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A la rencontre des Gamers - Julien Chièze, journaliste et YouTuber

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Savoie Retro Games 2017 continue ! Après le dernier épisode sur le YouTuber Superflame, c'est aujourd'hui au tour de Julien Chièze, journaliste et YouTuber dont vous avez sûrement déjà entendu parler, de se présenter à vous ! Julien Chièze

[La version vidéo arrive bientôt !]

  • Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Julien Chièze, j’ai 37 ans et ça fait 21 ans maintenant que je fais ce métier. J’ai commencé à l’époque avec JoyPad, PlayStation Magazine… et au fur et à mesure j’ai fait pas mal d’autres choses. J’ai un peu travaillé à la télé sur GameOne et avec Bertrand Amar en production télévisuelle, fait de la radio, co-fondé un site internet de jeux vidéo qui a plutôt bien marché, qui s’appelle GameBlog… et depuis 5 mois maintenant, j’ai quitté GameBlog et j’ai ouvert ma chaîne YouTube. J’ai la chance que ça marche plutôt bien, ça à l’air de plaire aux joueurs donc avec Carole, on s’amuse bien !
  • Un sacré parcours, du coup ! Comment t’es venue cette passion du jeu vidéo ?

Ce n’était pas naturel parce que dans la famille, jusqu’à mes 7-8 ans, on n’avait pas de télé et mes parents n’étaient pas très jeux vidéo. Du coup, je devais aller chez mes amis. Ou quand j’étais à la campagne, chez mes grands-parents, et qu’ils allaient faire des courses, je les accompagnais. Pour les aider un peu, mais surtout parce j’avais vu qu’il y avait des bornes de NES, etc… ! Alors j’allais faire la queue et je regardais. 19247777_1478200735574471_5279075079814314954_nAu fur et à mesure, je trouvais ça génial. Et surtout, je sentais que c’était un média qui était en pleine évolution et qu’on n’allait pas s’arrêter à la 8-bit, les trucs très pixelisés… Je trouvais que c’était un peu comme le meilleur de tous les mondes. Je lisais beaucoup, j’aimais beaucoup le cinéma, et je me disais que ça pouvait rassembler tout ça, avec un élément que tous ces médias n’ont pas : l’interactivité, que je trouvais folle. Il y a des jeux qui m’ont ouvert les yeux : Secret of Mana (sur SNES), et Final Fantasy VI – à l’époque je jouais sur la version américaine donc c’était Final Fantasy III. A ce moment-là, je me suis dit que je ne pouvais pas me contenter d’être juste joueur, même si c’est super - et je le suis toujours-, mais que j’avais envie d’en parler. Et j’ai envoyé des lettres de motivation à Console+, JoyPad… Et je suis très heureux, parce que j’ai rencontré Alain Huyghues-Lacourt, que je lisais dans ces magazines encore avant, et qui est aujourd’hui devenu un ami. Pour moi c’était quelqu’un qui représentait vraiment la passion, c’est-à-dire que c’était un journaliste qui savait transmettre ses émotions. Et ça me fascinait. J’ai eu la chance que Jean-François Morisse, le rédacteur en chef de JoyPad à l’époque, et PlayStation Magazine, me réponde, et me dise de venir. Il m’a fait faire un test sur un jeu assez obscur qui s’appelle Fire and Cloud, ça a dû lui plaire suffisamment pour qu’il me dise de revenir et que j’étais embauché. Donc j’ai commencé comme ça, et j’en suis bien heureux. 21 ans plus tard, j’ai toujours cette même envie, cette même passion.
  • Quelle est la différence principale entre faire du journalisme pour une presse écrite et pour une chaîne YouTube, et que préfères-tu ?

