Obey Me - Le diable est dans les détails
La même semaine qu'un certain Streets of Rage 4, sortait un beat them all d'un tout autre genre. Dans Obey Me, les démons sont de sortie et Vanessa Held va avoir recours à la violence pour collecter leurs âmes tourmentées.
Vanessa sans Paradis
Ce monde est corrompu. Les enfers et le paradis ont pris notre terre pour un champ de bataille et il semblerait bien que ce soit les armées de Satan qui aient remporté la guerre. Vous démarrez dans la peau de Vanessa Held, un démon de rang inférieur mais qui compense par sa fougue et son sarcasme à toute épreuve. Accompagnée de Monty, son goguenard chien des enfers, Vanessa accumule les basses besognes pour le compte du seigneur Ammon. Des missions qui consistent la plupart du temps à collecter des âmes en massacrant des hordes de démons. Bien sûr, Ammon a de la suite dans les idées et nous jouons un rôle clé dans son plan machiavélique... Mais ça c'est une autre histoire.
Duo démoniaque
Vous l'aurez compris, le monde d'Obey me n'est pas des plus lumineux. La ville, premier théâtre de vos aventures, empeste la corruption. Des spores et des parasites suintent des murs et des pavés entre des poubelles éclairées par la lumière blafarde de néons racoleurs. Dans ce décor un brin glauque, Vanessa et Monty forment un duo de démons désabusés plutôt charismatique. Toujours encapuchonnée et un brin énervée, notre héroïne n'est écœurée que par une seule chose, l'hygiène douteuse de Monty, toujours prêt à dévorer les créatures dégoulinantes qui croisent son chemin. Dans des niveaux au level design tortueux que l'on visite en vue de dessus, nos deux acolytes baignent dans la sang, la fange et la décadence. A l'exception d'un niveau situé assez tard dans le jeu, l'aventure ne se départit jamais de cette crasse ambiante. Une identité assumée même si on aurait aimé un peu de variété et éviter ainsi, par exemple, le sempiternel niveau des égouts.
Des faux airs de Dante
Heureusement, Obey Me, né d'un projet crossmedia jeu vidéo-bande dessinée, est porté par une direction artistique et des dialogues très inspirés par les comics, ce qui permet au jeu de garder une certaine pêche dans toute cette noirceur. Les couleurs sont flashy, les réparties sont cinglantes et le rythme est nerveux. Côté gameplay, l'inspiration principale du jeu ne se trouve pas outre-atlantique mais bien au Japon. A de nombreux égards, les péripéties de Vanessa et Monty, rappellent celle de Dante dans la saga Devil May Cry. Comme dans la franchise de Capcom, Vanessa manie uniquement des armes démoniaques portant le nom d'une entité maléfique. Chaque arme possède son style de jeu basé sur la rapidité, la puissance, ou même le contre. En un simple bouton, il est possible de passer d'une arme à une autre, de dasher pour éviter une attaque et de tuer son adversaire à distance. Les combos sont également au rendez-vous avec des timings à respecter pour enchaîner les meilleurs coups. On frappe, on se téléporte, on esquive, tout est rapide et spectaculaire.
Exercices de style
Plus vous "combotez" vos ennemis en variant les coups et les esquives, plus vous serez récompensé par des orbes d'énergie et une note de style entre D et SS... Encore un hommage à la licence Devil May Cry. En guise de Devil Trigger, Vanessa peut dépenser son énergie démoniaque en fusionnant avec Monty. Une transformation qui lui permettra de regagner de la vie et de faire plus de dégâts. Si Monty est un familier qui lance des sorts en support pendant que vous combattez, sachez qu'il peut également être contrôlé à tout moment par un deuxième joueur en local en activant la coopération dans le menu de pause. Obey Me devient alors un vrai jeu de massacre. Monty ne possède pas certes autant de coups et de combos que Vanessa mais il reste très fun à manier et peut vraiment aider à passer certains passages pas évidents.
Entre deux mondes
Plutôt simple lors des premiers niveaux, les missions de Monty et Vanessa montent clairement en challenge au fur à mesure et deviennent très corsées dans le dernier quart du jeu. Les démons fondent sur vous par vague et les redoutables boss font énormément de dégâts. N’espérez pas vous en sortir en martelant votre manette frénétiquement au hasard. Si vous ne maîtrisez pas correctement les enchaînements entre vos armes, les esquives et les sorts de Monty, vous allez clairement mordre la poussière encore et encore.
Dans le même temps, le level design devient de moins en moins inspiré et cela se ressent. Les niveaux traînent en longueur avec toujours plus de démons, des séquences de pièges pas franchement folichonnes et des puzzles sans grand intérêt. L'idée de cette alternance amuse au début mais finit vite par lasser. Au fil des heures, Obey Me se retrouve un peu "le cul entre deux chaises". Nerveux et accessible comme un beat them all à l'ancienne, sa difficulté et son rythme finit par le trahir. Précis et délirant comme un Devil May Cry ou un Bayonetta, le jeu n'arrive jamais au niveau de ses aïeux à cause de son level design bien trop sage et répétitif. Même si Vanessa affronte les démons en gros, le diable est souvent dans les détails.
S'il manque donc d'efficacité sur la durée, Obey Me ravira cependant les fans de gameplay dynamique et exigeant en leur proposant des batailles épiques seuls ou à deux. On ne peut que saluer tout le travail fait au niveau des combos, des armes, des sorts et de la fluidité avec laquelle tout s'enchaîne à la perfection. Les aventures de Vanessa et Monty ne manquent pas de charme et font figure de débuts encourageants pour le jeune studio argentin Error 404.