Pocket Mortys - Un univers déjanté et ironique à l'image de Rick
Le 16 juin dernier, sortaient les cinq premiers épisodes de la tant attendue saison 4 de Rick et Morty sur Netflix, l'occasion pour nous de vous parler de cet univers et de revenir sur un jeu mobile sorti en 2016 : Pocket Mortys.
Une série d’animation imaginée lors d’un festival
Rick et Morty est une série d'animation américaine pour adulte créée en 2013 par Justin Roiland et Dan Harmon. Quatre saisons sont en cours de diffusion et disponibles sur Netflix. Il s'agissait à l'origine d'une parodie de la trilogie Retour vers le futur, imaginée par Roiland à l'occasion d'un festival. C'est Adult swim qui approchera Harmon pour développer des idées d'émissions télévisées, ce dernier propose alors à Roiland de développer l'univers imaginé dans son court métrage, Rick et Morty viennent de naître.
On y suit les aventures de Rick Sanchez, un scientifique alcoolique, cynique et misanthrope qui vit chez sa fille Beth et la famille de celle-ci. Il emmène dans chacune de ses histoires son petit-fils Morty qui manque de confiance en lui et est très influençable. La série a notamment remporté le prix Creative Arts Emmy Awards en 2018 qui récompense le meilleur programme animé pour son épisode intitulé Rick-ornichon de la saison 3.
Un anti-humaniste plus humain qu'il ne le pense
Rick est la personne la plus intelligente de l’univers. On pourrait s’attendre (à juste titre) à ce qu’il utilise son intelligence pour faire le bien autour de lui. Mais bien au contraire, la série souhaite montrer les vices des comportements humains et apporte une critique de ce qui fait fondamentalement d’un humain un humain à savoir ses émotions et les difficultés que nous avons tous pour les gérer, ce qui nous amène souvent à faire des choix inadéquats ou autocentrés. Rick démontre une interdépendance envers sa famille qu’il rabaisse sans arrêt mais ne peut pas quitter, son petit-fils qu’il juge stupide mais emmène avec lui dans toutes ses aventures, il n’arrive pas à faire le deuil de sa femme et ne sait jamais comment montrer ses sentiments envers ceux qui comptent pour lui. Le jour où sa fille souhaite l’emmener à une séance de thérapie familiale, il se transforme en cornichon pour y échapper.
A l’image de l’excellente série The Boys, de Eric Kripke, Rick et Morty nous montre que ce n’est pas parce que quelqu’un a un énorme potentiel (pouvoirs surnaturels, intelligence supérieure), qu’il se comportera comme un héros. Et si vous suivez mes articles, vous savez que je ne suis pas du genre à aimer le manichéisme. La série nous révèle au final que peu importe les capacités du personnage central, s’il ne va pas bien, son comportement s’en ressentira. Rick est égoïste, menteur, odieux notamment avec les gens qui lui montre de la sympathie et utilise son intelligence pour servir ses propres intérêts. Il créé une planète entière qu’il asservit afin qu’elle lui fournisse de l’électricité, il brise les rêves de Morty, il se fabrique une planète pour y installer ses toilettes privées, et ainsi de suite. Tout cela dans la plus grande impunité à chaque fois, même si le conseil des Rick le traque pour le traduire en justice.
"Si les combats de cette troisième saison (Rick contre Jaguar, Rick contre le président des États-Unis) sont de véritables morceaux de bravoure qui cumulent les idées visuelles, ces séquences illustrent surtout le fait que rien, ni personne ne peut s’opposer à Rick. En outre, en révélant que ce qui a poussé le personnage à inventer son portal gun était quelque chose d’aussi dérisoire qu’une sauce McDonald au poivre du Szechuan, les auteurs démontrent à quel point celui-ci n’est finalement motivé que par la satisfaction de ses propres désirs, y compris les plus triviaux. En cela, Rick incarne donc le parangon du personnage de série ironique. Puissant, cynique et nihiliste, il ne se soucie de personne d’autre que de lui-même. Et lorsqu’il lui arrive d’avoir des sentiments pour d’autres personnes, il fait tout pour les réprimer." (Cf capturemag)
On peut s’interroger sur la place de Morty dans tout cela, le jeune adolescent aime profondément son grand-père. Bien qu’il démontre une couardise évidente, il accompagne cependant Rick dans toutes ses aventures et prend bien souvent le pied sur les décisions irréfléchies du scientifique. Morty prouve qu’il se soucie des autres, qu’il a conscience des ravages que leurs actes peuvent avoir sur les autres civilisations (ce qui ne l’empêche pas de faire n’importe quoi car il n’est pas très intelligent). Morty ne représente-t-il pas le volet humaniste qui fait défaut à Rick ?