L’aventure YouTube est très récente, ça ne fait que 5 mois, donc je ne peux pas encore tirer de grand bilan. Mais ce qui est sûr, c’est que tu as beaucoup de liberté parce que tu es ce que tu es, et tu dis ce que tu veux. C’est plus rapide aussi, parce qu’un jour tu as une idée, tu n’as personne à aller convaincre. Tu allumes ton ordi, ta webcam, et voilà. Après, je suis assez exigeant avec les gens, mais surtout avec moi-même, donc j’ai encore envie qu’on améliore plein de choses sur la chaîne de Carole et sur la mienne comme la qualité de l’éclairage, etc… Je voulais aussi réussir à faire une chaîne qui permette d’avoir des interviews de personnes qui ne sont pas forcément des grandes stars du jeu vidéo, qui sont un peu plus dans l’ombre mais qui font quand même du jeu vidéo. Tout comme dès le début de cette chaîne, j’ai voulu donner la parole aux joueurs. Et c’est pour ça que lors de l’E3, la Gamescom, le TGS…. on se retrouve avec Carole pour les #CaroJu. A chaque fois on fait des Skype avec plein de joueurs, et c’est cool ! Moi, vous m’entendez depuis maintenant 20 ans, et si je ne vous ai pas encore lassés tant mieux ! Mais il y a plein d’autres gens qui sont aussi des passionnés et qui ont sûrement des choses très intéressantes à dire. Et je trouve qu’on ne vous donne pas assez la parole. Donc sur la chaîne, on va essayer de donner de plus en plus la parole aux joueurs. Ça me paraît important ! Quand on fait des conventions et des salons, on voit que les gens ont des anecdotes, des envies, des analyses, etc… qui sont souvent très pertinentes. Vu que maintenant, je peux faire ce que je veux sur ma chaîne, ça en fera partie.
  • Ça n’a pas été trop dur de passer de l’écrit aux vidéos – même si tu faisais déjà des vidéos avant – et de t’en séparer ?

Mes 10 dernières années ont été essentiellement sur le web, qui a beaucoup évolué. Au tout début d’internet, c’était majoritairement de l’écrit, mais années après années, la bascule se fait de plus en plus avec la vidéo. J’ai fait 12 ans de télé en parallèle avec ce que je faisais à l’écrit et chez GameBlog, donc c’est vrai que j’ai cette habitude-là. Quand je regarde l’objectif, je n’ai pas l’impression de regarder la caméra, j’ai l’impression de vous regarder, j’essaie d’être dans une discussion. C’est pour ça qu’avec Carole on adore les lives, parce qu’on peut dialoguer directement avec les gens, on ne fait pas que balancer une info. Donc la vidéo, j’aime bien. C’est cool, c’est festif, on peut montrer les jeux en mouvement… C’est quand même plutôt intéressant de pouvoir jouer à un jeu quand on en parle, de le montrer directement !

Julien Chièze Julien et AHL
Source : YouTube Julien et AHLSource : YouTube

Cela dit, je n’ai pas lâché l’écrit. J’ai travaillé sur un magazine avec le groupe Hachette, et sur une exposition qui retraçait l’histoire des Final Fantasy parce que c’est une série qui m’est chère. J’adore l’écrit. Je trouve que parfois on veut cantonner les gens et les mettre dans des cases. Moi, au contraire, j’aime bien décloisonner les choses. Ce n’est pas parce qu’on fait YouTube qu’on ne peut rien faire d’autre et qu’on devient YouTuber. Je n’ai rien contre le terme et les YouTubers, depuis quelques mois j’ai la chance de pouvoir en rencontrer plein ! Je trouve que sur cette plateforme, il y a de la vraie créativité, des vrais sujets, et une offre extrêmement riche ! Tu peux avoir du rétro gaming ultra pointu, de l’actu, des petites interviews, du gameplay live… à vous de choisir et de suivre ceux que vous trouvez cool ! Mais en tout cas, bien sûr, je n’ai pas envie de lâcher l’écrit. J’en fais peut-être un petit peu moins en ce moment, mais je pourrais en faire plus demain. Regarde par exemple les conventions comme ici : avant je n’en faisais pas, ou je passais. Maintenant, on commence à nous inviter, et je trouve ça super. Ça nous permet de rencontrer directement les joueurs qui nous suivent sur nos chaînes ou depuis longtemps. Toute à l’heure, je parlais avec un gars qui me suit depuis JoyPad, depuis 20 ans ! C’est génial ! C’est rajouter des cordes à son arc, ce qui me paraît super important. On doit tous continuer d’apprendre, parce que nos métiers vont évoluer. Et je trouve qu’apprendre, de ne pas se cantonner à ses petites habitudes, c’est une richesse. J’adore les pantoufles, mais chez moi, pas au travail. Au contraire ! J’essaie de créer des trucs un peu nouveaux. Parfois ça ne marche pas, ça peut même être raté. Mais ce n’est pas grave ! Tu apprends de tes erreurs. Et puis si ça marche bien, tant mieux. Mais je trouve qu’il ne faut pas avoir peur d’oser faire des choses.
  • Revenons un peu sur ton expérience avec les jeux. Quels furent ton premier jeu et ta première console ?

