Struggling - Un concept qui aurait mérité un meilleur traitement
Il y a plusieurs siècles, le monde sombrait peu à peu dans le chaos, l'humanité plaça ses espoirs dans des héros à la puissance incommensurable pour repousser le malin. Alors que ces derniers prouvaient leur valeur, l'avènement d'un tyran sur le trône entraîna malheureusement le bannissement de ces héros et vint la fin de tout espoir pour les Hommes. Heureusement, plusieurs années plus tard, deux de ces héros se réincarnèrent afin de vaincre le mal... Le problème étant que ces derniers sont issus d'une expérience scientifique ratée et ne sont dotés que de deux bras reliés à leurs têtes siamoises. Voici le scénario épique de Struggling qui vous proposera donc de prendre le contrôle de ce héros difforme seul ou avec un ami afin de repousser l'obscurité.
Vous vouliez de l'épique ? Passez votre chemin !
À la manière d'un Heave Ho, vous allez prendre le contrôle de ce héros difforme en vous déplaçant avec de simples mouvements : rotations des bras et accroches à des plateformes, voilà tout ce dont sera capable votre héros en début de partie. En jouant seul, vous gérerez le mouvement du bras droit grâce au joystick droit et l'accroche de ce dernier grâce à une gâchette (et vice-versa avec l'autre bras). À deux, chaque joueur s'occupera d'un bras. Quel que soit votre choix, vous allez souffrir !
Nous touchons là, très rapidement, au défaut principal du jeu : le sentiment de frustration quasi-permanent qu'il entraîne. Struggling est en effet très exigeant mais sans réussir à offrir un sentiment de satisfaction aux joueurs. Les jeux proposant un gameplay exigeant sont nombreux, mais savent adoucir leur courbe de frustration par un game-design parfait (Dark Souls) et/ou des niveaux très courts permettant de recommencer rapidement (Super Meat Boy). Les développeurs de Struggling semblent avoir mal géré cette courbe et offrent des situations demandant une précision accrue totalement incompatible avec le gameplay volontairement imprécis du jeu et la taille de ses niveaux (ou du moins le manque de régularité de ses check-points).
Des idées pourtant originales
Il est d'autant plus frustrant que Struggling propose des idées originales pour un jeu du genre. Là où Heave Ho ne fait évoluer son gameplay que par une difficulté croissante, Struggling propose au fur et à mesure de l'aventure de nouveaux pouvoirs (possibilité de détacher ses bras ou de ralentir le temps) afin de renouveler l'expérience. Malheureusement, encore une fois, le jeu est rapidement très exigeant et passer certains pièges après plusieurs minutes de mort ne vous offrira qu'un soulagement (un soulagement fortement partagé par votre manette qui risque de souffrir) en lieu et place d'un sentiment de satisfaction.
En plus de ces ajouts de gameplay, Struggling propose des combats de boss sympathiques. Ces derniers, pas forcément attendus au premier abord pour un jeu du genre, offrent des « combats » originaux et très amusants (à défaut d'être épiques). Malheureusement peu nombreux, ces combats de boss ne suffisent à relever le niveau général du jeu.
Trop de prout tue le prout ?
Struggling propose une direction artistique particulière qui prête à sourire lors des premières heures de jeu mais peine à se renouveler. Les premiers niveaux, qui vous font parcourir le laboratoire duquel vous fuyez, sont jolis, variés et amusants (mention spéciale aux scientifiques suicidaires que vous croisez). Par la suite, les décors ont du mal à être originaux (les égouts, le canyon... Quelle originalité !) et semblent proposer moins de détails amusants.
La bande sonore est du même acabit. Vous rirez peut-être lors des premières minutes en comprenant que vos héros crient et pètent en cognant les murs (merci de ne pas juger mon sens de l'humour), mais comprendrez vite qu'un prout, ça va, un prout par seconde, bonjour les dégâts ! Par ailleurs, et c'est d'autant plus frustrant, les musiques du jeu sont agréables et collent parfaitement à l'ambiance du titre. Je ne pourrais que vous conseiller de diminuer le volume des effets sonores.
Struggling ou le mauvais dosage entre exigence et frustration
Je n'ai aucun problème avec les jeux exigeants. Bien au contraire, que ce soient Super Meat Boy ou encore The End is Nigh, les jeux de plateformes intraitables sont des titres qui m'attirent beaucoup. Struggling, malgré quelques bonnes idées, rate le coche à mes yeux en dosant son niveau d'exigence de manière très discutable. Le jeu des développeurs canadiens de Chasing Rats Games manque de précision dans son gameplay ou de latitude dans son game-design. Dommage car quelques idées et une ambiance originale (quoi que ne pouvant plaire à tout le monde) aurait pu en faire un bon jeu. Finalement, je n'aurais quasiment ressenti que de la frustration lors de mes nombreuses morts et un soulagement à la vue des crédits finaux (après une dizaine d'heures de jeu).