Call of Cthulhu - Une bonne histoire mais au gameplay inégal
Call of Cthulhu est un jeu d’aventure dans une ambiance horrifique sorti le 30 octobre 2018 et développé par Cyanide. Il est le jeu vidéo officiel du jeu de rôle éponyme sorti chez Chaosium et édité en France par Sans-détour. Le jeu de rôle est lui même inspiré des œuvres de Howard Philippe Lovecraft, dont le recueil le plus connu se nomme, L’appel de Cthulhu. Dans l'ouest américain des années 20, difficile de différencier le réel de l’imagination pervertie par les lectures occultes. Après l'avoir tâté à la PGW, il est temps de tester le jeu complet !
L’histoire du jeu Call of Cthulhu
Vous êtes Edward Pierce, un ancien vétéran de guerre devenu détective privé. Porté sur l’alcool par faute de trouver une affaire qui l’intéresse, sa prochaine affaire sera sa dernière chance de garder sa licence. Un jour vint un homme, Stephen Webster, qui lui demande d'en apprendre plus sur la mort de sa fille Sarah Hawkins, une peintre reconnue. Cette dernière est décédée avec son mari et son fils dans un incendie de leur maison. Considérée comme folle, elle serait à l’origine du feu.
Cependant, M. Webster a reçu un tableau chez lui : il présente un homme encapuchonné à l'air menaçant qui surplombe une femme et arbore un symbole étrange sur sa tunique. Cette oeuvre aurait été peinte par sa fille, la mention de l’expéditeur parle d’un “entrepôt 36” sur l’île de Darkwater, l’île sur laquelle habitait Sarah.
Nous sommes ici en présence d’un début d’histoire dans la veine des récits écrits, ou attribués, à H.P. Lovecraft. Un personnage en proie aux doutes de par son passé se retrouve face à l'indicible. Tout va commencer par une simple enquête sur la mort de cette femme et sa présumée folie. Mais peu à peu, l’occulte s’installera et la santé mentale de Pierce et la vôtre, se verront perverties.
Un jeu d’aventure linéaire avec un soupçon de RPG
Commençons par désamorcer tout de suite le premier a priori. Le terme RPG utilisé pour présenter Call of Cthulhu n’est là que pour parler des compétences de notre personnage. Ces compétences, présentées en pourcentages, sont l’éloquence, la force, l’investigation, la psychologie, trouver objet caché, la médecine légale et l’occultisme. En dehors de ces deux dernières vous pourrez les augmenter au fil de votre aventure grâce aux points d’expériences que vous obtiendrez, d’une valeur de 5% par point d’expérience. Les deux dernières ne pourront s’améliorer qu’en trouvant certains objets ou en subissant leurs effets.
Ces sept compétences vous permettront de débloquer des séquences de dialogues inaccessibles ou de faire un “test”, à l'instar du jeu de rôle papier. Les tests peuvent autant se trouver dans les dialogues, afin de tenter d’intimider ou de convaincre votre interlocuteur, que pour crocheter des portes, soulever de lourds objets, etc. Ces compétences vous permettront ainsi parfois de trouver une autre manière, par exemple, d’entrer dans un bâtiment ou encore d’accéder à de nouvelles informations.
Sans ce côté JdR papier simplifié, nous nous retrouvons devant un jeu à la progression linéaire. L’histoire se déroule au fur et à mesure de vos objectifs. Pas, ou peu, de liberté. Vous allez où l’on vous demande d’aller, vous investiguez, vous parlez, vous résolvez parfois une énigme, vous changez de lieu. Certaines phases ne sont que des moments où il faut trouver un objet, une trace, et Pierce nous racontera ce qu’il pense s’être passé dans le lieu, ne nous laissant pas de possibilité de réfléchir par nous même. Rien de très compliqué mais ce n’est pas un point forcément négatif, le cœur même de Call of Cthulhu reste son ambiance Lovecraftienne angoissante plutôt bien retranscrite. Durant le jeu vous ferez tout de même face à des situations où la discrétion sera de mise au risque de devoir reprendre au point de chargement précédent.
Il est à noter que le jeu ne dure qu’une dizaine ou douzaine d’heures. On aurait pu en vouloir un peu plus au vu des possibilités du jeu. Call of Cthulhu présente également quatre fins différentes qui, malgré leur accès grâce à vos actions durant le jeu, ne sont qu’un choix à la fin de celui-ci. Ce qui est un peu décevant.
Une direction artistique aux tons verts angoissants
Disons-le tout de suite, ce jeu est terne, morne, verdâtre, et c’est exactement ce que l’on pouvait attendre d’une adaptation de Cthulhu. Toutes les œuvres “Lovecraftiennes” sont très sombres, le mystère est toujours présent. En terme colorimétrique, le vert et les couleurs sombres brunes ou grises participent à donner cette ambiance.
Malgré une qualité graphique qui n’est pas au niveau de jeux un poil plus vieux, Call of Cthulhu arrive de par son ambiance à retranscrire, de façon crédible, l’aura des histoires vécues par les protagonistes des nouvelles de Lovecraft. Histoires que je vous invite d’ailleurs à lire en commençant par le recueil fondateur, Le mythe de Cthulhu.
Côté sonore le jeu s’en sort plutôt bien. Étant moi même plutôt peureux sur les jeux, jouer au casque peut parfois être assez angoissant. Calme ou plus intense quand il le faut, la musique sait très bien accompagner le joueur. Malgré tout, les dialogues de certains PNJs que vous croisez se répètent. Une telle boucle, parfois courte, nous montre que nous sommes bien dans un jeu.
Un avis plutôt positif sur ce jeu
Il est préférable de connaître un minimum cet univers ou ce type de jeux, pour vraiment s’attaquer à Call of Cthulhu. Malgré une ambiance très réussie, le gameplay est parfois un peu poussif et seule l’envie de voir la suite de l’histoire vous fera passer ces quelques passages. Sans nous sortir un triple A, Cyanide aura su nous sortir un double A qui ajoutera au Mythe une nouvelle oeuvre méritant de porter le nom d’Appel de Cthulhu. Et j’espère sincèrement qu’après une itération des quelques phases problématiques, Cyanide nous ressortira un nouveau jeu sous cette licence riche de possibilités.
Si vous souhaitez en voir un peu plus que des trailers, je vous invite à regarder le live que j’ai réalisé à l’occasion de la sortie du jeu pour Halloween.