Et mon premier jeu, sur GameBoy du coup, hormis Tetris qui était avec, c’était Gargoyle’s Quest, qui était génial. C’est un spin-off des Ghosts’n’Goblins où tu incarnes la gargouille méchante. C’est un action-rpg qui était super impressionnant pour l’époque, il y avait vraiment du fond. J’ai toujours été plutôt jeux d’aventure, jeux de rôle… ceux où il y a une histoire. Je suis beaucoup moins jeux de baston, fps… J’y joue un peu mais ce n’est pas ma passion première.
  • Quels sont tes jeux et sagas favoris, et ceux que tu maudis?

Final Fantasy, qui est une série qui m’est chère. Comme je te l’ai dit toute à l’heure, ça m’a vraiment ouvert les yeux. Après, je suis revenu un peu en arrière, j’ai joué aux autres FF, le V, le IV… Et puis le VII et le IX qui étaient fantastiques Aujourd’hui on est peut-être moins dans la grandeur de la saga, mais je ne doute pas qu’ils arrivent à revenir au firmament. J’aime aussi beaucoup la série des Tomb Raider. Je trouve que ça a apporté aux jeux vidéo. Et il y a aussi Resident Evil, Metal Gear qui est, pour moi, une série très importante… Forcément j’en oublie, mais il y en a déjà pas mal là ! Et ceux que j’aime moins… J’ai envie de dire que les jeux que j’aime moins, je n’y joue pas donc forcément je ne les vois pas. Mais un qui m’a fait criser, et qui ressort avec la Nintendo Mini, c’est Super Ghouls’n Ghosts ! Je me rappelle que je l’avais quand j’étais petit. Je l’ai fini, mais tu apprenais beaucoup sur toi-même. Earthworm Jim aussi c’était très dur. Je suis moins sur le skill, la performance. Je suis plus sur l’aventure et l’immersion. Donc c’est pour ça que je suis plus sur ce genre de jeux.

Julien Chièze Super Ghouls’n Ghosts Super Ghouls’n Ghosts
Source : capcom.wikia Super Ghouls’n GhostsSource : capcom.wikia

               Du coup tu n’es pas du tout jeux e-sport ?

Je ne connais pas très bien, je le confesse, mais j’essaie de plus en plus de m’y intéresser car je trouve ça génial et fascinant de voir que ça fédère autant de joueurs. J’adore la compétition sportive pure, le foot, etc… J’y joue et j’adore ça, j’aime la gagne ! Donc je trouve ça très bien de l’apporter dans le jeu vidéo. Mais c’est vrai que je trouve que c’est un peu comme le poker. Quand tu ne connais pas au début, c’est super difficile d’accès. Les termes techniques, etc… Je regarde des compétitions de League of Legends et wow ! « il a snowball sur la lane », « au début il y a le pick-up », et autres… Je ne suis pas encore complètement à jour, mais il faut que je m’y mette plus, parce que je trouve ça super. Et je trouve ça bien. Ça donne une image très positive du jeu vidéo, de montrer que ça rassemble les gens dans les stades, avec une super ambiance.
  • Quel est ton meilleur souvenir lié aux jeux vidéo ?

