Difficile donc de se renouveler et de créer dans cet univers déjà si codifié sans s'attirer une horde de fans en colère qui n'a pas à rougir de celles autour de Star Wars. Après un catastrophique (toutefois rigolo) Welcome to Raccoon City l'an dernier, c'est cette fois sur le petit écran et plus précisément sur Netflix que Resident Evil fait son retour après une campagne publicitaire plus que timide.
Welcome to New Raccoon City
La série débute avec un monologue de l'héroïne, Jade, ne laissant présager rien de bon quant à la rigidité cadavérique de la série. Après un (lourd) clin d'œil à 28 Jours plus tard, la série nous laisse découvrir à quelle sauce nous allons être mangé. La série, n'ayant pas appris des erreurs de la première saison de The Witcher, décide de couper sa narration sur deux temporalités : 2022 et 2036. Là première nous fait retrouver une Jade adolescente emménageant à New Raccoon City avec sa sœur jumelle Billie et son père… Albert Wesker. Je vous laisse digérer l'information en abordant la seconde, 2036, où l'on suit les aventures de Jade en 2036 après l'apocalypse zombie classique de... tout sauf Resident Evil ?
Bi(polaire)ohazard: Resident Evil
La série s'embourbe fortement en alternant de manière incessante entre ces deux époques, ne laissant pas le temps au spectateur de s'impliquer dans les événements dépeint. Dans ses pires moments, Resident Evil fait deux voir trois aller-retour sur seulement quelques minutes. Cela rend le rythme complétement haché (relisez le dernier mot et aller vous laver la bouche avec du savon) en plus de ne pas remplir son rôle scénaristique. Un flashback est souvent utilisé pour répondre à une problématique ou une thématique du présent (Lost excelle dans le domaine par exemple), ce n'est que rarement le cas ici et on se retrouve balloté entre deux époques sans vraiment que cela ai du sens. On pourrait imager en disant que la série a muté en deux part distinct, mais on n'est plus face à un cas de Plagas bien virulent tant l'une des deux temporalité vient parasiter l'autre de sa médiocrité.
2036 est la temporalité garante de l'action et du pire de la série. Les enjeux narratifs y sont faibles et on enchaîne les péripéties sans queue ni tête dans des scènes d'action parfois réussie, parfois non (dépendant du temps de sommeil de ces pauvres infographistes). Resident Evil n'ayant jamais dépeint d'apocalypse mondiale, on se demande pourquoi la série force à ce point pour en intégrer une alors qu'elle n'a rien à proposer dans le récit. D'autant plus que l'autre temporalité, elle, à des choses à proposer.
Pas de fenêtre à traverser cette fois
Nous sommes des sœurs jumelles
Evacuons le sujet tout de suite : Oui, Albert Wesker est joué par le génial Lance Riddick qui n'est pas de la même ethnie que Wesker dans les jeux et ce n'est pas grave ! L'acteur propose sûrement la meilleure interprétation de la série. Maintenant que cela est fait, on peut s'étonner de voir un Albert Wesker, père de famille monoparentale et possédant un petit chien, certes. Mais rangez vos tweets pleins de virulence, ce n'est pas poli d'interrompre quelqu'un qui n'a pas fini de parler. Car oui, cet élément d'intrigue est exactement là pour cette raison, faire se questionner les fans et surprendre les profanes.
Les deux sœurs au centre de l'intrigue sont, malheureusement, peu intéressante, nous emmenant dans des intrigues de lycée assez peu convaincantes. Si on devait comparer salement, on est assez loin de personnages comme Jinx et Vi dans la série Arcane qui se rapproche pourtant du type de relation qu'elles entretiennent. Une occasion manquée en sachant que Resident Evil (les jeux) parlent souvent d'histoire de famille.
La sœur jumelle de Jade Wesker possède un style inspiré de Billie Eilish, est introduite avec une chanson de Billie Eilish (Oxytocin) et s'appelle…Billie, cocasse.
Une adaptation curieusement fidèle
Resident Evil est plus fidèle qu'il n'y paraît et intègre quelques éléments des jeux à son intrigue pour créer le mystère et c'est la meilleure partie de la série. Sans être parfaite, la timeline 2022 sait intriguer le spectateur sur les secrets des jumelles Wesker et de leur père. On y est souvent surpris et l'envie de voir la suite pointe le bout de son nez. De plus, l'utilisation du lore de Resident Evil est utilisé de manière intelligente sans trop tomber dans le fan service pur et dur (contrairement à 2033 !). Une vraie bonne surprise dans une adaptation qui faisait peur malgré elle jusque-là.
Au revoir les manoirs, bonjour les plages
Côté direction artistique, c'est le néant. La production ne dispose pas de fonds illimité et cela se sent. La série se limite à quelques laboratoires classiques et à des plages (Douvres et Calais majoritairement). On ne retrouve à aucun moment l'ambiance claustrophobique des jeux, encore moins le côté Victorien du Manoir Spencer ou du commissariat de Raccoon City. C'est peut-être la plus grande faute de goût de la série qui patauge dans l'imagerie post-apocalyptique vue et revue au cinéma et dans la fade vision faussement futuriste fait de blanc immaculé. Dommage.
De l'espoir pour la suite ?
Après la mort cérébrale qu'était la saga de Paul WS Anderson et le très rigolo Welcome to Raccoon City, il y a du bon à retirer de cette série Resident Evil. La série nous amenant à penser qu'une saison 2 est prévue, on ne peut qu'espérer qu'elle règle ses nombreux problèmes, met à profit ses qualités et mute vers une adaptation digne d'être regardée sans être un plaisir coupable. Pour terminer, soyons honnête deux minutes, Resident Evil (le jeu) a toujours été un "nanar" en termes de scénario. Si une adaptation 100 % fidèle voyait le jour, elle serait à classer tout autant dans la série Z que ses aînées, en plus d'être une redite des jeux, ce qui est peu intéressant.