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Les adaptations de jeux vidéo : nouveau filon pour les plateformes de streaming ?

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Dans une ère où l’industrie du jeu vidéo à elle seule pèserait deux fois plus que cinéma et musique réunis, les adaptations ont le vent en poupe. Ces dernières semaines, les annonces pleuvent du côté des célèbres plateformes de streaming Netflix, Amazon Prime ou encore HBO. Mais ces adaptations ont-elles réellement le succès escompté ?

Tour d'horizon des annonces d'adaptations

Netflix, toujours plus

Comme vous vous en doutez, c’est ce très cher Netflix qui collectionne le plus d’annonces et pas des moins alléchantes. Sur son plan de route, de grosses licences de jeux bien connus. En voici quelques exemples :

  • Splinter Cell, en série animée par le scénariste de "John Wick" : Derek Kolstad (annonce officielle)
  • Resident evil en série live-action produite par Constantin Film (rumeur suite à un synopsis qui aurait fuité)
  • The Cuphead Show ! série animée (officiellement annoncée et déjà affiché sur le catalogue sans date)
  • Dragon’s Dogma, en série animée (tout comme le précédent, annoncé et affiché sans date)
  • Assassin’s Creed, en série live-action (rumeurs)
  • Devil May Cry, rumeur sur une série animée en possible cross-over avec "Castlevania" et par le même producteur.
  • The Division, film live-action officiellement annoncé sans date et réalisé par David Leitch
  • Diablo, en série animée officiellement annoncée par son scénariste sur Twitter : Andy Cosby (reboot Hellboy)
  • League Of Legends, en série animée officiellement annoncée par son studio : Riot.
  • Beyond Good and Evil, film live action réalisé par Rob Letterman à l’origine de "Detective Pikachu" 
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La liste est longue et Netflix n’en est pas à son coup d’essai. Il suffit de taper « jeux vidéo » dans la barre de recherche de la célèbre plateforme pour retrouver tout un catalogue d’adaptations en tout genre. Parmi elles se mélangent les plus connues The Witcher et Castlevania ainsi que de sombres tentatives obscures beaucoup moins populaires (parfois même bien cringe).

On pourrait alors se demander pourquoi cette mode revient sur les devants de la scène.

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Des concurrents frileux mais prometteurs

De son côté, HBO annonce une adaptation en série live-action du célèbre The Last of Us et réalisée par Craig Mazin et Neil DruckmannAmazon Prime annonce une série live-action FalloutHulu nous prépare Hitman en série live-action par le scénariste de "John Wick" tout comme pour Splinter Cell chez Netflix.

Une industrie en plein essor

Tout d’abord il faut savoir, comme nous vous l’introduisions, que l’industrie du jeu vidéo est à la première place des ventes des divertissements tous confondus, surpassant de loin ses concurrents.

Il est donc tout naturel pour des plateformes de streaming telles que Netflix, suivant un essor similaire, d’investir dans le milieu. L’aspect purement pécuniaire est fort intéressant. Par ailleurs, le jeu vidéo est une véritable pépite pour le cinéma : public déjà fidélisé, direction artistique peaufinée, scénario tout écrit. Le travail semble tomber tout cuit. Quelques têtes d’affiches, de grands noms du cinéma et le tour est joué non ?

A première vue, les services de streaming ont tout a y gagner. Cependant, nombre d’adaptations sont tombées aux oubliettes ou sinon crucifiées sur l’autel de la honte et lynchés à vie.

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Source image : Statista

Succès assuré… ou pas

On ne peut écrire un sujet sur les adaptations de jeux vidéo sans parler de la fameuse série The Witcher qui a fait couler beaucoup d’encre. Si vous êtes passé à côté de cette dernière, je vous invite à plonger dans cet article : "Découvrir l'univers de The Witcher avant la série Netflix"  recontextualisant l’univers et son adaptation. Tantôt adorée, tantôt détestée, elle reste néanmoins l’un des plus gros succès de Netflix. Elle deviendra même la série la plus visionnée de toutes les plateformes de SVOD avec plus de 76 millions de vues (bon d'accord, il suffisait de regarder 2 minutes et vous étiez comptabilisés dans les spectateurs cependant le chiffre n’en est pas moins impressionnant). Comment expliquer alors un avis aussi mitigé autour de la série ?

the witcher série adaptations

Un attrait de longue date pas toujours bien reçu

L'avis à double tranchant est un phénomène qui se répète depuis bien longtemps et ce même avant d’arriver sur les fameuses plateformes. On pourrait citer toute une ribambelle de jeux à succès qui avaient déjà eu le droit à leur cousin cinématographique plus ou moins récents et qui ont été globalement mal accueillis : Prince Of Persia, Hitman (qui avait auparavant déjà eu le droit à 2 adaptations), Lara Croft, Detective Pikachu, Sonic the Hedgehog, Doom, Alone in the Dark, Resident Evil et Assassin’s Creed y étaient aussi déjà passés. Bref, vous avez compris, les victimes sont nombreuses.

