Une chute de plein pied
Hindsight 20/20 Wrath of the Raakshasa est un jeu d'action édité et développé par Triple-I Games. Si c'est le premier jeu d'un studio indépendant ils ne sont cependant pas menés par n'importe qui. En effet, aux commandes de ce Hindsight se trouvent des vétérans de Bioware et Sucker Punch Studios.
Une sombre histoire
Hindsight 20/20 nous met aux contrôles de Jehan, homme n'ayant qu'un bras. Il souffre de la destruciton de son village, emporté par un mal mystérieux. En effet les habitants se sont mis à se transformer en bêtes assoiffées de sang appelés Raakshasa.
Notre aventure commence lorsque Jehan retourne dans le passé au début de la catastrophe pour essayer de sauver son village. Il arrive malheureusement trop tard puisqu'il assiste au suicide de son meilleur ami qui était en train de se transformer en Raakshasa. Cet ami avait d'ailleurs été arrêté par le garde qui a tué le père de Jehan. Ça donne le ton.
Des graphismes aux petits oignons et un level design aux fraises
L’une des choses qui m’avait attiré vers Hindsight 20/20 est la qualité de ses graphismes. J’avais un peu l’impression de voir un Warhammer Battle en mod chibi qui savait plaire à ma rétine. Et si ce style ne plaira pas à tout le monde, force est de constater que les graphismes sont soignés. Même si l’on reste tout le jeu dans le même village, chaque bâtiment a sa palette graphique bien à lui. Les effets sont aussi très agréables, surtout quand notre héros sort son épée. Que ce soit pour les effusions de sang ou les coups spéciaux ce Hindsight fait plaisir à voir.
Mais, si tous les niveaux ont leurs propres ambiances visuelles, ils ont tous le même réel défaut. Ils sont, dans le fond, tous identiques. Si la disposition des salles et l'agencement des lieux changent, vous évoluerez toujours dans des bâtiments clos. Les salles sont reliées par des couloirs en général remplis de pièges redondants. Ces pièges sont assez simples puisque ce sont plus ou moins des champignons à esquiver. Et même si certains bougent ils ne représentent pas vraiment de danger, mais ralentissent considérablement votre... état des lieux ?
Si ces pièges ne sont pas un challenge en soi, ils soulignent à merveille à quel point les lieux que vous explorez sont vides, puisqu'à part eux, il n'y a rien dans les couloirs et sûrement pas d'ambiance sonore ou de map pour vous aider. Et vous allez les arpenter longtemps.
En arrivant dans un bâtiment, vous devrez trouver la seule salle ouverte et, après un court combat, vous récupèrerez une clef de couleur ouvrant une autre porte correspondante. Il y a dans certains niveaux une petite énigme mais vous avez là le schéma classique des niveaux de ce jeu. Vous avez dit DOOM ? Pas exactement.
Un gameplay à double tranchant
Le gameplay de Hindsight se voulait original en proposant deux systèmes différents se basant sur les combos. Notre héros a deux armes qu'il pourra sélectionner à tout moment. Ces armes correspondent à une philosophie de combat, le bâton assomme l'adversaire et l'épée le tue. Chaque créature du jeu (y compris Jehan) possède deux barres de vie, une pour chaque style de combat. Vous trouverez aussi des ennemis qui voudront vous tuer ou vous assommer, attaquant la barre de vie correspondante. À noter que quelle que soit la manière dont vous perdez vous reprendrez simplement votre combat du début. Un peu dommage quand le jeu met l'accent sur les conséquences de vos choix et la manière dont vous combattez.
L'autre aspect principal du gameplay de Hindsight est que les combats fonctionnent, pour vous, par combos. Les attaques de bases de vos deux armes ont une chaîne de 6 coups et seuls les coups 3 et 6 infligent des dommages. Et ce n'est pas comme si ça ne les touchait pas puisque les ennemis sont tout de même interrompus et votre combo est réinitialisé si vous ratez un coup. Ce n'est évidemment pas expliqué. Donc, à ce qu'on sait, Jehan s'amuse à frapper avec le plat de son épée deux coups sur trois.
Dernier élément de gameplay problématique, notre héros possède une barre d'endurance. Cette barre est composée de segments qui se vident lorsque vous utilisez votre dash. Elle se remplit rapidement mais vous n'en avez pas besoin pour courir, frapper ou quoi que ce soit d'autre. En revanche, si cette barre se vide, Jehan ne pourra plus donner un seul coup et se traînera comme un escargot asthmatique tant qu'elle ne se sera pas remplie totalement. Cette barre existe donc uniquement pour vous punir si vous utilisez un peu trop votre dash, mais vous pouvez spammer les coups comme vous voulez, pas de soucis.
Certains combats sont rasoirs
Après, ne vous inquiétez pas. Les combats ne sont pas difficiles pour autant puisque vous vous téléportez sur une courte distance quand vous frappez et que les ennemis de base meurent en deux coups, ou six si vous comptez ceux qui n'infligent pas de dégât. Il y a deux types d'ennemis, ceux attaquant au corps-à-corps et ceux à distance. Les ennemis à distance sont immunisés à tous vos coups tant que vous ne leur avez pas renvoyé l'un de leurs projectiles. Ceci fait, ils seront alors momentanément vulnérables. Vaincre un ennemi vous permet de récupérer du Shakti qui alimente vos coups spéciaux. Il y en a plusieurs, parmi eux se trouve l'attaque à distance. Elle se déclenche instantanément (pas besoin de combo) tue en un coup et vise automatiquement l'ennemi le plus proche. Presque plus besoin de se battre.
Les boss offrent tout de même un défi parfois surprenant. Ils ont tous leurs propres petites mécaniques et, en jonglant avec les différentes compétences du héros, les combats sont au final assez originaux et intéressants. Surtout que la plupart des boss peuvent vous tuer très rapidement, prudence donc.
Des choix... originaux
Outre la possibilité de choisir qui doit vivre ou mourir par le gameplay lui-même, Hindsight 20/20 propose des choix très concrets influant sur l’histoire. Venger la mort de votre père par le sang, tuer une femme déjà changée en Raakshasa…
Certains choix sont cependant complètement absurdes. Par exemple, pour une mission, vous avez accepté d'aller sauver les enfants d'une amie. Une fois le donjon terminé et le boss vaincu, vous trouvez donc la cellule des enfants et votre héros s'arrête. Vous pouvez alors choisir de les délivrer ou juste de les laisser là. Il n'y a, a priori, aucun intérêt pour le héros de ne pas les sauver. Ils ne sont même pas en train de se transformer en Raakshasa. Et Jehan n'explique pas pourquoi il hésite. Il vous laisse simplement le choix de laisser mourir des enfants pour le plaisir. On est très loin du héros vertueux venu sauver son village.
Hindsight 20/20, un jeu au potentiel manqué
Que dire de plus sur ce Hindsight 20/20 Wrath of the Raakshasa ? Les mécaniques qui devaient être originales ne sont pas suffisamment poussées pour être vraiment intéressantes. Elles montrent cependant une envie de proposer autre chose mais c’est encore à creuser. J’aurais aimé que ce jeu me plaise, vraiment, mais ça n’est pas le cas. Peut-être verrons-nous un jour une belle mise à jour corrigeant les problèmes. Ou peut-être une suite apprenant de ses erreurs. L’espoir n’est pas perdu.