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Interview de Gabrielle Trépanier-Jobin

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 Quelques jours après la conférence "Équité, diversité et inclusion" qui s'est déroulée le 24 novembre, l'équipe de jeu.video a pu interviewer l'intervenante Gabrielle Trépanier-Jobin.

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Bonjour Gabrielle, pouvez-vous s'il vous plaît vous présenter ?

Je m'appelle Gabrielle Trépanier-Jobin, je suis une chercheuse Québécoise, je suis professeure en jeux vidéo et industries culturelles à l'École des Médias de l'Université du Québec à Montréal depuis sept ans. Pour parler un peu plus de mon passé, avant d'être professeure j'ai fait un post-doctorat. Ceci est l'équivalent de chercheuse. Ce dernier a eu lieu au MIT "Comparative media studies". J'ai été un peu professeure de sociologie à Concordia UniversityJ'ai fait toutes mes études à l'Université du Québec à Montréal en communication.

J'ai travaillé sur toutes sortes de sujets en lien avec les jeux vidéo comme l'identité des joueurs en lien avec leur avatar. Cela concerne également la triche dans les jeux ou l'immersion des joueurs et des joueuses. Il y a aussi les représentations de femmes dans les jeux, le féminisme dans les jeux... Actuellement, je mène une recherche sur l'équité, la diversité et l'inclusion dans l'industrie vidéoludique Québécoise.

Pourquoi avez-vous décidé de conduire cette recherche ?

J'avais déjà un bon bagage en études féministes avant de commencer à travailler sur les jeux vidéos. Pour mon master, je me suis intéressé aux représentations des femmes dans le cinéma et à la télévision. Au lycée, un cours m'a éveillé à la réflexion suivante : "comment les femmes construisent les images de femmes dans les médias ?". Ce cours était différent pour moi et il a stimulé mon intérêt pour ce domaine d'études.

Par la suite, lier études vidéoludiques et féministes était naturel. Il y avait de nombreuses problématiques, des choses à observer. Cela était relatif aux représentations des femmes, à la toxicité des joueurs et à la sous-représentation des femmes dans l'industrie du jeu. Quand j'ai commencé à m'intéresser plus amplement au sujet, j'ai constaté que les revendications des féministes sur les entreprises qui créent les médias manquaient d'appuis chiffrés. Mais, surtout, j'ai observé qu'il y avait un problème et j'ai voulu creuser la question.

Les résultats que vous nous avez présenté pendant la conférence ont-ils changé votre vision de l’industrie vidéoludique ?

Pas vraiment. Ces résultats sont venus confirmer mes intuitions et celles de nombreuses personnes. Ils sont également venus appuyer d'autres recherches et des entretiens réalisés auprès de femmes non cis-genres ou racisées de l'industrie du jeu qui montraient certaines discriminations, du sexisme, du harcèlement ou des disparités.

GabrielleTrépanier-Jobin conférence Equité, diversité et inclusion Paris 24 novembre 2022 et chercheuse Université du Québec de Montréal gabrielle-trépanier-jobin

Jouez-vous aux jeux vidéo ? Si tel est le cas, quels sont vos genres de jeux favoris ?

Oui absolument ! Je joue à des jeux de plateforme et de puzzle qui ne durent pas plus de cinq heures. Car, j'ai un emploi du temps très chargé. Ayant un esprit très complétionniste, si je décide de me lancer dans des longs jeux tels que Red Dead Redemption ou Fallout, j'aurai envie d'aller au bout !

Gabrielle Trépanier-Jobin chercheuse Université de Québec de Montreal et conférence Equité, diversité et inclusion jeu vidéo Paris 24 novembre 2022Gabrielle Trépanier-Jobin chercheuse Université du Québec de Montréal et conférencière Equité, diversité et inclusion jeu vidéo Paris 24 novembre 2022

Parmi mes jeux favoris, il y a Gris, les jeux de That Game Company. Abzu est un de mes jeux préférés ! En ce moment, je joue beaucoup à des jeux de société (d'où ma tentative d'en créer un), jouer en groupe ou en face à face. Cela m'avait manqué pendant la pandémie de COVID-19.

Gabrielle Trépanier-Jobin chercheuse Université de Québec de Montréal et conférencière équité, diversité et inclusion dans le jeu vidéo Paris 24 novembre 2022 Je joue également à des jeux dans le cadre de mon travail et pour accompagner mes étudiants (Animal Crossing, Tomb Raider...).

Dans la mesure où vous multipliez les conférences, tout d'abord au Canada et désormais en France, avez-vous constaté des différences notables dans le domaine de l'équité dans le jeu vidéo ?

Les cultures Québécoises et Françaises sont similaires. Mais, je ne les ai pas étudiées en comparaison et je ne peux que probabiliser. Cependant, il y a en France, des gros problèmes de harcèlement sexuel et de sexisme par rapport au Québec.

Comment définiriez-vous le concept d'équité ?

L'équité concerne de nombreuses choses comme je l'ai expliqué lors de la conférence. L'équité salariale, l'égalité des chances qu'on donne aux personnes quelque soit leur genre ou leurs caractéristiques socio-démographiques. Cela concerne l'embauche, la carrière. Il y a aussi le traitement et les outils mis à leur disposition. Dans un monde idéal, l'équité serait 50/50, mais le chemin est long. Le nombre de femmes intéressées par l'industrie vidéoludique est minime. De plus, la parité ne peut pas avoir lieu, mais des mesures sont mises en place. Au sein même des jeux, les personnages et leurs rôles deviennent variés. C'est une bonne chose car on crée alors des œuvres différentes. Évidemment, le fait de pouvoir voir des personnages femmes ou non cisgenres aide à valider notre identité. De plus, cela permet de ne plus nous questionner sur notre légitimité au sein du monde des jeux.

Je remercie chaleureusement la chercheuse et professeure Gabrielle Trépanier-Jobin d'avoir répondu à nos questions. Nous lui souhaitons beaucoup de force pour continuer son travail.