Quand j’étais petit, quand je rentrais de l’école, je prenais mon magnétophone et j’enregistrais les musiques de jeux vidéo. Secret of Mana, Final Fantasy VI, Soul Blazer… beaucoup de RPG japonais parce que les musiques étaient folles ! Donc je me mettais dans un coin de la map, et j’enregistrais en faisant boucler la musique deux fois, et après j’éteignais. Un jour, j’ai découvert que les musiques sortaient en CD ! Il n’y avait pas internet à cette époque. Et en plus il y avait parfois des réorchestrations, comme Grand Finale sur Final Fantasy VI. Comme en plus je commençais à travailler et à avoir un peu de sous, je crois que toutes mes premières payes passaient dans des achats de CD imports japonais ! J’adorais ça ! D’ailleurs, dans JoyPad, j’ai créé la rubrique « ZikPad » qui était une rubrique de deux pages dédiée à la musique de jeux vidéo, parce que j’adorais ça. Et j’ai réussi à convaincre Jean-François et Trazom, à l’époque, de me filer deux pages pour en parler, et c’était super ! Et après, j’ai continué, mais avec des cassettes VHS ! J’enregistrais des sessions de gameplay. Donc en fait, YouTube aujourd’hui, c’est le chemin naturel. Je n’avais pas d’Elgato, mais j’enregistrais avec ma VHS !
  • Que t’ont apporté les jeux vidéo dans la vie ?

Plein de choses ! D’être là, avec des gens passionnés, souvent passionnants. De gagner ma vie de ma passion, et ça je suis totalement conscient que c’est une énorme chance. Alors, cette chance, je suis allé la chercher. Mes parents ne connaissaient personne dans le milieu de la presse jeux vidéo, c’est moi qui ait écrit ma lettre, qui a visiblement plu, j’ai dû pas trop mal me débrouiller après. Il faut toujours un peu de talent, beaucoup de travail, et un petit peu de chance. C’est le bon moment, les bonnes rencontres, etc…

Julien Chièze Hideo Kojima Julien Chièze et Hideo Kojima
Source : Gameblog Julien Chièze et Hideo KojimaSource : Gameblog

Ça m’a permis de voyager, de rencontrer tous les grands créateurs que j’ai aimé et que j’aime toujours – Shigeru Miyamoto, Hideo Kojima, Shinji Mikami, Peter Molyneux, toute l’équipe de Naughty Dog, Hironobu Sakaguchi, Nobuo Uematsu, etc… Je pourrais continuer longtemps ! Frédéric Reynal, Michel Ansel, Christophe Héral – qui fait la musique des Rayman… Des gens super, intelligents, passionnés… Et que je ne m’attendais pas à rencontrer ! Des footballers : Thierry Henry, Lilan Thuram, Zinédine Zidane, parce qu’ils participaient à un jeu de foot. Donc ça m’a apporté un peu tout. Même ma nana, parce qu’on s’est rencontrés par une passion commune pour le jeu vidéo. Je dois beaucoup aux jeux vidéo, et ce n’est pas fini. J’ai parfois tendance à dire, et j’y crois vraiment sans que ce soit péjoratif, que pour certains c’est leur métier, et c’est très bien. Pour moi, c’est ma vie. Heureusement, je ne fais pas que ça : j’aime le sport, la musique, je sors… Avec Carole on va souvent au musée, on adore apprendre des trucs. Mais c’est vrai que ça occupe une part importante de ma vie, mais une belle part.
  • Que penses-tu de la vision actuelle du grand public sur le jeu vidéo, vu que tu connais bien le sujet, notamment avec tes parents ?

