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Niveaux.org : la signalétique qui concurrence PEGI ?

Sommaire

Un article publié sur le site de l'AFJV (l'Agence Française pour le Jeu Vidéo) fait mention d'une nouvelle signalétique pouvant classifier le jeu vidéo en fonction de son contenu. Cette nouvelle classification, baptisée Niveaux.org, a été homologuée ce mois-ci par le ministère de l'intérieur, il s'agit d'une démarche assez inédite. En effet, auparavant, seule l'initiative européenne PEGI était reconnue et homologuée en France pour informer le consommateur sur le contenu des jeux. Sa parution initiée par David Libeau, gamedesigner indépendant, arrive avec un documentaire sur l'industrie vidéoludique, réalisé également par ce dernier. Pourquoi cette nouvelle signalétique a vu le jour, le système PEGI sera t-il remplacé ? Nous vous proposons quelques réponses et pistes de réflexion.

Niveaux.org le nouveau PEGI ?

Comment est né Niveaux.org ?

David Libeau est l'auteur d'un jeu Delphinarium, réalisé dans le cadre de ses études. Ce qui fait aux yeux de la loi française, un auto-éditeur, et donc, un professionnel du secteur du jeu vidéo. La loi dit que tout citoyen, professionnel du marché du JV est en droit de faire une demande d'homologation pour une signalétique sur les jeux vidéo. Cette démarche, soumise au ministère de l'intérieur a été étudiée, puis validée car elle respecte totalement la législation en vigueur. En résumé, l'arrivée de Niveaux.org provient de la simple initiative d'un développeur indépendant et a été réalisée dans le but de démontrer deux choses : Les failles d'un système de classification qui peut être initiée par tout intervenant ayant le moindre orteil posé dans l'industrie, donc régulée elle-même par ses propres représentants. Mais aussi sensibiliser davantage les joueurs, les législateurs et membres de l'industrie sur l'encadrement à apporter à ce média.

Un documentaire d'une durée de 55 minutes, accompagnant cette nouvelle signalétique permet de s'intéresser à ces différents sujets et surtout de soulever des réflexions et des débats. A première vue, le documentaire présente un aspect anxiogène vis à vis du média et de l'industrie en général. Néanmoins le débat a un véritable besoin d'être posé avec sérieux.

Visionnez le documentaire sur ce lien, ou bien sur l'article paru sur le site de l'AFJV

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Les faiblesses de PEGI ?

Une classification indépendante mais auto-régulée

L'auteur du documentaire attire notre attention sur plusieurs aspects. Premièrement, le fait qu'aucun organisme en France ne réalise d'audit de contrôle sur l'initiative PEGI. Le ministère de l'intérieur ne fait qu'homologuer une demande qui lui parait respecter la législation, mais ne contrôle pas les travaux que réalise l'entité qui propose une signalétique. Elle s'auto-régule.

Nous n'affirmons en aucun cas que l'évaluation réalisée par PEGI est biaisée, mais ce que le documentaire souligne c'est qu'il n'y a aucun moyen de le savoir, si ce n'est en se fiant à la bonne foi des intervenants qui ont rejoint le système PEGI, c'est à dire les principaux éditeurs et acteurs du Lobby du jeu vidéo. L'octroi de pictogrammes sur le contenu des jeux est appliqué après description de l'auteur ou de l'ayant droit d'un jeu. Il est ensuite, en théorie, vérifié par une personne membre de PEGI et adopté. Néanmoins des erreurs peuvent subsister. Des jeux peuvent être sous évalués sur leur contenu (violence, contenu in-game payant, etc...) ou bien sur évalué (présence du pictogramme "Jeux de hasard" sur la boite de Watch Dogs, alors qu'il n'y en a quasiment pas dans le jeu final, par exemple).

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Un substitut à la loi ?

