Captain Tsubasa : Rise of New Champions - Un splendide retourné acrobatique venu d'un autre âge
Sommaire
- Trente ans de jeux Captain Tsubasa
- Un jeu entre mirage et miracle
- Une oeuvre entre nostalgie et modernité
- Un contenu qui joue les prolongations
- À chacun sa Dream Team pour le multijoueur
- Une progression de joueur déséquilibrante
- Duels de champions
- Un football nerveux mais subtil
- Entre Versus Fighting et Action RPG
- Captain Tsubasa : Rise of New Champions: une autre vision du foot
Les joueurs l'attendaient depuis plus de dix ans, Captain Tsubasa, plus connu chez nous sous le nom d'Olive et Tom, fait son grand retour sur consoles et PC. Un nouveau match commence dans Captain Tsubasa : Rise of New Champions, reste à savoir si les coéquipiers de Tsubasa sont à la hauteur des attentes.
Trente ans de jeux Captain Tsubasa
Captain Tsubasa n'en est pas à son coup d'essai dans le jeu vidéo. Nous en avons déjà parlé, la licence compte plus d'une vingtaine de jeux répartis sur trois décennies. À son apogée, elle a connu quelques très bonnes adaptations sur super Nintendo sous la houlette de Tecmo, ainsi qu'une version PS2 plutôt convaincante en 2006. Seulement voilà, depuis un passage éclair sur DS en 2010, les fans du manga de Yoichi Takahashi on dû ronger leur frein et se rabattre sur mobile avec Captain Tsubasa: Dream Team, un jeu plutôt intéressant mais au modèle économique discutable dans la lignée des gacha à la Dragon Ball: Dokkan Battle.
Un jeu entre mirage et miracle
À la première annonce du jeu en 2019, Captain Tsubasa : Rise of New Champions a tout de suite fait parler de lui. Certains imaginaient une grosse blague, d'autres espéraient l'arrivée du Messie. Avec Namco Bandai comme éditeur, les adaptations d'anime sont d'une qualité très fluctuante, alternant l'excellent (les Naruto Ninja Storm, Dragon Ball FighterZ), le très moyen (Dragon Ball: Kakarot) et le carrément décevant (Jump Force, One Punch Man). Le choix du studio en charge du développement pouvait aussi poser question. Si Tamsoft Corporation est une entreprise présente dans l'industrie depuis bientôt trente ans, elle n'a finalement à son actif que peu de titres inoubliables (à part les Toshinden mais cela ne nous rajeunit guère).
Comme dans un match de foot, quelles que soient les forces en présence, tout peut arriver. La sortie de ce jeu, alors que la suite du manga n'est même pas publié en France, est déjà en soi un miracle. Un miracle probablement né du succès du remake de l'anime sorti en 2018. Un miracle dans une époque où il n'existe plus que deux licences de jeu de foot qui ont totalement enterré la compétition.
Une oeuvre entre nostalgie et modernité
Ce Captain Tsubasa : Rise of New Champions est un jeu d'une autre époque remis au goût du jour. Dans son contenu, le jeu est pensé pour les fans. Que vous soyez nostalgique d'Olive & Tom sur la 5 ou fan assidu du manga, vous retrouverez exactement ce qui fait le sel du foot version Takahashi. Jamais aucun jeu dédié à la série n'a cherché une telle fidélité tout en faisant preuve de créativité dans sa campagne solo.
Épisode : Tsubasa est le premier mode qui vous est proposé. Il retrace l'arc dédié au tournoi des collèges sous le maillot de la Nankatsu de Tsubasa Ozora. L'occasion de retrouver tous les antagonistes cultes du héros tels que les frères Tachibana, l'imposant Jito et l'inévitable Kojiro Hyuga (Mark Landers pour les deux du fond). Une histoire jouée et rejouée mais portée par une mise en scène exceptionnelle et des scripts que l'on peut déclencher dans chaque partie selon notre manière de jouer. Impossible de ne pas s'émouvoir du parcours de combattant de Tsubasa dans cette compétition acharnée. Votre premier "tir de la feuille morte" est également un très grand moment.
Une fois ce mode terminé, le vrai jeu commence avec l'Épisode New Hero. À la manière des modes carrière de PES et Fifa, New Hero vous propose de créer votre avatar et de choisir l'équipe du collège dans laquelle vous voulez le faire évoluer. Ce premier choix vous mènera vers une nouvelle compétition inter-collèges avant d'intégrer l'équipe du Japon et de participer à un grand tournoi international. Dans cette "mini coupe du monde", vous retrouverez des équipes bien connues des fans comme l'Allemagne de Schneider ou la France de Pierre et Napoléon mais aussi des équipes inédites créées pour l'occasion comme les mystérieux États-Unis ou les intrépides joueurs du Sénégal.
