Shadow of The Guild - Interview Robin Buisson : scénariste, romancier et créateur de Shadow of the Guild "J'ai un besoin viscéral de création"
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Sommaire
- Robin, peux-tu nous présenter ton parcours ?
- Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire tes propres romans ?
- Peux-tu nous faire un résumé de l'univers de tes romans et du jeu, Shadow of the Guild ?
- As-tu toujours voulu faire un jeu vidéo basé sur tes romans ? Comment cela s'est-il déroulé ?
- Quels ont été les difficultés que vous avez rencontrées au cours de la création du jeu ?
- Peut-on en savoir plus sur le jeu, Shadow of the Guild ?
- Est-ce que ce jeu a été développé à 100 % en France ?
- Combien de personnes travaillent à Guild Studio ?
- Quels sont tes jeux d'enfance ? Auxquels joues-tu aujourd'hui ?
- Que doit-on retenir de ton jeu ?
- As-tu un mot pour nos lecteurs qui souhaiteraient se lancer aussi dans un projet créatif ?
Robin, peux-tu nous présenter ton parcours ?
J'ai suivi une formation de développeur web initialement, j'ai donc commencé à travailler en tant que développeur. Je suis passé par plusieurs entreprises et j'ai pu travailler sur différentes applications. Celles-ci étaient variées, il s'agissait de grands volumes de données, dans les secteurs de la banque ou assurance. J'ai alors continué comme cela pendant une dizaine d'années. Mais un jour, je me suis rendu compte que j'aimais mon métier, mais pas mon travail. J'ai toujours aimé le développement, mon métier. Mais malheureusement, je l'appliquais rarement à des sujets qui m'intéressaient vraiment. En parallèle de cela, je me suis mis à écrire. J'ai écrit mon premier livre, Solitude, paru en 2011. Il s'agissait d'une nouvelle de science-fiction (SF) dans un monde post apocalyptique à huis clos dans la Station Spatiale Internationale. Puis en 2015, j'ai sorti le premier tome de La Guilde des Marchands de Pluie, suivi d'un second tome en 2018. Et normalement le troisième devrait sortir en 2023. La Guilde des Marchands de Pluie tome 1
Guilde des Marchands de Pluie Tome 2
Qu'est-ce qui t'a poussé à écrire tes propres romans ?
J'ai toujours écrit depuis que je suis tout petit. Il n'y a pas vraiment de "déclic" qui te dit "Tiens, là je vais écrire quelque chose que je vais chercher à publier". Pour la Guilde, cela a germé quand j'ai vu le film Dust (2014), dans lequel il y avait notamment des navires volants. Il y avait également un capitaine, une sorte de "chasseur d'éclairs". C'est la petite graine qui a fait émerger l'idée de base. Puis, j'ai commencé à réfléchir à un univers, à créer quelque chose… J'ai eu une idée par rapport à un scénario et j'ai commencé à écrire. À ce moment-là, je lisais les Annales de la Compagnie Noire (1984), un roman de Glen Cook. C'est un roman de dark-fantasy, dans lequel on suit le journal de la Compagnie Noire, une compagnie de mercenaires. On découvre le monde au travers des divers journaux des personnages, au cours du récit. Je me suis mis à écrire de cette manière aussi. Shadow of The Guild
Peux-tu nous faire un résumé de l'univers de tes romans et du jeu, Shadow of the Guild ?
L'univers de la Guilde des Marchands de Pluie se déroule sur une planète extrêmement aride, on peut comparer cela à Dune. C'est un monde dans lequel la magie est omniprésente : le forgeron va être pyromancien, les bâtisseurs seront télékinésistes, etc. Sur cette planète donc, il existe une guilde très puissante qui est capable d'aller capturer les nuages. Ensuite, ils vont les revendre aux différents royaumes pour pouvoir faire de l'agriculture, abreuver leurs populations et élevages, etc. Le pitch de départ du premier tome est un empire, sur Aridia, qui crée une technologie afin de générer des nuages. Du coup, la Guilde se retrouve à devoir entrer en guerre contre cet empire pour éviter de perdre son monopole. Il y a un enjeu géopolitique assez important, la Guilde étant si puissante qu'elle fait trembler les monarques et les pays. Celle-ci a le monopole absolu sur le commerce de l'eau sur la planète et de ce fait, une vraie puissance, plus que simplement commerciale. C'est intéressant, car aux premiers abords, on se dit que c'est la Guilde "les gentils" et l'Empire "les méchants". Mais, en y regardant de plus près, on a des questions plus profondes à se poser. C'est cette facette-là que j'aime bien explorer : pas forcément que le monde soit simplement blanc ou noir. Plutôt des teintes. Le jeu est un préquel des livres, qui se passe vingt ans avant les événements du tome 1 de la saga. Le personnage que l'on va jouer est un personnage que l'on pourra retrouver dans le second tome. C'est l'histoire qui amène aux événements qui mènent à la Troisième Guerre Impériale qui est le sujet central de la trilogie de la Guilde des Marchands de Pluie.As-tu toujours voulu faire un jeu vidéo basé sur tes romans ? Comment cela s'est-il déroulé ?
