Paper Beast Folded Edition - Une version sur PC qui réussit à s'affranchir de la VR
Sorti plus tôt cette année, uniquement en exclusivité PSVR, le jeu d'Eric Chahi, Paper Beast débarque dans une version PC jouable sans VR intitulée : Paper Beast Folded Edition, édité par Plug in Digital et Pixel Reef qui s'occupe également du développement. Le créateur du fameux Another World, de Heart of Darkness ainsi que de From Dust réussit-il le pari du walking simulator à la française ? L'équipe de Pixel Reef parvient-elle à faire d'un jeu VR, un "simple jeu vidéo" ? Sachez que je n'ai pas testé la version VR, par conséquent je traiterai le jeu comme je l'ai eu : sur mon écran avec une souris et un clavier.
"Vos papiers s'il vous plaît"
Tout d'abord, présentons l'histoire ! Eh bien c'est une tâche difficile, l'univers est extrêmement cryptique et on ne sait pas vraiment ce qu'on fait là. Vous vous réveillez dans une sorte de simulation, une fois l'application de musique lancée, vous voilà dans une cabine avec un lecteur cassette. Tout à coup, les rideaux s'envolent ! Le désert et les montagnes à perte de vue et vous rencontrez votre première bête en papier...
Le jeu fait la part belle à l'interprétation avec quelques passages clefs et surtout une direction artistique qui peut mettre sur la voie. Je pense particulièrement aux tempêtes composées de chiffres et de lettres (un jeu français qu'on vous dit) qui offre plusieurs niveaux de lecture. En tout cas, on contrôle un personnage : scientifique, explorateur ou exploratrice ? On ne saura rien et cela peut en déranger certains qui peineront à entrer dans le jeu. D'autres chercheront des réponses. Enfin, certains se laisseront portés par l'univers comme ce fut mon cas !
Le manque d'histoire dans Paper Beast n'empêche pas l'immersion. Du moins, ça n'a pas été le cas pour moi. La contemplation est de mise dans cette univers origamiesque. En effet, le visuel du jeu m'a beaucoup plu. Les designs des girafes, tortues, araignées en papier sont magnifiques. Les paysages du jeu ne sont pas en reste et chaque capture d'écran pourrait très bien être un nouveau fond d'écran. Enfin, le comportement de ces créatures est fascinant à observer et on a vraiment l'impression d'être face à de véritables animaux et non de simples IAs. Elles possèdent leurs propres comportements et vous pouvez interagir avec toute cette faune, arrivant à plus ou moins de résultats...
[metaslider id=34054]Du puzzle en safari
Paper Beast Folded Edition est un walking simulator avec des énigmes. Il se rapproche quelque peu du puzzle game. On avance de salle en salle ou plutôt d'étendue en étendue, chacune comportant une sorte de petite énigme. Les contrôles sont très simples, avancer et cliquer pour saisir un objet et le déplacer.
Là où Paper Beast fait fort, c'est qu'il arrive à nous faire comprendre ce que l'on doit faire grâce au level design mais aussi grâce au narrative design. Utiliser un animal pour déplacer le monticule de terre qui bloque le chemin, trouver les corps inanimés afin de leur rendre la vie en les mettant dans l'eau... Tout cela sans aucun message d'aide qui aurait vraiment donné un coup à l'immersion. Cela valorise l'observation du joueur et m'a poussé à faire le jeu rapidement. Certes la durée de vie est faible (environ 4h) mais le sentiment de voyage ludique est particulièrement bien réussi. Surtout dans la première partie du jeu.
Néanmoins, arrivé à la deuxième zone du jeu et quasiment jusqu'à la toute fin, les énigmes se répètent bien trop. Les agréables surprises que constituaient l'appréhension du monde nouveau qui nous entoure font place à une routine où les ficelles de papier sont un peu trop grossières et déjà vues. Et la routine en seulement quelques heures de jeu, ce n'est pas très bon... La carotte qui nous fait avancer est la découverte du fin mot de ce voyage et surtout le besoin de découvrir d'autres bestioles en papier toutes plus fascinantes les unes que les autres.
"Je n'aime pas le sable"
À la fin de Paper Beast, le joueur a accès au "bac à sable". Ce mode de jeu consiste en une grande carte désertique dans laquelle il est possible de terraformer et surtout d'ajouter les animaux rencontrés dans l'aventure. Pour cela, il faut d'abord avoir trouvé les différents collectibles dans le mode histoire. Passée la surprise, ce bac à sable s'avère assez décevant. L'intention est louable mais il fait plus office de gadget que de véritables ambitions. On peut certes changer la météo et créer des étendues d'eau afin de voir le résultat sur les créatures placées ça et là mais rien de bien folichon. Il n'y a presque pas d’interactions entre elles et je doute que l'on puisse passer plus d'une heure sur ce mode qui a au moins le mérite d'exister.
Paper Beast VR ou Folded Edition ?
Pour les besoins de ce test, j'ai consulté plusieurs vidéo de let's play et surtout discuté avec un ami ayant eu le jeu à sa sortie sur PSVR. Après une petite session sur mon ordinateur le constat est sans appel. Je cite : "C'est la meilleure version". Le déplacement en téléportation obligatoire avec la VR l'avait beaucoup déstabilisé, surtout lors des énigmes qui demandent d'utiliser plusieurs objets. Une remarque qui se retrouve sur les différents stream ou vidéo Youtube : la téléportation n'a pas que du bon.
N'ayant pas testé moi-même la VR, impossible de me positionner. Pourtant, je suis plutôt satisfait de mon expérience sur Paper Beast Folded Edition. Le "Jeanthib Seals of Quality" est apposé sur le jeu dématérialisé (le melon vous dites ?). Possesseurs de PC, soyez rassurés ! La version ordinateur est parfaitement fiable voire peut-être meilleure souris en main. Un peu d'immersion sacrifiée sur l'autel de la maniabilité, pourquoi pas ?
Les joueurs PC disent merci à une chouette expérience
Paper Beast Folded Edition ne réinvente pas l'imprimerie. Pourtant, le voyage est plaisant une fois qu'on s'abandonne à la contemplation de ces magnifiques bêtes et du paysage presque onirique dans lequel on se déplace. Malgré une deuxième partie de jeu moins palpitante, l'expérience est agréable et je la recommande chaudement. Bref, il s'agit d'une édition folded très réussie qui parvient à être immersive sans casque VR, ce n'est pas donné à tout le monde. Un bravo à Eric Chahi et à l'équipe du jeu.