MediEvil - Une légende du jeu vidéo ressuscitée ?
Quel bonheur que d'être un joueur d'hier et d'aujourd'hui ! Pour retrouver le plaisir d'un jeu Rétro sous des aspects plus enchanteurs que jamais et pouvoir le transmettre à la nouvelle génération, quoi de mieux qu'un bon remaster ? Après Spyro Reignited Trilogy et Crash N'Sane Trilogy, c'est au tour d'une autre ancienne mascotte de l'ère de la Playstation 1 de revenir dans une version dépoussiérée ! Sir Daniel Fortesque se réincarne donc sur PS4 avec le Remaster de MediEvil premier du nom. Le nom de Fortesque rimera t-il avec grotesque ou chevaleresque sur Playstation 4 ? A vos armures !
Derniers sacrements Avant-propos
Vous voulez savoir ce que nous en avons pensé ? Fort esque...euh, fort bien ! Au cours des longues soirées de tests sur MediEvil un constat glaçant fut fait et à ce titre, nous allons vous proposer bien plus qu'un simple test. Le titre d'origine étant déjà paru depuis plus de 20 ans, nous n'allons pas réaliser une critique du contenu initial, mais nous nous intéresserons davantage à sa démarche de remastérisation. A travers cette review, nous tenterons également de réfléchir sur la pertinence de cette tendance récurrente aux remasters.
Avant de commencer, gardez en tête que quel que soit la teneur négative des propos qui vont suivre, à aucun moment nous n'estimons que le travail des développeurs d'Other Ocean Interactive est à remettre en cause. MediEvil ne fait que remplir un cahier des charges imposé, et c'est ce cahier que nous jugerons.
Nécromancie et Remaster : même combat ?
Tout d'abord, définissons le sujet : Un remaster est un jeu d'une génération précédente dont les graphismes ont été transposés et remis au goût du jour sur un support actuel. L'objectif est de proposer une expérience fidèle au jeu d'origine, tout en apportant quelques améliorations légères de gameplay.
Lorsqu'on propose un jeu remastérisé, il convient de bien choisir le jeu en question car en fonction, le nombre de corrections à apporter peut varier énormément. Prenons le cas du récent Crash Bandicoot N'sane Trilogy. Cette compilation propose de traverser les 3 premières aventures du célèbre personnage de jeu. Les titres ont certes un peu vieilli, mais il s'agit de jeux de plate formes très classiques, au level design simple qui peuvent plaire aux petits comme aux grands, nostalgiques comme nouveaux joueurs.
Quel est le problème de MediEvil ? Contrairement à Crash qui proposait un gameplay déjà éprouvé en utilisant de manière très sobre les capacités de la 3D, MediEvil se voulait plus ambitieux. Il est né d'une époque où les jeux d'aventures 100% en 3D en étaient à leurs balbutiements et comportaient leurs lots de défauts : de visée, de caméra, maniabilité etc...
Mort de vieillesse ?
Le soucis donc est que MediEvil a énormément souffert du passage du temps et porte les stigmates d'une autre époque. Pour faire simple, tous les défauts horripilants de cette période que personne n'avait envie de revoir sur un jeu de 2019 sont retranscrits si fidèlement, qu'on pourrait presque penser qu'on a affaire à un Mod de la version PS1. Réaliser un simple Remaster ne permet pas, en réalité, de rendre à MediEvil l'hommage qu'il aurait mérité. Le jeu est splendide, le traitement visuel a en effet bénéficié d'un soin très particulier, mais la lourdeur de sa jouabilité vient complètement plomber tout le plaisir des yeux. La caméra est aux fraises au moindre mouvement, du fait d'un level-design peu adapté à une caméra libre en 3D. On peut parfaitement pardonner la chose à un jeu rétro, le titre est paru à une période ou il fallait apprendre à dompter de nouvelles technologies, mais aujourd'hui, en 2019 il est impossible de passer outre sans risquer la crise de rage ! Ainsi, si le plaisir n'y est plus, pourquoi s'évertuer à nous vendre un titre si le résultat est identique sur la version d'origine ?
Réveiller les morts à quel prix ?
Quelle est la valeur ajoutée ? Son visuel et son ambiance sonore ? Oui, le travail visuel est très bon, mais à quoi bon faire un jeu aussi beau, si le caméra-man préfère vous montrer les buissons plutôt que votre personnage ou votre ennemi ?
La valeur ajoutée est la principale question à se poser avant d'envisager l'achat d'un remaster. Dans les exemples cités préalablement, ce qui fait vraiment envie aux joueurs, c'est que Crash et Spyro proposent non pas un seul jeu, mais trois ! Pour le même prix, MediEvil vous propose uniquement la première aventure, mais avec plus de défauts... Quel dommage !
On ne peut que crier au gâchis de constater qu'un véritable remake aurait été plus que nécessaire pour faire découvrir MédiEvil sous un meilleur jour. Et la question que l'on peut ajouter est : à qui s'adresse le remaster PS4 ?
Aux nouveaux joueurs ? 10 minutes avec cette jouabilité et 50% d'entre eux vont quitter le navire. Aux nostalgiques ? En rallumant leur jeu sur PS1, ils risquent de préférer la version d'origine. Aux joueurs qui n'avaient pas pu y jouer sur ps1 et curieux de cette licence ? Pourquoi pas, mais ils ne découvriront même pas tous les épisodes !
MediEvil est, hélas, un jeu revenu d'entre les morts sans son âme. Pourtant, on peut s'y amuser : la recherche de secrets dans chaque niveau est parfois agréable et le déblocage progressif des armes améliore l'explorations des niveaux précédents. Le contenu du jeu initial est loin d'être désagréable. Que dire aussi de son univers incroyable, son humour "dés -os- pillant", et sa direction artistique et sonore enchanteresses ? On s'en délecterait corps et âme si l'ambition avait été plus loin que le remaster bête et méchant. Et ce ne sont pas les quelques mécaniques correctives comme le pauvre feu follet, curseur cache-misère supposé nous aider à appréhender les trajectoires et la caméra, ou le mode caméra à l'épaule peu optimal qui vont sauver cette jouabilité préhistorique.
Poussière tu étais...et tu resteras !
Le titre est probablement le remaster le moins alléchant paru à ce jour, si l'on excepte du calcul les portages estampillés "HD" sur nos machines actuelles, comme Shenmue 1&2, par exemple. On ne peut rien reprocher aux développeurs de Other Ocean Interactive qui ont fourni tous leurs efforts afin de remplir le cahier des charges demandé par Sony. Il n'est pas question de juger leur travail qui, comme pour tout projet, a du demander des sacrifices et du temps. Malheureusement, c'est la direction choisie qui ne met pas la licence en valeur. Des qualités, MediEvil en a indéniablement, dans ses graphismes et sa bande son brillamment retravaillés, mais ils sont entachés par son manque d'ambition et des mécaniques de gameplay qui trahissent cruellement son âge. Alors, par respect pour les défunts, refermons le couvercle et laissons Sir Daniel Fortesque reposer en paix dans sa sépulture d'origine.