Comme j'ai toujours eu envie de travailler dans le jeu vidéo, c'était dans un coin de ma tête. Mais plutôt du côté créatif que du côté technique. J'ai absolument voulu raconter des histoires. En écrivant les livres et en ayant les retours de ceux-ci, les gens me disaient que l'univers était très palpable. J'ai aussi eu envie de le rendre encore plus tangible : de pouvoir le parcourir, l'explorer… Je savais vers quoi je voulais aller et quelles possibilités j'avais en tant que développeur. Shadow of the Guild
Prince of Persia (1989)
Quels ont été les difficultés que vous avez rencontrées au cours de la création du jeu ?
Au début, on est un peu parti, la fleur au fusil, en pensant qu'on avait quelque chose qui allait plaire et marcher. On a donc lancé une campagne KickStarter, au même moment que la création du studio, pour essayer de récupérer des fonds. On s'est un peu planté malheureusement, car notre réseau n'était pas très puissant, ou pas suffisant. On n'a finalement pas réussi à récolter la somme souhaitée. Ce fut une erreur, mais on a réussi à s'en relever en se posant les bonnes questions, cette fois. On est allés voir des personnes suite à cela, comme la CCI (Chambre de commerce et d'industrie) ou la région pour avoir de l'aide. C'était plutôt une aide dans l'entrepreneuriat que dans le jeu vidéo directement. Cela nous a permis de mieux nous structurer, de mieux mesurer les choses, etc. Sur cette période, nous nous sommes aussi beaucoup démenés pour nous créer un réseau, et on a finalement réussi à l'avoir. Cela n'aura pas été du temps perdu, il a juste fallu trouver des fonds autrement. Cela a vraiment été la première difficulté du studio. Nous avions des rêves plein la tête, mais nous avons vite été confrontés à la réalité.Peut-on en savoir plus sur le jeu, Shadow of the Guild ?
Nous avons essayé d'innover dans ce genre qu'est la 2D avec les cut scenes d'assassinat et de techniques spéciales qui sont des choses qui plaisent beaucoup aux joueurs. Il y a plusieurs façons d'aborder les niveaux : combattre de front en utilisant des enchaînements ou des sorts, mais aussi d'aller chercher un moyen plus furtif avec les phases d'assassinat. Les niveaux sont construits de manière à pouvoir exploiter les deux aspects. Shadow of the Guild - artwork
Arbre de compétences
Est-ce que ce jeu a été développé à 100 % en France ?
Oui, le jeu est 100 % français, nous sommes basés à côté d'Orléans ! Tous nos collaborateurs sont en France, le Directeur Artistique et moi-même sommes de la région. Timoté Claveau, qui travaille avec nous, est plutôt du côté de Rouen. Nous sommes également en région Centre, et jusqu'à présent, il n'existait pas de mécanisme spécifique pour le jeu vidéo. C'est une des raisons pour laquelle nous avons créé une association pour réunir les acteurs du jeu vidéo en région Centre. Celle-ci s'appelle Pixel Player, dont je suis ambassadeur sur le département du Loiret. Le but est de fédérer les acteurs, mais par cela, de générer un véritable écosystème, avec la région qui pourra allouer des fonds pour l'émergence de ce secteur de notre région. Cela fait aussi partie des difficultés. Dans le jeu vidéo, on est souvent comme entre deux chaises : c'est du numérique, mais pas de l'innovation, ce n'est pas encore reconnu comme un vrai domaine artistique, ce qui est bien malheureux... Shadow of the Guild
Combien de personnes travaillent à Guild Studio ?
En ce moment, nous sommes trois à travailler sur le projet. Je suis positionné sur le développement et le narrative design, principalement. Il y a donc Arnaud, le Directeur Artistique, qui s'occupe de tout ce qui est animation. Tout le style du jeu, c'est lui qui l'a amené et insufflé dans le projet. Et Timoté, qui nous a rejoint cette année, est chargé des environnements, des concepts arts, etc. Nous venons d'avoir un contrat avec un éditeur, qui s'appelle Bonus Stage. Il s'agit d'un éditeur finlandais. Nous avons discuté et signé avec eux pour la commercialisation du jeu. On sort le chapitre un à la fin de l'année, fin 2022 donc. En fonction du succès, on entamera le chapitre deux.Quels sont tes jeux d'enfance ? Auxquels joues-tu aujourd'hui ?
En termes de jeux d'enfance, il y a ainsi Prince of Persia mais aussi des petits jeux comme les Blues Brothers (1991) sur PC. Il y a aussi Heretic (1994), un FPS à la Doom. J'aime aussi les jeux de stratégie avec Warcraft 1 et 2 ou la saga Total War, à laquelle j'ai beaucoup joué.
Shank