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River City Girls - Girl power et poing dans ta face !

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S'il y a bien un genre qui a connu son heure de gloire dans les années 90 avant de tomber en désuétude, c'est le beat them all 2D. Certains joueurs s'en souviennent pour le nombre de pièces lâchées dans l'impossible version arcade de Double Dragon, d'autres ne peuvent contenir leurs émotions en écoutant les excellentes musiques de Street of Rage de Yuzo Koshiro. Vingt trois ans après Renegade, Wayforward tente de redonner une nouvelle jeunesse au genre avec River City Girls.

Le combat de rue en héritage

Licence peu connue dans nos contrées, la saga des Kunio Kun (River City Ransom aux USA) sévit dans le monde vidéo-ludique depuis 1986. Vous avez d'ailleurs peut-être déjà joué a certains des jeux de la franchise sans vous en rendre compte, car beaucoup sont arrivés chez nous avec de nombreuses modifications, que ce soit au niveau des titres ou dans les graphismes des jeux eux-même. A titre d'exemple, le premier jeu de la saga, Nekketsu Koha Kunio Kun est plus connu sous nos latitudes sous le titre de...Renegade, l'un des tout premiers beat them up/all, avec son ambiance très 80's et ses punks de rue aux coupes improbables. Sans doute pour faire évoluer la saga, l'éditeur Arc System Works a confié pour la première fois la licence à un studio qui ne vient pas du soleil levant, à savoir Wayforward, connu pour l'excellente saga des Shantae, ou encore le controversé Double Dragon Neon, reboot du célèbre jeu. De ce pari est né River City Girls.

Quand elles arrivent en ville...

Kyoko et Misako sont aux abois. Leurs copains respectifs, Kunio et Riki (les héros de la licence) ont été kidnappés. N'écoutant que leurs cœurs, elles décident de sécher les cours pour aller interroger la racaille de River City. Si les deux lycéennes ne sont pas les plus futées de leur classe, elles sont incollables quand ils s'agit de faire la leçon aux gangsters à coups de poing. Une histoire simple mais qui a le mérite de mettre en scène des filles badass prêtes à filer une raclée à toute la ville juste pour sauver les élus de leurs cœurs. De l'école aux bas de la ville jusqu'au bord de mer, tous les gangs de la ville en auront après vous et vous vous ferez un plaisir d'apprendre les bonnes manières à ces malotrus. Si River City Girls assume son héritage, il s'adresse à tous les joueurs, tant experts que néophytes, désireux d'en découdre avec des gangsters de rue.

rcg school La violence à l'école, c'est mal m'voyez

La multiplication des poings

Sans préambule, vous arpentez les rues en solo ou en coop (locale uniquement pour le moment) en incarnant Kyoko ou Misako. Au début, vos options sont limitées : un coup faible, un coup fort, le saut ainsi qu'une touche pour bloquer les coups. A vous de trouver les combinaisons les plus efficaces pour faire mordre la poussière à vos adversaires. Chaque voyou que vous étalez vous rapporte de l'argent et de l'expérience, qui vous permettront de débloquer de nouvelles techniques. Vous aurez très vite accès à un coup spécial, avec une jauge attitrée et de nouvelles combinaisons redoutables.

Une autre option vous permet de recruter certains malfrats qui vous demandent grâce avant de mourir. Vous pourrez donc les appeler en renfort le temps d'une attaque. En chemin vous pourrez également ramasser des armes en tout genre ou vous équiper d'objets spéciaux ou d'item de soins achetés dans les différentes boutiques de River City. Des armes qui ne seront pas de trop face aux très nombreux ennemis qui vous feront face lors de votre périple. Petites frappes, policiers véreux, catcheurs, robots et j'en passe se dresseront sans arrêt sur votre chemin et autant vous prévenir tout de suite : vous allez mordre la poussière un paquet de fois, surtout durant les premières heures de jeu. En perdant connaissance, vous conserverez heureusement votre progression mais vous devrez renoncer à une partie de votre argent.