Pocket Mortys, un jeu mobile à l’image de la série
Sorti en 2016, Pocket Mortys est un RPG gratuit disponible sur mobile. Il a été édité par Adult Swim Games et se veut une parodie des jeux Pokémon. Vous incarnez Rick et vous vous retrouvez devant le conseil des Ricks, ces derniers vous ont confisqué votre pisto-portail vous empêchant de regagner votre réalité. Vous allez devoir vous balader de monde en monde avec Morty pour affronter des adversaires qui vous permettront de gagner des badges. Ces badges vous sont demandés par le conseil des Rick pour les provoquer en duel et espérer récupérer votre pisto-portail.
Vous devez alors constituer une équipe de combat en attrapant des Mortys sauvages et en les entraînant. Dès que vous rencontrez un ennemi sur une nouvelle planète, il vous défie dans un duel de Morty. Chaque Morty a ses propres coups et peut en apprendre de nouveaux. A vous de choisir la meilleure stratégie pour remporter le duel. Sachant qu’un élément entre en compte, celui du célèbre jeu pierre, papier, ciseaux, lézard, Spock (les deux derniers n’y sont pas mais auraient ajouté un peu de piment au jeu d’enfant :)). A l’image du jeu de main, un Morty ciseau fera plus de dégâts à un Morty papier qui en fera quant à lui sur un Morty pierre et ainsi de suite, vous procurant des avantages certains pour la victoire.
Il existe pas moins de 371 Mortys sauvages qu’il vous sera plus ou moins difficile d’attraper, de quoi vous assurer de nombreuses heures de jeu. Vous pourrez les soigner, les déposer à la garderie et collecter tout un tas d’objets vous fournissant des avantages lors des combats. Le jeu est jouable en solo contre l’IA, ou en multi contre vos amis ou des joueurs du monde entier.
Il est prévu pour une prise en main très simple, vous déplacez votre Rick à l'aide du joystick directionnel et sa ribambelle de Morty le suit. Le but du jeu est donc de vaincre le conseil des Rick, pour cela, vous devez collectionner les badges de combats remportés contre d'autres dresseurs à travers le multivers. Le jeu est plutôt répétitif, à l'image de Pokémon, vous arrivez dans un nouveau monde et devez effectuer trois tâches à chaque fois : remporter un badge contre le boss de l'univers, récupérer un objet caché sur la map (objet qui en le bricolant et combinant avec d'autres vous permettra de modifier vos Mortys pour plus d'efficacité) et enfin battre tous les dresseurs se trouvant sur ce monde. Les combats se jouent au tour par tour avec une dose d'aléatoire qui peut vous faire rater votre coup et perdre votre combat.
N'étant pas, de base, une grande fan du jeu Pokémon, je n'accroche pas trop à ce jeu qui se trouve être rébarbatif malgré son côté ironique. L'histoire est simple, la stratégie pas très compliquée et mon plaisir à regarder la série ne suffit pas à me tenir sur ce jeu.
Pour aller plus loin
Pour les fans qui en voudraient encore, sachez que les créateurs de la série ont signé avec Adult Swim pour 70 nouveaux épisodes.
Retrouvez aussi la série version Wallace et Gromit intitulée The non-canonical adventures, créée par Lee Hardcastle, ou la micro-série Rick and Morty : Pixelated réalisée par l’animateur australien Paul Robertson. Un jeu en réalité virtuelle est disponible sur Playstation 4 et Steam, Virtual Rick-ality ainsi que des comics qui sont édités chez Hi comics.
Je ne résiste pas à citer Rick pour terminer cet article :
"It's like Inception, so if it's confusing and stupid then so is everyone's favorite movie."
« C’est comme Inception, si c’est confus et stupide alors tout le monde va adorer. »