GRIS - PGW 2018 - La petite pépite "Indé" de Nintendo
Les jeux indépendants ont le vent en poupe sur Switch ces derniers temps, et Nintendo compte bien leur faire une place de choix. Absent du Line-up de Big N lors de la Gamescom 2018, le jeu Gris, développé par les espagnols de Nomada Studio, pointe finalement le bout de son nez durant cette PGW 2018. Prévu sur Switch et PC, le titre avait pour le moment disposé d'une communication très discrète, mais son charme indéniable avait tout de même attiré notre attention. Nous y avons joué dans sa version de démonstration et nous avons découvert un titre fort plaisant. Faisons le point sur Gris !
50 nuances de Gris
Le jeu s'ouvre sur une superbe cinématique que l'on croirait animée à la main et nous présente son personnage central. Gris est une jeune femme qui se réveille dans un univers étrange, au sommet d'une statue de pierre gigantesque. Elle s'aperçoit à son réveil que sa voix a disparu, qu'elle est seule et perdue. Très vite, le joueur prend le relais et l'exploration commence.
Le jeu frappe immédiatement par son aspect visuel très travaillé dans lequel on a plaisir de promener notre personnage, lui même animé avec une grâce et une fluidité remarquable. En témoigne le trailer d'ouverture ci-dessous: chaque seconde est une toile peinte à l'aquarelle qui évolue naturellement sous nos yeux. Le level-design est assez classique, le but étant de familiariser le joueur avec la physique de Gris, mais son style force le respect. L'architecture à la fois détaillée et "cubique" des décors participe au sentiment d'enchantement qui se dégage.
Artistiquement le titre utilise une 2D magnifique qui n'est pas sans rappeler un certain Child Of Light. Un compliment tant ce dernier avait su charmer le public. On retrouve une musique simple, au piano, captant très bien la douceur et la sensibilité du joueur. Si ce que l'on voit et entend est particulièrement séduisant, qu'en est-il du gameplay ?
Du classique, mais agréable et rafraîchissant
Gris est un jeu de plate-forme assez classique dans sa construction. La progression est linéaire mais propose quelques subtilités dans la gestion des sauts et de la gravité. La jeune héroïne est très agréable à déplacer et les sauts répondent bien, qui plus est elle dispose de la capacité de planer avec sa grande cape sur de longues distances. Il ne faut pas croire que le titre ne sera pas exigeant pour autant. Utilisable comme un double saut, l'usage de la cape comme amortisseur de chute doit être enclenchée au bon moment pour réussir les passages plus pointus. Moins exigeant qu'un Super Meat Boy, moins punitif également, Gris demande malgré tout un peu de précision d'exécution. Il faudra parfois recommencer à plusieurs reprises pour atteindre la suite d'un niveau, mais pas de quoi s'arracher les cheveux, rassurez-vous.
La protagoniste peut également transformer sa cape/robe en un cube aussi solide que du roc. Là aussi, la démo mettait en relief cette spécificité. Ce pouvoir permet de démolir certains éléments du décor et certaines plate-formes pour progresser. De plus, cette transformation en cube vous alourdit considérablement, une capacité dont vous aurez besoin pour vous débarrasser d'un boss plutôt insistant...
Des cubes et des Boss
Après les séquences de plate-forme, notre exploration est perturbée par l'arrivée d'un oiseau géant peu amical. La créature, qui prend vie grâce à une agglomération de centaines de créatures volantes plus petites, se meut telle une tâche de peinture douée de vie et se dresse devant vous. Une course poursuite commence alors pour échapper au monstre. Incapable de vous suivre dans les ruines du château, il en est réduit à vous empêcher de partir et vous hurle sa colère dès que vous l'approchez.
Désarmé et impuissant, il vous faut donc trouver un moyen de le faire fuir. Bien vite vous remarquez que les cris du monstre vous propulsent vers l'arrière. A défaut d'être plus fort, il faut être plus malin, vous pouvez utilisez le vent généré par ses sons pour atteindre des lieux inaccessibles et continuer votre ascension vers la liberté. Autre exemple de gameplay malin : l'oiseau ne vous a pas lâché et il vous a forcé à vous isoler dans un bâtiment sans issue. Des cloches imposantes sont suspendues au plafond. Seule idée, vous transformer en cube pour vous approcher le plus près possible de l'oiseau. Votre poids vous soude alors au sol, l'oiseau hurle de plus en plus fort pour vous éjecter, si bien qu'il déclenche les cloches et s'assourdit lui même avec le bruit !
Conclusion : entre noir et blanc
Charmant d'un point de vue artistique, classique et intelligent dans son gameplay, Gris nous a séduit sur tous les plans. Avec son ambiance douce amère, le titre respire la pureté à pleins poumons. Son histoire ne s'est pas encore dévoilée, cependant, les développeurs parlent d'un voyage à travers la propre tristesse de notre personnage. Une métaphore évidente pour évoquer le deuil ou la dépression, des démons contre lesquels la lutte est justement un long voyage semé d'embûches et de souffrances. Une manière de résumer la vie qui n'est finalement qu'une succession de moments heureux et d'autres plus sombres. Un mélange de blanc et de noir qui donne... Gris.