D'autres joueurs ont aussi été rajoutés aux équipes existantes comme le défenseur français Jean ou le milieu de terrain allemand Heine et bien sûr toujours plus de super techniques. Fire Shoot, Attaque Tour Eiffel, Skylab Twin Shoot sont présents aux côtés de mouvement inédits comme l'Illusion de Rabona ou le High Stinger Shoot.
Un contenu qui joue les prolongations
Grâce à un système d'épreuves, de choix et de liens d'amitié, vous pourrez influer sur l'évolution non seulement de votre personnage mais aussi de la compétition. Si le tournoi présente un scénario complètement inédit, il ne trahit jamais l'esprit de l'œuvre originale et vous reconnaîtrez sans peine les multiples allusions au tournoi de Paris présent dans le manga. Les matchs sont spectaculaires, les supertirs défient toutes les lois de la gravité et les gardiens déploient des parades inhumaines. En plus des trois clubs proposés en début de partie, trois issues différentes sont possibles dans le tournoi avec de multiples événements optionnels à activer.
Chaque partie vous permettra de débloquer plusieurs équipes ainsi que les joueurs correspondants. Et si vous voulez développer le joueur parfait, avec les meilleures stats et les techniques les plus spectaculaires, comptez facilement plusieurs dizaines d'heures de jeu.
À chacun sa Dream Team pour le multijoueur
Un jeu de football n'en serait pas un sans son mode multijoueur. Dans Captain Tsubasa : Rise of New Champions (RONC pour les intimes) il est possible de jouer jusqu'à quatre en local. Soit avec quatre manettes soit chacun sur sa switch connectée à une salle commune. Le jeu propose soit des matchs, soit des séances de tirs au but (option aussi vintage que complètement ratée), soit d'organiser un tournoi personnalisé.
Coté online, vous pouvez lancer un match immédiat ou prendre part à un système de division avec une dream team composée par vos soins, tant dans les couleurs que dans la composition. Pour éviter d'avoir des équipes trop fortes dès le début, votre équipe est soumise à un système de points. Dans la division de départ, votre équipe vaut 1100 points. Chaque joueur "coûte" un certain nombre de points, de moins de 30 à plus de 150, il faudra donc réfléchir à la composition la plus optimale pour être compétitif sans pour autant dépasser votre total de points. Chaque match vous rapportera des point d'expériences mais aussi des cartes objets et des cartes joueurs. À la manière d'un mode FUT de Fifa ? Pas vraiment.
Une progression de joueur déséquilibrante
Tout au long des différents modes de jeu, vous allez récupérer des points de jeu. Ces points pourront être dépensés dans une boutique in-game pour acheter des packs de cartes. Ces cartes ne permettent pas de recruter des joueurs mais vous permettent de développer plus facilement vos liens d'amitié dans le mode New Hero. Liens essentiels si tous désirez "piquer" les techniques phares d'un joueur. De la même manière, les cartes objets vous permettent d'utiliser des items dans le mode New Hero pour améliorer temporairement vos stats ou d'autres capacités passives. Vous pourrez ainsi développer plus facilement le joueur parfait, que vous intégrerez ensuite dans votre Dream Team online.
La boucle est bouclée. Tout est pensé pour encourager au maximum le grind et la rejouabilité. Une idée intéressante mais qui produit forcément un déséquilibre entre les joueurs. Ceux qui ne souhaitent pas recommencer plusieurs fois le mode et misent tout sur le PvP online n'auront pas forcément accès aux joueurs de toutes les équipes (comme le Brésil notamment) et ne pourront pas inclure plusieurs joueurs personnalisés à leur équipe.
Duels de champions
Mais, sur le terrain, y a-t-il vraiment matière à rejouer encore et encore mon cher Bixente (Lizarazu) ? Eh bien, la réponse à cette question est plutôt complexe mon cher Grégoire (Margotton). Dans un match de Captain Tsubasa RONC, vous disposez de deux mi-temps de trente minutes pour venir à bout de vos adversaires. Comme dans tout jeu de foot, vous pouvez bien sûr courir, dribbler, passer, tirer ou encore tacler, mais les affrontements sont réellement rythmés par les duels. Vos joueurs disposent d'une barre d'endurance qui se vide au fur à mesure mais se remplit quand vous gagnez une série de duels avec les défenseurs. Ainsi s'il est possible de contourner les défenseurs, l'affrontement est encouragé.