Un public tout puissant

La première raison qui nous vient à l’esprit soyons honnêtes : le public vidéoludique est exigeant, très exigeant. S’attaquer à des monuments tels que Warcraft qui a vu évoluer son univers au grand écran plein d’ambitions pour finalement retomber sur Terre, c’est compliqué. Tout simplement car ce sont des licences qui existent depuis des années, les attentes des fans, des communautés sont très hautes. Personne n’aime voir ce qu’il aime être adapté différemment de sa propre conception. Et des conceptions, il y en a autant que de fans. Autant dire, que faire l’unanimité est mission impossible.

Par ailleurs, les « gamers » ne sont pas le seul socle communautaire exigeant. De l’autre côté du miroir, les cinéphiles le sont tout autant. Pas forcément connaisseurs des franchises présentées, les adaptations sont attendues d’un pied ferme. Ce qui mène souvent à des avis en dents de scie. Une fois de plus, plaire à tout le monde est mission impossible. Alors imaginez des cinéphiles fidèles à la franchise ? L’enjeu est d’autant plus risqué.

Liberté, cadeau empoisonné

On ne peut non plus nier que dans le cinéma, les méthodes de production, de création, ne sont pas tout à fait les mêmes que celles du jeu vidéo. N’oublions pas qu’avant tout ces médias restent différents et qu’une adaptation ne pourra jamais procurer les mêmes sensations qu’un jeu vidéo. Notons aussi que souvent, très souvent, les créateurs originaux laissent carte blanche ou en tout cas limitent très peu les producteurs. Ce qui mène naturellement à des interprétations qui s’éloignent du produit originel. Origine auquel le public tient beaucoup.

Le but final : fidélisation !

L’avantage principal des adaptations est donc de ramener la curiosité de toutes ces communautés confondues avec pour seul risque le badbuzz. Les vues sont tout de même là (cf. les chiffres cités plus haut pour The Witcher). Et qui dit de la vue, dit de l’argent mais aussi de nouveaux clients potentiels. Le principe est simple, l’adaptation de jeu vidéo est l’appât idéal pour apporter un nouveau flot de spectateurs sur la plateforme. De nouveaux spectateurs qui pourront à l’avenir se laisser tenter par un catalogue varié que ce soit sur HBO, Amazon Prime ou Netflix. Les possibilités sont foisonnantes, les clients potentiels sont nombreux, et malgré le coût de production, le risque est minime pour des plateformes d’aussi grosses envergures (Netflix ce n’est pas moins de 4,52 milliards de chiffres d’affaires sur le premier trimestre 2019). La rentabilité reste présente.

netflix

Un bénéfice partagé

En bref, la coopération entre média cinématographique et vidéoludique semble inévitable. Dans une ère où les deux univers sont fortement ancrés dans la pop culture, chacun peut y trouver son compte :

  • Pour les services de streaming, prospecter un public toujours plus large
  • Pour les jeux vidéo, relancer certaines franchises (les ventes des livres et jeux de la saga The Witcher ont littéralement explosées après la diffusion de la série).

Vers un nouveau genre de médias

C’est aussi un moyen pour le géant du streaming, Netflix, de tenter de s’implanter sur tous les fronts, en s’essayant à l’adaptation de ses propres séries en jeux vidéo comme par exemple Stranger Things 3: The Game. La plateforme ose même le cross-media en intégrant l’interactivité du jeu vidéo dans le cinéma. BanderSnatch, film interactif issu de la célèbre série dystopique Black Mirror en est le premier essai. Dans ce film, c’est au spectateur de choisir le destin de son personnage tel un visual novel, ou encore le tout récent Carmen Sandiego sorti en février de cette année, issu directement de la série de jeux vidéo.

On pourrait alors se demander, jusqu'où souhaite aller la fameuse plateforme ?