Comment Monster Hunter a-t-il conquis L'Occident ?
En 2004 sort un nouveau jeu estampillé Capcom sur Playstation 2. Chouette ! Un nouveau jeu de combat, de versus, de baston ? Et bien non. Au début des années 2000, la firme japonaise s'est lancée dans tout autre chose. Laissez-moi vous raconter la petite histoire de la sortie de la nouvelle licence Capcom : Monster Hunter.
Boss Rush X Animal Crossing
Le concept de Monster Hunter
Dans Monster Hunter, on joue un chasseur personnalisable qui repousse les monstres pour protéger son village. Le but est d'utiliser les parties des monstres vaincus pour se faire un puissant arsenal. Un jeu n'a jamais aussi bien porté son nom : ce sont de véritables monstres que vous affrontez. Des créatures extraordinaires comme des dragons, des reptiles aquatiques et autres bêtes indescriptibles... Voici donc quelques images des bestioles que vous croiserez en jouant à cette saga.
[metaslider id=36228]Ces chefs d’œuvres de design sont vos principaux ennemis. Le village est, lui, le hub principal dans lequel vous préparez votre chasse. Se faire une sacoche avec les objets essentiels pour survivre, passer à la cantine pour avoir des bonus ou encore changer d'armes... Un affrontement se prépare toujours d'autant plus que chaque monstre est unique avec son propre pattern, ses faiblesses et ses forces. Vient ensuite la traque et enfin l'affrontement, qui peut parfois prendre plusieurs dizaines de minutes avant de venir au bout de la bête. La barre de vie du monstre n'est pas affichée, il faut observer la créature pour voir si elle est faible ou non.
Une inspiration très originale
Mais alors ? Où est la similitude avec Animal Crossing ? Dans un récent article de Polygon qui retrace l'histoire de la série Capcom vs SNK, la série est abordée plusieurs fois. Akira Yasuda (ex-character designer sur Street Fighter notamment) y parle de la création de Monster Hunter et de l'inspiration de Noritaka Funamizu le producteur exécutif du premier épisode.
"[…] Funamizu était aussi un grand fan d’Animal Crossing, donc je pense qu’il voulait faire quelque chose de similaire, ce qui d’une manière ou d’une autre finit par se transformer en Monster Hunter."
Et finalement ça fait sens. Au fur et à mesure de l'aventure, on développe sa petite chambre à aménager, les missions permettent de débloquer de nouveaux services dans le village, etc... On y trouve la collecte d'insectes et la pêche ainsi que quelques grosses créatures à tabasser. Une vision Capcom/Baston de l'univers tout chatoyant de Nintendo.
Un succès japonais
Après le premier opus sur Playstation 2, une extension sort mais se vend moins bien, le deuxième épisode sort également sur la console de Sony. Puis, changement total : Monster Hunter incorpore le multijoueur dans sa formule. Il est maintenant possible de traquer les monstres en groupe, jusqu'à 4 maximum. Quoi de mieux pour le multi local que la PSP ?
Ainsi, avec la sortie de Monster Hunter Freedom Unite (Monster Hunter 2nd G au Japon), le phénomène explose vraiment. Il est la version ultime du jeu sorti précédemment sur la même console. Le jeu démarre à plus de 800 000 exemplaires, provoquant ainsi de nouveaux records. Il est tout simplement l'un des jeux les plus vendus sur PSP.
Le titre constitue ainsi la meilleure vente de l'année 2008 au Japon, une performance qui était monopolisée par Nintendo depuis trois ans. Grâce à la version The Best, réédition du jeu à petit prix, le titre de Capcom va continuer à se vendre tout au long de l'année 2009 et reste ainsi la meilleure vente de la console durant cette année. Plusieurs millions d'exemplaires s'écoulent et la saga se fait une place aux côtés des plus grands noms du jeu vidéo comme Dragon Quest et Final Fantasy.
La saga devient alors l'un des plus gros phénomènes de l'histoire du jeu vidéo au Japon. Les métros se retrouvent bondés de personnes qui jouent à leur PSP et un grand nombre de produits dérivés apparaissent. Au Japon, on y joue tout le temps et partout. En Europe, le noyau de fan est dur mais il rassemble peu. Mon hypothèse est que les marchés européens et américains n'étaient pas aussi férus de consoles portables que les Japonais chez qui elles sont souvent privilégiées.