L'une des pistes de réflexion qu'aborde le documentaire, c'est l'utilisation de PEGI comme un garde fou sur le contenu des jeux, au détriment d'une véritable réponse légale de la part des Etats vis à vis de la régulation de l'industrie. Car il ne s'agit pas que d'un problème de contenu violent ou non. Le paysage vidéoludique et devenu très complexe depuis ces dernières années, et il est en constante évolution. Il s'agit notamment d'être vigilant face aux questions des micro-transactions, des Lootboxes et de la collecte des données réalisée par les éditeurs sur les joueurs. En ce sens il est bien entendu nécessaire d'avoir des signalétiques claires pour les consommateurs, mais avertir les joueurs et les parents n'est pas une garantie suffisante pour les protéger de certaines pratiques. Chacun est libre de son opinion sur la question, mais certains intervenants interrogés dans le reportage soulignent que plus un organisme comme PEGI a du poids dans l'industrie, moins on estimera nécessaire d'encadrer le média via d'autres outils, comme la loi. Certains pays comme la Belgique ont déjà pris le taureau par les cornes en décidant d'interdire la présence de lootboxes dans les jeux vidéo commercialisés sur leur territoire.

PEGI Ratings : une application pour choisir un jeu vidéo adapté ...

D'un autre côté, on peut également se dire que ni la législation, ni la signalétique ne doivent remplacer la vigilance des parents, pour les joueurs mineurs, ou des joueurs eux même. Faut-il penser que la classification des jeux selon le contenu est inutile ? Non, un encadrement est toujours nécessaire, comme pour tout produit de divertissement ou de consommation. En réalité, le documentaire dit simplement que chacun doit prendre part au débat, que tout le monde y gagne par le dialogue, autant les joueurs, les parents, que la législation des pays et les organismes de signalétiques (d'Europe comme d'ailleurs). 

Et la santé dans tout ça ?

Ne faisons pas d'amalgame ! Bien qu'il ne faille pas nier l'existence des micro-transactions et l'usage de lootboxes, cela ne concerne pas l'intégralité du paysage vidéoludique. Parlant de signalétique sur le jeu vidéo, l'auteur du reportage s'attarde sur la nécessité d'avertir sur les risques d'usages excessifs du jeu vidéo, rendus plus présents qu'auparavant du fait de mécanismes de jeux de plus en plus prenants notamment dans les free-to-play. Encore une fois, il ne faut pas se laisser emporter par le ton du documentaire, tous les jeux n'ont pas volonté d'aliéner le joueur, n'occultons pas la présence de telles pratiques, mais ne cédons pas à la panique. La notion "d'addiction" au jeu vidéo évoquée par un Psychologue (Joël Billieux, Professeur de Psychologie clinique à l'université de Lausanne) ayant collaboré avec l'OMS sur l'élaboration du trouble du jeu vidéo survient très tôt dans le reportage. Nous avons déjà longuement évoqué le sujet par le biais d'un dossier dédié, par bien des aspects, la classification du trouble du jeu vidéo est discutable. Nous avons eu l'occasion d'interviewer le Docteur Yann Leroux à ce sujet, également intervenant dans ce reportage. Nous ne reviendrons pas dessus sur ce présent article, nous l'avons fait en long et en large dans notre vidéo l'addiction au jeu vidéo et nous vous laissons le choix de vous réorienter vers nos précédents contenus et vous faire votre propre opinion.

Il y a cependant quelque chose d'assez intéressant qui est soulevé dans le documentaire de David Libeaul'impact de la création du trouble du jeu vidéo à l'égard de certaines pratiques jugées douteuses et aliénantes dans une certaine catégorie de jeux. On peut y trouver là un levier supplémentaire, qui s'ajoute à la législation et à la signalétique pour faire réagir les acteurs du lobby du jeu vidéo. Peut-être serait-ce là le point de départ d'une prise de conscience des gros éditeurs, qui pourraient participer au débat, faire preuve de plus de transparence sur leur collecte de données et être contraints d'user de moins de mécaniques "addictives".

Niveaux.org va-t-il remplacer PEGI ? Probablement pas, ce n'était pas son intention. La principale volonté de cette action était de jeter un pavé dans la mare, de susciter des réactions et ouvrir le débat, par cet exemple. Il n'y a pas de réponses toutes prêtes aux interrogations soulevées par l'auteur de ce documentaire, seulement une prise de conscience nécessaire.

Et vous chers lecteurs, qu'en dites-vous ? Pensez-vous qu'il soit nécessaire d'imposer des lois contraignantes sur les acteurs de l'industrie du jeu vidéo, ou bien doit-on laisser les organismes existant poursuivre leur sensibilisation ? Donnez-nous votre avis dans les commentaires, le débat est ouvert !