Ça a beaucoup évolué ! Ce n’est pas encore parfait, mais pendant longtemps je disais « Le jeu vidéo a déjà gagné, mais il ne le sait pas encore ! ». Et il commence à le comprendre ! Regarde tous ces événements : maintenant quasiment chaque week-end en France, tu as des conventions d’animes avec du jeu vidéo. Il y a de plus en plus, dans les médias généralistes, de papiers sur le sujet. On commence à en parler à la télé. Avant c’était toujours négatif, crise d’hystérie, d’épilepsie, « ils sont débiles »… Mais non ! Je trouve que c’est vraiment un média qui ne renferme pas les gens sur eux-mêmes. Alors, évidemment, il doit y en avoir, mais il y a aussi des gens complètement enfermés dans le piano, le violon, la littérature… Il y en a toujours un petit pourcentage, vu que ça touche maintenant des milliards de joueurs. Mais la plupart d’entre eux sont là ! Je ne vois pas des gens freaky (ndlr : bizarres), je vois des nanas, des mecs, des jeunes, des plus âgés… C’est multigénérationnel, c’est génial ! Ça fait maintenant 40-50 ans que le jeu vidéo existe, c’est très jeune. Il n’y a pas très longtemps, avec Carole, on est allés dans le théâtre initial de Shakespeare à Londres, Le Globe. On a appris que dans les années 1600, les théâtres avaient été sortis de Londres parce que jugés trop décadents, et parce que ça pervertissait la jeunesse. Aujourd’hui, le théâtre est un peu considéré comme l’élite intellectuelle. Tu vois comme ça évolue ? Le rock, c’était Lucifer, les parents étaient contre. Maintenant, c’est hyper tendance, limite mainstream. Tu sais que la littérature, le fait d’écrire quelque chose qui allait rester, c’était très mal vu de certaines élites dans l’Antiquité ? Ils disaient que le savoir devait être transmis à l’oral par eux. Donc à mon sens, c’est gagné pour le jeu vidéo. Pour nos enfants, ce sera un truc naturel, comme la musique et le cinéma. Tu n’es pas obligé de jouer, tu auras un avis, mais tu ne diras pas que c’est le diable. Ce sera intégré complètement. La culture geek au sens large et la culture vidéo-ludique est tellement diffusée dans la société maintenant : tu as des documentaires sur Netflix, des séries, des films autoréférencés…
  • Parmi les évolutions du jeu vidéo, on a pu noter une augmentation du nombre de joueuses – ou du moins du nombre de joueuses qui se montrent. Qu’en penses-tu, et que penses-tu de leur image et de leur représentation ?

C’est un sujet qui m’importe beaucoup. Dès que j’ai eu la chance de pouvoir « aider » des nanas qui souhaitaient s’exprimer sur le jeu vidéo mais qui n’avaient pas le média pour, je l’ai fait. Chez GameBlog, j’ai été ravi de pouvoir embaucher Pia, Salomé, Carole… Et encore aujourd’hui sur ma chaîne, j’ai invité pas mal de joueuses à venir discuter. Pour moi, ce n’est même pas un plaisir, c’est une obligation ! Je sais que les joueuses sont là – j’ai deux sœurs. Mais c’est vrai que parfois, et je pense que c’est quelque chose qui va se calmer, il faut que nous les mecs, on aide peut-être un peu les joueuses parce que c’est vrai qu’il y a du sexisme.

Julien Chièze TF1 Source : TF1 & Gameblog

C’est un milieu qui est très masculin dans la représentativité, donc il y a encore plein de dérives. On sait que derrière un écran, c’est très facile de dire des gros mots, des insultes, des mots dénigrants… et les femmes, quand elles se prennent ça, elles n’ont pas envie. Dans un MMO, dès qu’il y a une fille, les mecs essaient de la draguer, de manière parfois lourde. Et c’est dommage ! Parce que c’est super d’avoir un média dans lequel tu peux avoir des femmes, des hommes, des jeunes, des vieux… Il faut qu’on ait cette représentation-là. Par contre, selon moi, il ne faut pas lutter pour la parité. Je n’aime pas cette obligation de 50/50. Les femmes qui savent s’exprimer sur le jeu vidéo, il faut qu’elles aient leur place. Par contre si tu es une femme et que tu fais n’importe quoi, tu n’as pas plus ta place qu’un mec qui ferait n’importe quoi. Pour moi, c’est ta qualité qui compte, qui que tu sois. On dit que « la valeur n’attend pas le nombre des années », mais pour moi il n’attend pas non plus ton sexe. Tu sais t’exprimer, tu es passionnée de jeu vidéo, tu es bonne manette en main ? Tu as toute ta place ! Parce que sinon ça voudrait dire quoi ? Que les femmes sont moins bonnes en jeu ? Je connais plein de mecs, dont moi, qui n’ont pas de talents incroyables pour jouer. Et je connais des femmes qui doivent me doser aisément ! Derrière ce mur, il y a Kayane, elle me froisse ! Carole, souvent, elle est meilleure que moi ! Mais je m’en fiche. Donc pour moi, les femmes ont leur place dans le jeu vidéo.
  • Et que penses-tu des dérives que l’on peut voir sur YouTube, Twitch, et autres ?

