Spacebase Startopia - Entre fulgurances spatiales et gros trous d'air
20 ans après la sortie de Startopia sur PC, Kalypso Media et Realm Forge Studios redonnent vie à ce jeu de gestion intersidéral avec une suite spirituelle intitulée Spacebase Startopia. Réussite intergalactique ou simple madeleine de Proust dans une orbite autour de la planète Nostalgie ?
Un jeu ancré dans une époque
Soyons honnêtes d'entrée de jeu : je n'ai jamais joué au Startopia original. N'ayant pas vraiment grandi en jouant sur PC, je n'ai pas mis les mains sur ce jeu mais je me souviens de cette époque de la fin des années 90 où fleurissaient les jeux de gestion du genre comme Theme Park ou encore Theme Hospital. J'avais d'ailleurs passé quelques moments très sympathiques sur la version PSX de ce dernier. Ces jeux avaient la particularité d'alléger la relative austérité des jeux de gestion avec un humour décapant et une direction artistique un peu cartoonesque.
Startopia faisait partie de cette génération de jeux et c'est avec un certain enthousiaste qu'avait été accueilli l'annonce de ce Spacebase Startopia, à mi-chemin entre le suite et le remake, qui est disponible sur PC bien sûr mais aussi sur Xbox One, Nintendo Switch et PS4. Ce test a d'ailleurs été réalisé à partir d'une version PS4.
Bienvenue dans Spacebase Startopia
Les premières minutes de jeu abondent de promesses. Dans une cinématique à l'aspect très bande dessinée, Startopia pose les bases de son univers, il nous présente l'ensemble des aliens qui le peuplent et notre rôle en tant que gestionnaire de station orbitale. Tout ceci nous est conté par VAL, une intelligence artificielle pour le moins sarcastique, chargée de nous guider dans notre mission.
Le ton est donné avec un humour dans la lignée de l'incontournable H2G2 : Le Guide du voyageur galactique. Startopia, votre station spatiale, est la ville du futur, le lieu de la concorde entre les différentes espèces de l'univers et la promesse d'une vie meilleure pour tous. Tout un programme.
Une station spatiale et spacieuse
Le mode solo du jeu fait office de gros tutoriel découpé en missions pour nous expliquer comment gérer notre station spatiale et en saisir tous les rouages.
Une station se compose de plusieurs niveaux. Le niveau de base est votre zone cargo, dans laquelle les voyageurs débarquent et où se situent vos infrastructures de base comme votre centre de recyclage, votre infirmerie, votre poste de communication, votre commissariat, vos usines ainsi que le foyer chargé d'accueillir vos travailleurs. Ce niveau permet à votre station de rester propre de garantir le logement, la santé et la sécurité à vos occupants.
Au-dessus se trouve le pont biologique, une sorte de jardin terraformée dans lequel vous pouvez extraire des plantes, des minerais ou de la nourriture. Ces ressources vous permettront à la fois de produire des objets dans votre usine et de commercer avec d'autres stations.
Au dernier niveau, le pont des loisirs est l'endroit où vos habitants viennent se détendre dans des discothèques, des salles d'arcade ou encore des bars à chats.
Alien, quel est ton métier ?
Votre objectif est donc de développer progressivement vote station pour récolter des ressources et augmenter votre prestige. Plus votre prestige sera grand, plus vos touristes seront prestigieux et plus vous pourrez prétendre à de nouvelles infrastructures.
Pour cela, il faudra également prendre en compte le niveau de satisfaction de vos pensionnaires. Ceux-ci sont répartis entre différentes races, ayant chacun leur fonction. Les chétifs Telgors sont assignés au centre de recyclage, les gracieuses Dryades ont un talent naturel pour la récolte, tandis que les imposants Léviathans excellent dans le maintien de l'ordre.
À vous de détecter les meilleurs éléments, de les engager et de veiller à la réussite de leurs missions au sein de Startopia.
Des cycles de jeu nébuleux
Vous l'aurez compris, le jeu propose pas mal d'options et de bâtiments différents mais il s'agit en réalité d'une diversité de façade. Dans toutes vos parties, il vous faudra en réalité passer par les mêmes étapes et les mêmes évènements se produiront au fur et à mesure de votre progression. La campagne solo pimente un peu cet aspect en donnant des petits objectifs à réaliser entrecoupé d'obstacles différents, mais ceux-ci se répètent simplement à intervalles réguliers, le temps que vous produisiez le nombre de ressources nécessaires pour passer au niveau suivant.
Pour masquer ce game design un tantinet fainéant, le jeu vous abreuve d'informations via une interface utilisateur plutôt inélégante qui a tendance à vous plonger dans une certaine perplexité. La charge cognitive initiale est en effet assez importante pour un jeu finalement plutôt simple.
