Cyberpunk 2077 - Représentations du futur - À travers le prisme du genre Cyberpunk
C’est un retour vers le futur que je vais vous proposer à travers cette série d’articles. Une série qui vous fera voyager à travers plusieurs jeux, plus ou moins connus. Je ne pouvais pas faire autrement que de commencer par le RPG le plus connu du moment : Cyberpunk 2077. Vous le comprenez, un exemple « parfait » pour vous présenter le genre du même nom !
Cyberpunk 2077, c’est qui lui ?
Si vous avez fait le choix de vous confiner dans une grotte bien avant le Covid et que vous ne savez pas encore ce qu’est Cyberpunk 2077, un petit rappel s’impose.
Ce jeu, c’est le dernier-né de CD Projekt Red, un action-aventure à monde ouvert où vous incarnez V. Assez basiquement, vous êtes un·e Bad boy/girl, vous êtes mercenaire et en plus le, la meilleur·e dans le domaine. Vous avez le choix de votre background, de vos compétences et moult autres choses propres aux RPG. Afin de bien débuter le jeu si vous souhaitez vous y mettre à l’occasion du dernier correctif, nous vous proposons un guide rassemblant quelques conseils.
Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’univers dans lequel vous évoluez. Un monde dystopique où les mégacorporations contrôlent le monde, le vice est au cœur des mœurs et les implants sont des accessoires de mode communs. En d’autres mots, les ingrédients parfaits pour ce qu’on appelle le genre cyberpunk.
Cyberquoi ?
Le cyberpunk est un genre avant d’être un jeu vidéo ou encore le jeu de rôle dont le jeu est lui-même tiré (votre humble rédactrice n’étant pas l’experte des jeux de rôle vous invite par ici ).
C’est parti pour un peu d’étymologie (niveau très facile) : cyberpunk vient de la contraction de cybernétique et punk. Ce genre se caractérise par la description d’un futur dystopique proche, sombre, envahi par la technologie très (trop) avancée et de multinationales à la tête du pouvoir. Ça vous dit quelque chose ? Ah oui, quelques lignes plus haut c’est comme ça que je décris l’univers de Cyberpunk 2077. Bon, vous me direz, le raccourci était plutôt évident à faire avec le nom du jeu…
Un peu d’histoire
Toutefois, apportons quelques détails. Le cyberpunk est un genre qui s’inscrit, comme son étymologie l’indique, dans la mouvance punk. Une mouvance des années 70, plutôt politique, qui vient de la musique. Le punk est un mouvement à contre-courant de la société et est en soi une critique du capitalisme. Ce mouvement se base sur un dicton « Do it yourself » en français « Fais-le par toi-même », en bref, on est toujours mieux servi que par soi-même. À cette idéologie plutôt anarchique et individualiste, s’ajoute la notion de cybernétique et donc d’un futur proche, comme je vous le disais, sous le joug du « cyber », de la robotique, de l’informatique.
C’est pourquoi, les héros du genre sont plutôt des antihéros, des rebelles qui vont à l’encontre des multinationales qui dirigent le monde et plus seulement le capitalisme. Bien que, soyons d’accord, dans le système d’une mégalopole, c’est bien le capitalisme qui est surreprésenté.
Communément apprécié
Le genre cyberpunk, de par son approche d’un futur proche, est très apprécié dans tous types de médias, que ce soit en littérature avec le Neuromancien de William Gibson, au cinéma avec Tron de Steven Lisberger ou encore dans les jeux de société comme Netrunner de Richard Garfield (Magic The Gathering, c’est lui).
Le succès que rencontre le cyberpunk aujourd’hui provient de son étroitesse avec la réalité actuelle. Décrivant un futur proche voire très proche, il est aisé de s’identifier. Malgré son pessimisme plus qu’assumé, il réussit à nous convaincre de sa crédibilité.
Punk is not dead
Il est indéniable qu’emprunter le nom d’un genre afin d’en faire un jeu (de rôle ou vidéo) prouve un lien plus qu’étroit avec ce dernier. Cyberpunk 2077 joue bel et bien avec les codes classiques du genre cyberpunk. V, personnage principal ainsi que les différents protagonistes de l’histoire, tel que Johnny Silverhand (coucou Keanu Reeves), sont des marginaux. Leurs valeurs sont très proches de celles du punk originel. Et, soyons honnête, Johnny incarne très bien cette image du rockeur rebelle anticapitaliste. Et la morale sociale pose aussi des questions sur le progrès technologique.
De plus, la critique sociétale à travers les conflits entre différentes catégories sociales et l’existence d’un fossé entre personnes pauvres et riches est très présente, si ce n’est centrale.
Toujours un peu plus
Cependant, l’univers de ce jeu s’est enrichi et ne se contente pas d’appliquer la recette à la lettre. Les ingrédients sont retravaillés afin d'affiner le résultat final. Notamment au niveau de la morale que va faire traverser ce jeu. Elle ne va pas se cantonner à une critique du progrès technologique, mais elle va également critiquer les fondements de l’ultralibéralisme et de ses conséquences.Cyberpunk 2077 apporte également une vision nouvelle sur l’utilisation des implants cybernétiques et pose des questions sur leur utilisation esthétique. Il ajoute aussi des questionnements sur notre rapport à la mode, l’importance que l’on accorde à l’apparence physique, mais aussi notre rapport à la sexualité. En bref, il met en exergue les accusations du mouvement punk en élevant le débat.
No future
Cyberpunk 2077 nous présente donc un futur emprunt de science-fiction des plus "classiques". Normal me direz-vous, en s’appuyant sur un genre qui a maintes fois démontré son succès. Un futur qui se veut sombre et exacerbant tous les défauts de la société que nous connaissons aujourd’hui. Bien évidemment, en reprenant seulement le titre originel, "2020" n'aurait pas permis au joueur de se projeter. Ce n’est pas pour autant qu’un tel futur nous paraît lointain.
En critiquant la société actuelle et à venir avec aussi peu de tabous, le studio a suscité quelques polémiques. Notamment autour de la surreprésentation du sexe qui pourrait parfois ne pas toujours être justifiée.
Pourtant, lorsqu’il s’agit du futur, que ce soit dans le jeu vidéo ou autre, il est commun que sexe et meurtres se côtoient plus qu’à l’accoutumée. Et c’est ce que j’essaierai de vous présenter à travers d’autres exemples. La question qui va se poser au fil de cette série est : un futur optimiste est-il envisageable dans les jeux vidéo ?