Chaque personnage dispose de deux touches de dribble et de deux touches de défense. Dans la plupart des cas, si le défenseur adverse choisit la même touche que vous, votre action sera stoppée. Dans le cas contraire, vous passerez. Une fois devant le but, vous devrez remplir une jauge pour armer un tir spécial. Chaque tir fait diminuer la barre d'endurance du gardien et plus vous tirez, plus vos chances de marquer augmentent. Les affrontements sont nerveux, le jeu est rapide et les tirs sont à la fois faciles à déclencher et terriblement spectaculaires. Même les dribbles et les tacles bénéficient d'animations franchement classes.
Un football nerveux mais subtil
Malgré tout, le jeu est plus subtil qu'il ne laisse paraître de prime abord. Ces règles sont les bases du foot made in Tsubasa mais comportent pas mal d'exceptions. Des variables d'abord physiques en fonction de la distance ou l'angle de votre tir. Puis il y a la V-Zone, une jauge qui se remplit à chaque fois que vous réussissez un dribble, un tacle, un tir ou une interception. Une fois activée, la V-Zone fait remonter l'endurance des joueurs, booste une partie de leurs stats et vous donnent d'autres bonus en fonction des compétences de votre capitaine. Avec un bon timing, le V-Zone peut vraiment faire basculer un match.
La dernière variable à prendre en compte concerne justement les compétences des joueurs. En plus de statistiques de défense/attaque/puissance/technique/vitesse et de techniques spéciales, chaque joueur possède des compétences passives qui lui procurent des bonus de circonstances. Ces compétences peuvent être liées à la présence d'un coéquipier précis sur le terrain, au fait d'être mené au score, d'entrer en cours de jeu ou d'être face à un adversaire puissant. Un joueur connaissant parfaitement les techniques spéciales et les compétences passives de chaque footballeur pourra ainsi composer une équipe talentueuse et dotée d'une synergie parfaite. Encore une fois, ce n'est qu'en ponçant le mode New Hero que vous serez plus à même de décortiquer toutes ces capacités.
Entre Versus Fighting et Action RPG
Vous l'aurez donc compris. Les matches de Captain Tsubasa sont beaucoup plus proches d'un mélange de jeu de baston et d'action RPG que d'une vraie simulation de football. La physique de la balle est quasi inexistante et les arbitres sont aux abonnés absents. Les seules fautes sifflées sont les hors-jeu. Ceux qui ne jurent que par la construction pure d'actions de jeu ou par le PvP trouveront rapidement les matchs répétitifs. Les amoureux de la saga et les fans d'optimisation statistiques seront par contre aux anges. Pour l'optimisation technique par contre on repassera.
À l'heure actuelle, des multiples petits bugs viennent ponctuer les matchs au niveau des collision et des courses de certains joueur. La version PC souffre de freeze et ralentissements et la mouture Switch peine à atteindre le 30 fps avec des petits effets de flou un peu disgracieux. La version PS4 semble être pour le moment l'option à privilégier.
Captain Tsubasa : Rise of New Champions: une autre vision du foot
Captain Tsubasa : Rise of New Champions n'est donc pas un concurrent pour Fifa et PES mais il représente une alternative intéressante si vous cherchez un jeu de football différent. Plus narratif, plus spectaculaire et avec une boucle de gameplay aux antipodes des simulations de football actuelles. Pour les fans du matériau original, ce Captain Tsubasa est simplement incontournable. Proche du manga, audacieux dans son approche et respectueux de l'héritage vidéoludique qu'il perpétue. Le jeu est aussi généreux et maladroit que l'œuvre dont il est issu, avec ses personnages aux membres disproportionnés et ses personnages féminins écrits sans génie.
Captain Tsubasa RONC est un jeu d'une autre époque, une sorte de capsule temporelle qui rappelle à la fois les expérimentations footballistiques de l'époque PS1/PS2 (Libero Grande, Red Card, Soccer Slam) les jeux de foot RPG de l'époque Tecmo et un manga encore totalement ancré dans une narration et un football des années 90. Seuls les graphismes et la modernité du mode New Hero en font un produit de notre temps. Le football de ce titre est épique, insensé, déroutant le tout dans une incohérence parfaitement structurée. Il fait partie de ces jeux dont les défauts apparents sont des marques d'authenticité et d'identité, comme les balafres sur le visage d'un Albator ou d'un Luffy.