Un retour fracassant
Ratchet & Clank: Rift Apart, troisième exclusivité Playstation 5, signe le retour d’une des mascottes phares des consoles de Sony. Avec un titre sous le signe de la vitrine technique, Insomniac Games nous propose son troisième jeu en 8 mois d’existence de la console avec le remaster de Spider-Man et son stand-alone Miles Morales. Mais Ratchet & Clank, tout en ne réinventant pas la roue, est bien plus qu’une vitrine technologique en étant un jeu de qualité.
Qui son Ratchet et Clank ?
Saga chère à Insomniac, Ratchet et Clank sont né en 2002 sur la Playstation 2. Depuis, les deux comparses ont vécu pas mal d’aventures et survécu là où beaucoup d’autres mascottes sont passées de vie à trépas (Sly, à jamais dans nos cœurs) au profit de licence plus “adulte”.
Pas moins de 11 jeux composent la série principale avec son lot de spin-off ainsi qu’une adaptation cinéma. Depuis 2016 et le remake du premier jeu, la licence se faisait discrète au profit du tisseur de toile pour Insomniac mais a fait un retour pour le moins fracassant lors de la présentation de la Playstation 5 l’an dernier.
Entre porte d’entrée et hommages aux fans
Ratchet & Clank: Rift Apart débute avec l’introduction d’un nouveau personnage: Rivet. Première lombax connue après Ratchet, Rivet semble mener une résistance farouche à l’empereur Néfarious. Le temps d’une transition plutôt réussie, on retrouve notre cher duo assistant à une fête en leur honneur, l’occasion pour les néophytes de découvrir les aventures passées de Ratchet et de Clank. Clank ayant fait la surprise à Ratchet d’avoir réparé le dimensionator afin que celui-ci parte à la recherche de ses congénères. Les choses tourneront au vinaigre quand Néfarious, le docteur cette fois, s’empare de l’objet afin de semer la zizanie dans la galaxie.
Si le scénario est simple, il n’est pas simpliste pour autant. L’histoire est bien racontée, portée par des doubleurs de qualité campant des personnages hauts en couleurs. On s’attache à Rivet instantanément de par son caractère et sa prévisible, mais néanmoins réussie, backstory. Le jeu jongle habilement entre séquences d’émotions et humour tranchant. Le risque avec ce genre d’équilibre est que le jeu ne soit jamais drôle et que les séquences émotionnelles loupent le coche; mais ici le pari est réussi. Les blagues font souvent mouche alors que les moments sérieux, sans décrocher une larme non plus, créeront un sentiment d’attachement aux personnages concernés.
Une leçon de rythme
Le rythme est une notion importante dans un jeu vidéo et celui-ci fait souvent défaut à bon nombre de triple A. C’est un point que je remarque dans bon nombre de productions récentes. Une fois les premières heures passées, les plus importantes dans un jeu pour capter l’attention du joueur. Les jeux tombent dans une certaine routine, nous savons à quelle sauce nous allons être mangés pendant plus ou moins d’heures jusqu’aux crédits et souvent les jeux sont trop longs et perdent en saveur au fur et à mesure. Ce n’est pas le cas de Ratchet & Clank: Rift Apart.
Si à l’instar de ses prédécesseurs le jeu dure grosso modo une douzaine d’heures, ce qui peut paraître court aux adeptes d’open world aux 1500 quêtes fedex, ce nombre traduit une belle maîtrise du rythme du jeu. Ratchet & Clank: Rift Apart est un jeu dense qui ne souffre d’aucun ventre mou et nous tient en haleine d’un bout à l’autre en renouvelant l'expérience de jeu presque à chaque planète visitée. Planètes dont l’aventure sur chacune se termine souvent par un coup d’éclat qui font partie des meilleurs moments du jeu (coucou le réparateur). Une fois achevée, l’envie de recommencer l’aventure se fait sentir. Achever le jeu à 100% est tout aussi tentant vu que le côté collectathon (désignant les jeux de plateforme centré sur la collecte) est systématiquement récompensé en termes de lore, d’objet et même de code de triche.
Un gameplay peu innovant mais équilibré
Rift Apart continue de surfer sur les bases posées par Ratchet & Clank 2 avec un savant mélange entre plateforme et shoot. Ce dernier aspect a pris de plus en plus l'ascendant sur le premier avec toujours plus de séquences de tir. Avec Rift Apart, on prend les mêmes et on recommence. Les phases de tirs, qui composent une grande partie du titre, sont très agréables à jouer avec un éventail d'armes moins important que par le passé mais qui a le mérite d'être équilibré tout en proposant de créer des "combos" en changeant d'armes à la volée. Le nouveau système de dash apporte toujours plus de nervosité aux affrontements.
Il est aussi possible d'améliorer nos armes en récupérant du Raritanium disséminé sur les cartes, en montant de niveau à force d'utilisation celles-ci évolueront, changeant ainsi la jouabilité. Toutefois, le jeu ne tombe pas dans l'écueil du light RPG car toutes les améliorations restent simples et on se concentre sur le principal, l'action.
Ce classicisme pourrait être un défaut dans une licence annuelle, pour une saga comme Ratchet & Clank c'est en fait plutôt positif. Cinq ans se sont écoulés depuis le dernier épisode qui n'était qu'un remake du tout premier jeu. Alors retrouver Ratchet, son gameplay et son ambiance donne un sentiment de fraicheur plus que bienvenue.
Un unique défaut
Si Rivet est un personnage vraiment attachant, en terme de jouabilité, elle n'est qu'une "skin" de Ratchet. En effet, les deux personnages partagent le même inventaire ainsi que le même gameplay, portant parfois atteinte à la cohérence. Par exemple, quand Ratchet récupère en début de jeu l'objet qui lui permet de courir sur les murs, celui-ci se retrouve automatiquement dans l'inventaire de Rivet, alors que les deux ne sont encore jamais croisés.
On sent que des choses étaient prévues pour elle (notamment au niveau de son bras robotique) mais que le scope (ambition, budget du jeu) était trop restreint pour insérer deux gameplay totalement différents. Si le jeu reste de très bonne qualité, on espère toutefois un nouvel épisode mettant plus en avant les différences entre les deux lombax.
Le retour des mascottes?
À l’heure où j’écris ces lignes, Ratchet & Clank: Rift Apart est un beau succès malgré le parc installé de PS5 réduit par les ruptures de stocks. Peut-être un signal pour Sony que oui, le public veut encore des jeux plus colorés au milieu d'œuvres plus "adultes".
Peut-on espérer un retour inespéré d’autres mascottes de l’écurie Sony? Si un Jak and Daxter semble compromis du côté de chez Naughty Dog, Sucker Punch, quant à eux, pourrait faire revivre Sly et sa bande. La licence est en mort cérébrale depuis déjà quelques années malgré le projet de film, devenu série, c’est peut-être le moment de faire revenir le raton voleur pour Sony. Rien que d’imaginer l’univers du jeu à la sauce next-gen me ferait frémir d’impatience.
Un retour fracassant avec ce Ratchet & Clank: Rift Apart
Sony continue de profiter du vivier qu'est Playstation Studios et des équipes talentueuses qui les composent. Avec cette troisième exclusivité, la Playstation 5 dispose d'un nouveau jeu de grande qualité pour les petits et les grands avec une histoire empreinte d'humour mais aussi de moments plus touchants et un gameplay vraiment sympathique à prendre en main. On attend impatiemment le retour de Ratchet, Clank et Rivet pour un nouvel épisode, peut-être plus ambitieux !