Je pense qu’il ne faut pas donner le bâton pour se faire battre. Parfois, il y a des femmes qui jouent un peu le côté décolleté, et je trouve ça dommage parce que si elles sont vraiment passionnées et qu’elles ont quelque chose à dire, c’est ça qui va les faire émerger. Par contre, il y a une vraie éducation à avoir, des gens qui sont derrière leur écran. Et ça c’est quelque chose dont je suis très content dans la communauté CaroJu. C’est très mixte et très sain. On a le droit d’aimer quelque chose ou non et de l’exprimer, les gens s’écoutent. Je pense que la clé, c’est juste ça : respecter l’avis de l’autre même si on est en désaccord. Je suis sûr que je n’aime pas tous les jeux que tu aimes, et inversement. Mais c’est pas grave, on s’écoute ! On a le droit de se rentrer un peu dedans, de se challenger un peu, mais pas d’aller à l’insulte et au dénigrement. C’est une dérive globale d’internet, qu’on retrouve aussi dans le jeu vidéo. Et vous qui nous écoutez/lisez, sachez que derrière et devant votre écran, c’est la même vie. Il n’y a pas de « fausse vie virtuelle ». Quand vous insultez quelqu’un, vous lui faites potentiellement du mal. Et s’il était en face de vous, je pense que vous n’oseriez pas le faire, parce qu’il faudrait un peu plus de courage. Donc comportons-nous derrière nos ordis, comme on se comporterait dans la vraie vie. Je pense que ça pacifierait les choses. Et s’il y a des joueuses qui veulent se lancer… Je pense particulièrement à Diane dans la communauté CaroJu, qui a une évolution incroyable et qui, à sa première venue sur un live était super timide. Elle a été encouragée par la communauté et ouvre maintenant sa chaîne YouTube ! Elle se lance, elle a un peu peur, elle va encore améliorer des choses, mais c’est super ce qu’elle fait ! A son exemple, à l’exemple de Carole, foncez, allez-y ! Et en tant que mec, plus il y a de nanas, plus je suis content ! Ça donne de la diversité !
  • As-tu des joueuses et joueurs à conseiller à nos lecteurs de suivre ?

Alors, il y a une petite YouTubeuse qui débute, qui s’appelle Carole Quintaine, je ne sais pas si vous la connaissez… Boh c’est pas mal ! (rires) Sinon, j’ai des goûts assez classiques ! J’adore ce que fait le Joueur du Grenier, je ne vous apprends a priori pas grand-chose parce que vous devez connaître. Il y en a quelques-uns qui se sont lancés il n’y a pas longtemps et que je suis beaucoup, ils sont très cool ! Je pense notamment au Coin des joueurs. Celui qui tient ça s’appelle Merwan, et il fait de belles interviews de développeurs. C’est vraiment bien ce qu’il fait. Je pense aussi aux Share Players qui font quelque chose d’assez débridé, de fun, mais il y a du fond derrière. Les Ami beaux aussi, qui sont cool. La chaîne de Diane, qui s’est lancée récemment, Captain Hishiro que j’aime beaucoup aussi. Ce ne sont pas des grandes stars, hormis Joueur du Grenier, ils n’ont pas des milliards d’abonnés, mais ils font quelque chose de qualité, donc n’hésitez pas à aller les voir !

Julien Chièze CaroJu E3 Bethesda #CaroJuE3 conférence Bethesda 2017
Source : YouTube #CaroJuE3 conférence Bethesda 2017Source : YouTube

  • Un mot de la fin ?

Le jeu vidéo est un média incroyable de création, où il y a désormais énormément de genres, du jeu d’aventure, du survival, de l’action, de l’horreur, pour les grands comme les petits… Embrassons cette diversité. On n’est pas obligé de tout aimer, mais parlons-en avec respect. Et ayez envie de découvrir, ne restez pas bloqués ! Je sais qu’il y en a beaucoup qui ne jurent que par FIFA, Call Of Duty, GTA… Mais allez voir un peu du côté des indés, donnez leur chance à des jeux qui sortent un peu des sentiers battus, et aimez découvrir ! C’est vraiment important de ne pas rester sur ses acquis. Et si vous avez de l’envie et de la passion, passez derrière la caméra, et transmettez votre passion.

Vous pouvez retrouver Julien sur sa chaîne Youtube, son compte Twitter, sa page Facebook et son compte Instagram.

Julien Chièze bannière Source : Bannière YouTube