Une gravité en trompe l'œil
Durant les premières missions, j'ai passé beaucoup de temps à me demander ce que je devais faire précisément pour accomplir mon objectif. À l'écran, des indications me donnaient l'impression de m'assister et VAL ne cessait de maudire mes piètres qualités intellectuelles dues à ma condition de forme de vie carbonée. Je me suis finalement rendu compte qu'il suffisait en fait simplement de construire tout ce que je pouvais sans développer une quelconque stratégie ni même veiller au bonheur de mes citoyens.
Construire, attendre, puis construire à nouveau, attendre encore et passer au niveau suivant. De tant à autre je décrochais mon regard de mes chiffres pour voir errer ma population de droite à gauche en m'interrogeant sur le sens de leur existence. Bien sûr l'attente fait partie intégrante d'un jeu de gestion, mais difficile de ne pas songer à ce que le jeu aurait pu faire de plus avec un univers si riche. Si vous ajoutez à cela le rythme du jeu plutôt lent, vous finirez rapidement par même vous lasser des réparties cinglantes de votre alliée cybernétique.
Une optimisation perdue dans l'espace
La technique du jeu risque également de mettre votre patience à rude épreuve. Si la direction artistique est amusante et que le chara design des aliens fonctionne plutôt bien, l'optimisation du jeu n'est pas vraiment au rendez-vous, du moins sur PS4.
On le sait, le jeu de gestion est un genre d'abord pensé pour les PCistes mais de nombreux progrès ont été fait sur les adaptations consoles de ce type de titre ces dernières années. À cet égard, Two Point Hospital, remake de Theme Hospital, a très bien su adapter son interface aux consoles de salon.
Dans Startopia, c'est tout l'inverse. L'utilisation des boutons est contre intuitive, les raccourcis manettes sont maladroits et le HUD se surcharge à vouloir expliquer tout et son contraire. Votre curseur est lent et la caméra est beaucoup trop sensible. Et ce n'est pas tout. Notre test a été réalisé sur une PS4 classique et même si le jeu ne bénéficie pas d'une réalisation incroyable, de très gros ralentissements se sont fait ressentir à mesure que ma station grandissait. La musique disparaissait même de temps à autre pour revenir par surprise gronder dans mes oreilles alors que j'essayais de reprendre le contrôle de ma station.
À la sixième mission du jeu, naviguer sur les différents ponts de ma station est devenu vraiment pénible et ce qu'il me restait d'amusement a été happé dans un trou noir. Cette navigation saccadée combinée à une caméra déjà capricieuse en temps normal m'a contraint à faire une pause pour éviter la syncope.
Était-ce le mal de l'espace ou le manque d'oxygène? Après une aspirine, j'ai rallumé la console et chargé ma sauvegarde, ce qui a fait planter ma PS4 instantanément, deux fois de suite. Dans ces conditions, je n'ose même pas imaginer les performances de la version Nintendo Switch.
Startopia Wars
Startopia est pensé pour le multijoueur. En effet, l'une des raisons pour lesquelles le jeu ne possède pas un vrai mode campagne en solo est qu'il se définit davantage comme un bac à sable d'une part (une mode partie libre est d'ailleurs disponible) et comme un soft multijoueur d'autre part. Dans celui-ci, vous devez en principe développer votre plus belle station tout en sabotant celle de votre adversaire. En fonction des paramètres définis avant la partie, la victoire peut être militaire, économique, sociétale ou technologique.
Emballé par cette perspective d'enrichissement de gameplay, j'ai tenté l'aventure, attendu de longues minutes mais je n'ai pas réussi à trouver une seule partie disponible. Difficile donc de me prononcer sur cet aspect du jeu, mais les problèmes rencontrés dans le mode solo ne devraient en tout cas pas favoriser la tenue d'une partie en ligne.
Space Startopia rate son lancement
Spacebase Startopia bénéficie d'une présentation engageante tant dans son style graphique et son humour que son système de jeu. Les fans du premier Startopia seront probablement aux anges de retrouver leur jeu fétiche avec une réalisation plus moderne et colorée.
Passé cette première impression, le jeu sonne malheureusement creux, faute d'enjeux suffisants et souffre surtout d'un cruel manque de finition, surtout sur PS4. Au vu des articles publiés au sujet de la version PC, celle-ci semble jouir d'une meilleure optimisation et d'un plus grand confort d'utilisation. Étant donné l'héritage du jeu, il est logique que la version PC ait été privilégié mais peut-être aurait-il mieux valu confier les portages sur console à une équipe différente, quitte à en différer quelque peu la sortie.
Quel que soit le support, Spacebase Startopia donne tout de même un peu l'impression d'un remake réalisé à l'économie, misant davantage sur la nostalgie que sur une réelle proposition de jeu ambitieux.