Les douze statuettes et la discorde
Après une saga mp3 possédant des centaines de milliers de vues sur les internet et des dizaines de bande dessiné, le plus célèbre des donjons est adapté en jeu vidéo ! Le casting reste le même mais l'aventure, elle, est toute nouvelle ! Alors, quelle note allons nous donner... Plutôt 12/20 ou 8/10 ? C'est leur d'explorer le Donjon de Naheulbeuk : l'amulette du désordre !
Pour des fans par des fans
Il était évident qu'un jeu d'une licence aussi connue et appréciée en France se destinait avant tout au fan de la première heure. Ainsi, le scénario, bien qu'il soit inédit, reprend des points déjà abordés dans la série. L'amulette du désordre caresse les plus férus de punchline elfiques ou naines. D'ailleurs, durant les premiers chapitres, c'est une avalanche de références qui s'abat sur le joueur qui se trouve tout de suite en zone de confort. Pourtant, le scénario se met en place avec certaines statuettes et des noms familiers comme Gladeulfeurha. Le genre de jeu était tout trouvé ! L'univers de Naheulbeuk s'immisce dans la catégorie des jeux de rôle puisque sa vocation, à l'origine, est de les parodier. Chaque personnage a une classe et son petit caractère que vous connaissez déjà : l'ogre est candide et gourmand, la sorcière est maligne et raisonnable... Depuis la saga MP3, ils n'ont pas changé !
Un jeu 100% fidèle à sa licence ce qui pourra choquer certains nouveaux joueurs. Je pense particulièrement aux blagues. En effet, certaines font apparaître des termes que l'on essaie de bannir de notre langage de tous les jours... Certains invoqueront le contexte de la création du Donjon de Naheulbeuk pour parler de son humour assez potache. Soyez prévenu, l'humour de la création de John Lang a assez mal vieilli quoiqu'en disent les twittos les plus enragés.
Pour nuancer ce propos, sachez que les références pop font souvent mouches. De plus, les voix sont vraiment excellentes. On retrouve la grande majorité des voix originales et quelques guests issus d'autres séries ancrées dans le Moyen Age ou bien un youtuber adepte des "coins durs". Les lignes de dialogue sont nombreuses et s'enchaînent bien.
La RNG qui donne la RAGE
Outre ses phases d'explorations et d'énigmes, le donjon de Naheulbeuk se présente comme un tactical RPG. Ainsi, on retrouve un terrain divisé en plusieurs cases dans lesquels les personnages peuvent se déplacer et utiliser un de leur point d'action par tour : attaquer, défendre, utiliser une capacité spéciale ou se déplacer à nouveau, les possibilités sont nombreuses. Le jeu requiert beaucoup d'anticipation même en mode normal. Si le jeu n'innove pas dans le genre, son assimilation des différentes mécaniques est limpide avec un tutoriel très complet.
Chaque personnage possède ses statistiques et c'est au joueur de les positionner au mieux pour essayer de survivre aux impitoyables gobelins, machines et autres poules maléfiques (qui m'ont rappelé mon affrontement avec un coq dans une basse-cour... éprouvant !). Un système de soutien, des compétences viennent pimenter les phases de combats et la gestion de l'équipe. De plus, vous pourrez équiper un ou plusieurs objets à vos personnages : binouzes, brocolis et autres vinasses infâmes. Ils ont des effets divers et variés. Enfin, une barre de malchance est sans doute l'ajout le plus original. Lors d’échec critique ou d'attaques ratées alors que le plan était presque parfait, une barre se remplit et permet d'effectuer des actions exceptionnelles. On peut alors : donner un point d'action en plus, rendre beaucoup de vie à n'importe quel personnage et autres petits bonus ! Cette compensation est une bonne idée, la RNG étant vraiment peu clémente dans ce sombre donjon.
Parlons en un peu plus en détails de cette RNG. J'ai bouclé le jeu en normal et j'ai eu pas mal de difficulté à accomplir cet exploit. Non pas que les combats étaient difficiles mais parce que les taux d'esquive des ennemis sont vraiment élevés et il ne s'est pas passé un seul tour sans qu'un ennemi ait un coup de chance. J'ai eu l'amer sensation que le jeu me mettait volontairement des bâtons dans les roues pour rallonger la durée de vie. Un sentiment désagréable et très frustrant à la longue.
Le Donjon de NaheulBUG
Malgré l'ambiance réussie, les combats qui prennent très bien ainsi que l'univers coloré et assez vaste du jeu, de nombreux problèmes techniques persistent. Tout d'abord, l'action très lente de certains combats m'ont parfois fait douter du fonctionnement du jeu. C'est particulièrement le cas lors des sortilèges d'invocation pour lesquels une bonne dizaine de secondes est nécessaire pour passer à l'action suivante. De plus, le jeu bug sans raison alors que l'on se déplace dans une pièce ce qui m'a forcé à relancer plusieurs fois une sauvegarde que j'avais préparée au cas où.
Il faut néanmoins donner un peu de crédit aux membres d’Artefacts Studios. Ils ont abouti à un jeu plutôt joli avec peu de moyens. Je pense surtout à la belle modélisation des personnages, ennemis et PNJ pas moches du tout qui respecte l'esthétique de la bande dessinée. Pourtant, passé les six premières heures, la lassitude fait son entrée. On a vraiment l'impression de ne pas avancer et d'être ralenti par les soucis techniques du jeu et son rythme qui, même accéléré semble beaucoup trop lent. Peu de combats font vraiment avancer l'histoire mais sont obligatoires et les allers-retours sont parfois longuets malgré la présence de raccourcis.
Conclusion : Fan-service/20
Enchanteur dans ses premières heures, la joie de retrouver la pire communauté de héros du monde s'estompe assez vite à moins d'être vraiment fan hardcore. On retiendra une jolie esthétique, des musiques sympathiques, quelques punchlines et références pop culture. On joue plus pour être dans le trip que pour jouer à un excellent jeu. A mettre entre les mains des fans, nostalgiques de l'an 2000 où tout était sans doute plus simple...