Après avoir acquis suffisamment d'expérience, de bons items et une bonne maîtrise des techniques du jeu, vous pourrez faire de vrais ravages à River City avec des combos rapides, simples et destructeurs. Reste tout de même quelques détails ennuyeux comme le blocage des coups, pas toujours facile à réaliser et au timing capricieux. Le plus gros défaut du jeu reste cependant l'attribution de la touche pour passer d'un écran à l'autre. En effet, cette action s'effectue avec le même bouton que le coup de base du jeu. Ainsi pendant un combat, si votre personnage est situé proche d'un magasin ou d'une sortie, il va très régulièrement vous arriver de quitter involontairement le niveau. Sachant que les ennemis d'un tableau réapparaissent à chaque fois que vous le quittez, on vous laisse deviner la frustration occasionnée par cette malencontreuse manipulation.

misako Misako n'aime pas les vélib

Deux poings, deux mesures

Niveau après niveau, Kyoko et Misako évoluent de manière indépendantes et vous pourrez passer de l'une à l'autre à chaque Game Over ou au moment de charger votre sauvegarde. Kyoko possède un style plus proche du kung fu avec des coups spectaculaires rappelant Chun Li de la saga Street Fighter. Ah et aussi, elle peut taper en faisant un dab. De son coté, Misako est plus brutale avec une approche plus "combat de rue", à coups de poings américains et de coups de pied dans les parties. Si les deux personnages se valent, River City Girls est en revanche plus facile en mode coopération, qui offre la possibilité de ranimer votre partenaire. Une fois l'aventure terminée, vous aurez même accès à deux nouveaux personnages, un boss optionnel ainsi qu'un new game + plus corsé. S'il est intéressant d'avoir établi une liste de coups à débloquer différente pour chaque personnage, le fait de devoir "farmer" chaque personnage séparément est un peu dommage. A moins de changer très fréquemment de personnage, on aura vite fait de se consacrer au personnage ayant le niveau le plus élevé tant l'adversité rencontrée est forte au fur et à mesure du jeu.

yamada boss FIGHT!

Une direction artistique qui claque

Mais ce gameplay, aussi efficace et jouissif soit-il, ne serait rien sans la direction artistique et l'ambiance concoctées par Wayforward sur ce jeu. Et sur ce coté la, le studio a mis le paquet. A commencer par ces cutscenes animées du plus bel effet qui ponctuent les moments clés du jeu. Vient ensuite le chara design des héroïnes, des ennemis, et des PNJ : Drôle, rétro et moderne à la fois. Et que dire des boss tous plus charismatiques et idiots les uns que les autres. L'humour est d'ailleurs omniprésent. River City Girls ne se prend pas du tout au sérieux, et les dialogues prêtent souvent à rire, notamment grâce à des doublages très réussis. Le jeu fourmille aussi de clins d’œil à la licence ou d'autres jeux du genre. Enfin, difficile de ne pas mentionner la bande son du jeu. En réunissant Christina Vee, Megan McDuffin Natewantstobattle et Chipzel, la musique de River City Girls est une subtile alliance entre new wave des années 80, musique d'anime, outrun et electro chiptune. Le souci du style va même jusque dans les menus du jeu, soignés et plein de détails débiles et mignons.

rcg dd Les dojos du jeu sont tenus par Jimmy et Billy, les deux frangins de la série Double Dragon

River City Girls: un coup de force

Tout en rendant un hommage appuyé à sa franchise et au genre dont il est le représentant, River City Girls séduit par sa modernité, tant dans ses dialogues, son design, son univers très méta, son gameplay riche et son ambiance sonore fascinante. Si les premières heures de jeu peuvent être un peu fastidieuses en solo, le jeu se révèle ensuite très gratifiant et devient même une merveilleuse foire d'empoigne en coopération. Sans être exempt de défaut, "RCG" est une pépite arcade moderne d'un genre d'un autre temps.