprendre mais s'avère plus retors que prévu. Il faudra d'abord récupérer une orbe lumineuse tout en évitant les orbes négatives qui éteignent votre lanterne. Parfois, la lumière peut freiner votre progression, car elle peut désintégrer certaines plate-formes, il faudra alors redoubler d'astuce : revenir quelques secondes en arrière, mettre la main sur un levier caché ou déposer temporairement votre lanterne sur un socle et contourner le problème.
En pratique, le temps est figé, de base, c'est à vous de le faire évoluer en utilisant l'un des sticks directionnels dans le sens de votre choix. Les protagonistes iront naturellement escalader l'île et feront face à divers obstacles, comme des chutes de pierres où des crevasses. Votre pouvoir pourra être utilisé ponctuellement sur des éléments précis du décor, sans influer sur les personnages ce qui permettra par exemple de reconstruire un pont en revenant dans le passé. Le titre se veut de plus en plus malin car il faudra également jouer avec la notion de perspective et de mouvement pour venir à bout des escalades de nos petits héros.
Les puzzles ne sont ni trop simples ni trop complexes, si une énigme vous bloque, rien ne peut vous presser quand vous incarnez le Temps ! Il n'y a aucun risque qu'une de vos actions soit totalement irréversible, il n'y a jamais d'impasse, pas de casse-tête insurmontable et les personnages ne peuvent pas mourir. Certains passages solliciteront tout de mêmes nos cellules grises, mais le titre est fait de telle manière que ce n'est jamais frustrant. On est régulièrement récompensé par les nombreuses subtilités des énigmes, qui vont valoriser l'inventivité du joueur. La difficulté est savamment dosée pour offrir un divertissement accessible, reposant et amusant. De plus, le jeu vous fait clairement comprendre ce qu'il attend de vous : pas de système tiré par les cheveux, tout est assez instinctif et clair.
Un jeu accessible à tout âge
Point de vue jouabilité, le titre est un exemple à suivre ! Vous pouvez au, choix, vous servir de la croix directionnelle, des sticks ou bien des gâchettes latérales pour influer sur le temps, sans avoir à passer par les options. Cela signifie que vous pouvez jouer d'une seule main sans aucun problème, changer de main comme bon vous semble, ou bien, si vos pouces sont fatigués d'utiliser les sticks, vos deux index sur L et R peuvent prendre le relais. Chaque configuration est parfaitement adaptée au jeu, le soft peut donc être littéralement mis entre toutes les mains.
The Gardens Between est un puzzle-game qui est aussi 100% familial, il peut permettre de faire découvrir le jeu vidéo aux enfants avec une histoire simple, touchante et compréhensible par tous. Point de dialogues à rallonge ou de tutoriel rébarbatif, on peut jouer seul ou aux côté d'un ami pour réfléchir aux énigmes à deux, ce qui est un très bon argument.
Un jeu esthétique...tac...tic...tac
Point de vue réalisation, le titre est superbement bien travaillé. L'animation des décors et des personnages est étonnante de qualité et la direction artistique est exemplaire, l'aspect dessin animé haut de gamme est très réussi et colle parfaitement à la narration. Le jeu est visuellement très accrocheur et le Sound Design l'est tout autant. La B.O du titre, signée Tim Sheil a, elle aussi, très bien cerné le propos de cette petite histoire. Des harmonies douces ponctuées de notes de piano délicates, on se sent apaisé, comme dans un rêve. The Gardens Between a pour lui une aura relaxante. Une partie vaut autant qu'un bon bain moussant accompagné de musique zen, c'est une vraie bouffée d'oxygène, une expérience très agréable.
Rien n'est parfait hélas, il nous faut évoquer le seul point négatif du titre : sa durée de vie. En effet, aussi excellent soit il, celui-ci est extrêmement court. Il faudra compter environ 4 ou 5 heures pour en voir le bout sans se presser ce qui est bien dommage. Il y a une petite rejouabilité tout de même, les développeurs ont semé quelques événements ou objets cachés parmi la petite vingtaine de niveaux, mais pas de quoi doubler la durée du soft. Les collectionneurs de trophées seront cependant satisfaits, finir le jeu à 100% n'est pas bien difficile, et cela se fait avec grand plaisir.
Un avis positif pour un jeu remarquable
Sans prétention aucune, avec The Gardens Between, l'équipe de The Voxel Agents donne une superbe leçon de gamedesign pour qui veut créer un jeu vidéo digne de ce nom. Un brillant dosage entre de bonnes mécaniques de jeu, une narration sobre et efficace, un message riche en émotions et une délicatesse rare. Ajoutons à cela sa jouabilité adaptative et une progression toujours étonnante et intelligente. Le pari est amplement réussi à tous les points de vue. Obtenir une telle cohérence parmi tous les éléments artistiques et techniques relève d'une vraie maîtrise et mérite largement d'être couronné de succès.
Une aventure pour tous les âges que l'on pourra partager en famille ou garder précieusement au fond de soi. La durée de vie est cependant extrêmement faible et rebutera les joueurs confirmés. Une vingtaine d'euros pour une aventure qui peut se déguster en une petite journée, c'est un peu douloureux ! Il est certes difficile de le reprocher à une équipe aux effectifs aussi restreints, considérant la qualité époustouflante du résultat final, mais on aurait apprécié une quantité de niveaux plus importante.
Pourtant... Comme le jeu nous le fait si bien comprendre, ce n'est pas la quantité qui importe. Ce sont souvent les plus petites choses qui constituent le plus inestimable des trésors.