Resident Evil 2 (2019) - Le meilleur survival-horror de 2019 est-il sorti en 1998 ?
Après une bien sombre époque, la saga Resident Evil semblait prendre un nouveau départ avec le 7ème opus sorti en 2017. Nouvelle perspective (le FPS), une option VR ainsi qu'un retour aux sources au niveau des mécaniques de jeu et de la progression. Malgré une bonne volonté certaine, Resident Evil 7 se perdait dans son dernier tiers et devenait redondant. C'est dans ce contexte que Capcom devait continuer dans la bonne voie prise tout en apprenant des quelques erreurs retenues avec le septième opus. E3 2018, Capcom annonçait en grande pompe Resident Evil 2, remake du jeu éponyme sorti en 1998 et opus préféré de nombreux fans.
Ayant la double responsabilité d'être d'une part une œuvre respectant le matériau d'origine et d'autre part le porte étendard de l'avenir de la saga Resident Evil, RE2 porte beaucoup d'espoir sur ses épaules et n'est pas "le succès facile" que certaines personnes semblaient penser.
L'heure du verdict a sonné et un retour au commissariat de Racoon City s'impose 21 ans plus tard.
Vous pouvez vous procurer Resident Evil 2 sur [amazon_textlink asin='B07JB5WG5L' text='Amazon' template='ProductLink' store='jeuvide07-21' marketplace='FR' link_id='1cc8cf76-e111-4eb3-998d-be23c2cc53a7'] !
aucun zombie n'a été maltraité lors de la rédaction de ce test
First day on the job
Le jeu propose d'incarner au choix Leon Scott Kennedy ou Claire Redfield au lancement de la partie. L'un, jeune rookie se rendant à son premier jour de service au sein de la police de Racoon, a perdu contact avec ses collègues en ville. L'autre est partie à la recherche de son frère disparu (ainsi que héros du premier jeu). Ils se rencontreront dans une station service non loin de la ville, mais, après une arrivée en grande pompe des zombies qui infestent la région, notre duo se retrouvera séparé et vivra des aventures parallèles dans et autour du commissariat.
Resident Evil 2 reprend la structure narrative du jeu original avec son système de campagne. Terminer la campagne avec un personnage débloquera une campagne bis avec l'autre et vice-versa. La campagne bis, une fois terminée donnera accès au véritable boss de fin ainsi qu'à la conclusion du jeu.
Si ce système apportait une véritable rejouabilité au titre de 1998, ce n'est plus le cas dans cette version 2019. En effet, devoir refaire 80% des actions réalisées précédemment pour accéder à 20% de contenu original pourra en lasser plus d'un. De plus, la cohérence des deux récits est souvent mise à mal et on se demandera souvent "pourquoi diable Leon a-t-il refermé toutes les portes derrière lui?!". De plus, il vous faudra refaire les boss lors du scénario bis, logiquement déjà tombés sous les coups de votre première partie, illogique! Couplé à une assez courte durée de vie, on regrettera une certaine frilosité de la part de Capcom à apporter du changement à ce niveau qui aurait été bienvenue.
Coté scénaristique, on notera l'ajout de courtes phases où l'on incarne deux autres personnages disposant de leurs propres features de gameplay. Si l'apport est une bonne chose en soit, son intérêt narratif n'en reste que très limité.
Une ambiance sonore travaillée
Bien qu'ayant gardé son scénario à tendance "nanard" tant aimé par les fans, Resident Evil 2 se voit enjolivé de personnages plus travaillés. Les dialogues sont écrits de manière plus sérieuse (bien que nous arrachant parfois un sourire) et certains protagonistes n'auront plus le même rôle à jouer dans l'histoire. Le tout porté par un doublage soigné en VO comme en VF.
Au niveau sonore, le titre arrive à tirer son épingle du jeu. Les grognements des zombies en feront tressaillir plus d'un ainsi que le bruit caractéristique d'un crâne qui explose après y avoir mis une balle bien placée. Enfin, les pas lourds de ce cher Mister X nous feront frissonner, à tel point qu'on se demande si le bougre ne se chausserait pas en Rangers.
Pour rester dans l'audio, la nouvelle bande originale du titre, s’inscrivant dans son époque saura rester discrète et jouera sur le fait d'instaurer une ambiance plus qu'autre chose. Il sera toutefois possible de repasser sur les musiques originales, plus mélodieuses et qui, il faut l'avouer, rendent l'aventure bien plus prenante. (Il faudra toutefois dépenser 3 euros pour y avoir accès, merci Capcom!).