Le Saint-Online et début de la hype
La suite de la saga, c'est Nintendo qui en a eu l'exclusivité avec la sortie de Monster Hunter Tri sur Wii, le premier jeu à avoir un online plus facile d'accès. Permettant de jouer avec les joueurs du monde entier, l'épisode ajoute également des combats aquatiques, une feature qui ne concernera malheureusement que cet opus. Bien que l'épisode reçoive un bon accueil, le manque de monstres se fait sentir : seulement 18, ce qui est peu pour un épisode de cette envergure.Viennent ensuite les épisodes 3DS qui permettent à l'Europe de jouer à la version ultime de Monster Hunter Tri et du quatrième opus avec toutes les dernières mises à jour. Le online sur la 3DS maintenant optimisé, il permet à tous de jouer et de demander de l'aide s'ils bloquent sur un monstre.
La saga débarque également sur PC avec un MMORPG et vise d'autres marchés comme le montre Monster Hunter Online, sorti sur PC exclusivement en Chine. On est encore bien loin de l'Europe. Capcom a tout tenté : pub, édition "Essentials" à 9 euros pour le jeu PSP et campagne dans le métro parisien pour MH3U, rien n'y fait. Nous n'étions pas prêts.
Une licence chronophage
Comment expliquer la quasi-absence de hype en Europe pour Monster Hunter ? Tout d'abord il s'agit d'un jeu riche qui demande de l'investissement. Comprendre toutes les mécaniques peut prendre du temps et la pédagogie de la plupart des opus n'est pas au point. Les menus sont à rallonge et c'est un exploit de trouver le tutoriel qu'on cherche. Enfin, finir un Monster hunter est difficile, surtout en solo où les monstres de fin sont de véritables démons qui peuvent balayer notre petit avatar en un coup si on ne se prépare pas.
Farmer les matériaux est un véritable enfer car les pioches et filets qui permettent de réaliser les actions se cassent très vite et il faut sans cesse les renouveler... Frustrant et pénible malgré tout l'amour que je porte au jeu. Très chronophage, la maitrise de chaque type d'arme peut prendre des heures et des heures. Cet investissement peut rebuter les nouveaux joueurs et je les comprends.
Monster Hunter World l'élu
C'est alors qu'arriva l'élu... Monster Hunter World ! Un opus qui sort sur PS4, Xbox One et PC. Cet épisode bat tous les records. Aujourd'hui, il s'agit tout simplement du jeu le plus vendu chez Capcom. Un contenu titanesque, des mondes ouverts sans zone de chargement, un farming optimisé, des armes remaniées et des mouvements beaucoup plus fluides. Ces qualités couplées à la puissance des consoles PS4 et Xbox One et du sacro-saint PC en font un jeu exceptionnel.
La force de Monster Hunter se trouve dans son suivi. World a reçu une extension exceptionnelle en 2019 intitulé Iceborne. Malgré son prix coûteux, elle rajoute beaucoup de choses et est indispensable pour profiter du dernier opus de la saga. En plus de cela, les évènements se suivent et rajoutent sans cesse du contenu. L'un des symboles du rapprochement avec la culture occidentale est, notamment, le cross over avec The Witcher ! Bref, la fièvre de la chasse aux monstres s'est emparé de nos contrées et elle n'est pas prête de s'arrêter.
"Rise my young apprentice"
Vous vous souvenez de ma petite hypothèse sur les consoles portables ? Avec la Switch, la vision des distributeurs de jeux a changé et bientôt ce seront nos métros qui seront remplis de joueur de MH !
Maintenant, que peut-on attendre de Monster Hunter Rise ? World a déjà tant fait... Pourtant, pas question de se reposer sur ses lauriers. J'espère renouer avec un ton plus léger propre à la série, à un design des armes moins austères et à de nouvelles mécaniques encore plus inventives.
N'hésitez pas à vous lancer. Tant de tutoriels et autres listes de conseils sont disponibles sur le net. Comptez sur moi pour vous en fournir dès la sortie du petit dernier opus de la série !