Le saviez-vous?
A la base, Leon arrivait en retard au commissariat de Racoon à cause d'une gueule de bois due à une rupture amoureuse peu de temps avant. Cette raison a complètement disparu de ce remake. Du gore oui, une cuite non!
Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge...
Dans la lignée amorcée par Resident Evil 7, RE2 mixe avec brio ses origines et la modernité d'un titre sorti en 2019. Passant de point de vue fixe à une caméra épaule, le jeu garde cependant le coté "tourelle" des premiers opus en incorporant le système de visée de RE7. En effet, si vous restez immobile, le réticule de visée rétrécira, le rendant plus précis. Il faudra alors rester statique pour assurer des tirs précis. Un savant mélange pour moderniser tout en gardant l'ADN de la série.
Coté progression, Resident Evil 2 reste très fidèle à l'original, clés et énigmes alambiquées seront de la partie. Au fil de vos explorations vous tomberez nez à nez avec diverses énigmes: trouver une valve pour accéder à une nouvelle pièce où vous trouverez un objet permettant de débloquer une clé vous donnant accès à une nouvelle partie du commissariat. Même si tout cela reste soft, le jeu de 1998 était, lui aussi, plus pauvre en énigmes que le premier opus. Un vent de fraîcheur (datant de 20ans) pour un genre se basant de plus en plus sur les jump scare et la linéarité.
On regrettera cependant le manque d'ambition niveau ajouts, là où le remake du premier apportait le pan de scénario de Lisa Trevor, Resident Evil 2 se contente d'une courte phase dans l'orphelinat de Racoon. Phase qui, bien que très prenante, reste toutefois trop courte et anecdotique. On notera aussi la disparition de certains ennemis, comme les araignées des égouts, un choix plutôt surprenant.
L'inventaire étant toujours limité (bien qu'améliorable) il vous faudra avoir un côté stratégique dans vos déplacements dans le commissariat et faire de l'optimisation. Cette mécanique, bien que renforçant l'immersion, garde une frustration bien réelle qui date. En effet, impossible de simplement déposer un objet pour en prendre un autre, les munitions que vous craftez ne se combinent pas à vos munitions déjà présentes. Pire, impossible de combiner des munitions trouvées avec votre arme au chargeur vide. Plutôt impensable pour un jeu moderne et qui aurait mérité un bon dépoussiérage.
Mortal (RE) Engine
Assez logiquement, Resident Evil 2 a subit une refonte complète de ses graphismes. Porté par le performant RE Engine, le titre resplendit. Le commissariat est sublime et la force de ce moteur, les lumières, nous immerge dans ses couloirs sombres et glauques. Capcom a eu, en effet, l'intelligence de plonger la plupart des décors dans l'obscurité, rendant l'utilisation de la lampe torche obligatoire. Les mouvements trop brusques avec cette torche rendront encore plus angoissant ces moments déjà empreints de stress. Le jeu reste assez beau malgré un certain effet de scintillement et un coté plutôt "lissé" de ses personnages.
Des traces du passé
Alors que l'épisode de 1998 voyait ses différents lieux séparés par des temps de chargement pour des raisons techniques, cet épisode 2019 nous permet de nous promener en toute liberté dans le commissariat. Le squelette de base du jeu se fait parfois sentir là où, auparavant, il y avait un temps de chargement. Cela se traduit par des ennemis qui arrêtent brusquement de vous suivre, un changement brusque de luminosité ou encore, si vous utilisez les musiques originales, un arrêt soudain de celles-ci.
Un avis favorable sur ce Resident Evil 2
Malgré ses défauts et un certain manque d'ambition par rapport aux matériaux d'origine, Resident Evil 2 s'impose de nouveau comme un maître du survival-horror. Les frissons et sursauts seront de la partie et parcourir le commissariat de Racoon City n'aura jamais été aussi terrifiant et plaisant à la fois. Après un Resident Evil 7 plutôt convaincant, Capcom continue sur la bonne voie, rendant ses lettres de noblesse à une saga importante du jeu vidéo qui en avait bien besoin. La suite des événements s'annonce sous de beaux jours avec un possible remake de Nemesis dans la même veine ainsi qu'un nouvel opus canon certainement très bientôt.